Les crèches d’entreprise restent rares en Belgique : "Il n'y a pas un modèle qui est arrêté car c'est assez compliqué"
Très peu d’entreprises ont à ce stade décidé de sauter le pas en créant dans leurs murs une crèche "maison" destinée à accueillir les enfants en bas âge de leurs salariés.
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Publié le 05-12-2022 à 09h40
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À ce stade, tant en Wallonie qu’à Bruxelles, les exemples se comptent sur les doigts de la main. Du côté des entreprises, il y a notamment la société de services financiers Swift basée à La Hulpe ou encore la RTBF et la VRT à Schaerbeek. Il y a aussi quelques cas dans le secteur hospitalier (Erasme) ou universitaire (KU Leuven). Il faut dire qu’une "taille critique" s’impose pour pouvoir assumer la mise en place d’une telle infrastructure qui doit répondre à des normes sanitaires, de santé et de sécurité très strictes.
Se constituer en ASBL
Pourtant, depuis une réforme de l’accueil de la petite enfance qui date de 2020, certains changements rendent une telle démarche un peu plus facile qu’auparavant dans le chef des employeurs. Une entreprise a ainsi la capacité de se constituer en ASBL et la possibilité, à l’image d’une commune, d’introduire un projet dans le cadre du Plan cigogne afin de pouvoir être subsidiée et agréée par l’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE). Elle pourra alors donner priorité aux enfants de son personnel mais pas de manière exclusive. Quant aux parents, ils paieront le tarif ONE, calculé en fonction du niveau de salaire. Autre possibilité pour un employeur : se constituer en crèche purement "privée" sans subsides et en dehors du Plan cigogne. Les parents paient alors en fonction de ce que le milieu d’accueil décide.
Appel à projets
Les entreprises pourraient-elles contribuer à résoudre la problématique de pénurie de places dans les crèches ? "Dans un monde idéal, la philosophie est la suivante : un enfant en bas âge doit être égal à une place d'accueil même si tous les enfants n'ont pas besoin d'une place d'accueil. C'est un droit de l'enfant, que les parents travaillent ou pas. Aujourd'hui, le taux de couverture (NdlR : le rapport entre le nombre d'enfants qui ont entre 0 et deux ans et demi et l'offre d'accueil) se situe par exemple dans le Brabant wallon à un niveau assez élevé de plus de 50 % mais il reste cependant insuffisant. Les provinces de Liège et du Hainaut sont, elles, un peu à la traîne, ce qui explique que davantage de futures places d'accueil y seront créées. Plusieurs choses sont en train de se mettre en place dont le cadre du Plan cigogne", explique Sylvie Anzalone, porte-parole de l'ONE.
Concrètement, le futur Plan cigogne va créer un peu plus de 5 200 places (plus de 2 000 sur Bruxelles et de l'ordre de 3 000 sur la Région wallonne) et cela à l'horizon 2025. Un appel à projets a été lancé. Depuis le 1er novembre, l'ONE réceptionne ces projets. Viendront ensuite l'analyse et les études de faisabilité.
"Une preuve de modernité"
Et donc dans ce contexte de pénurie de places, quid de l'intérêt des crèches d'entreprises ? "Il n'y a pas un modèle qui est arrêté car c'est assez compliqué. Il y a une réflexion qui se fait aujourd'hui mais qui n'est pas encore aboutie. Une entreprise qui facilite l'accueil des enfants de ses travailleurs, c'est en tant que tel évidemment quelque chose d'intéressant. Si vous devez faire une heure supplémentaire, les horaires de la crèche de votre employeur peuvent s'adapter. Cela facilite certaines choses. Cependant cela pose aussi d'autres questions primordiales : quid en cas de perte de son travail ? La perte de mixité sociale peut aussi s'avérer problématique ou encore le risque de voir l'employeur exiger toujours davantage de flexibilité à son personnel en contrepartie de la flexibilité accordée au niveau des horaires de la crèche."
La RTBF fait partie de ses rares employeurs à disposer d'une crèche et cela depuis 1980. D'une capacité de 55 places, dont 49 réservées au personnel sous contrat avec la RTBF, la Baby Media a d'ailleurs investi un tout nouveau bâtiment, inauguré en 2021, dans le cadre du projet de redéploiement immobilier des médias de service public. La RTBF, au travers de ses œuvres sociales, prend en charge 30 % du budget de la crèche. Le reste provient notamment de l'ONE, de Maribel ou du Fonds social européen. "Dans le monde actuel avec l'évolution des attentes des jeunes générations et la volonté d'assurer un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, ce type de crèche d'entreprise répond à un réel besoin. Cela permet de créer, via cette crèche, des liens entre collègues qui ne travaillent pas dans le même département et participe de la fidélisation à l'entreprise. En dehors d'être un lieu proche de son travail, l'approche pédagogique est également moderne et appréciée des parents qui ont confiance dans le personnel. Cette crèche, c'est une preuve de modernité et d'anticipation", explique Axelle Pollet, porte-parole de la RTBF.