La dette plombe le budget : les intérêts devraient s’alourdir de 4 milliards d’euros d'ici 2025
L’agence fédérale de la dette, pour la Libre, esquisse l’état de notre endettement jusque 2025
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Publié le 14-12-2022 à 12h46 - Mis à jour le 14-12-2022 à 13h08
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Politiquement, la Vivaldi éprouve beaucoup de difficultés avec le projet de budget 2023. La démission de l’ancienne secrétaire d’Etat au Budget Eva De Bleeker (Open VLD) colle aux basques du Premier ministre Alexander De Croo, qui a dû s’expliquer à la Chambre sur des échanges whatsapp à la Chambre entre son cabinet et celui d’Eva De Bleeker. Mais les chiffres font mal aux finances publiques, surtout. La Cour des comptes avait déjà tiré la sonnette d’alarme il y a deux semaines sur l’effet grandissant de notre dette publique en 2023, mais l’agence fédérale de la dette, contactée, nous donne une vue à moyen terme, jusque 2025, qui n’est guère encourageante non plus. La situation est telle que les besoins de financement de la Belgique, qui servent à honorer ses engagements, ses dépenses courantes, etc., seront de 51,07 milliards en 2023. Ce sont 2,5 milliards de plus qu’en 2022 (48,49 milliards attendus).
87 milliards d’euros de dette supplémentaire
La dette est plus que préoccupante. Ce qui est ennuyeux car l’inflation, très élevée, en érode automatiquement sa valeur. Exprimée en pourcentage du PIB (qui augmente donc très fort en raison de cette inflation élevée), le taux d’endettement public grimpe malgré tout ces prochaines années. Il serait de 105 % à 106 % du PIB en 2022 selon les estimations, mais surtout refranchirait la barre des 110 % du PIB en 2025. En espèces sonnantes et trébuchantes, cela donne quoi ? D’après les projections du Bureau fédéral du Plan en termes de PIB, la dette publique serait donc de 583 milliards d’euros en fin d’année, et de 670 milliards d’euros en 2025, en valeur nominale. 87 milliards de plus en 3 ans, malgré l’érosion par l’inflation, ce n’est pas mal…
Taux d’intérêt en hausse
Cette dette publique croissante, qui concerne donc les entités 1 (Etat fédéral) et 2 (les Régions), a évidemment un effet sur la charge de la dette, qui va elle aussi croissant. D’autant plus que l’agence fédérale de la dette table sur des taux d’intérêt en hausse. Ainsi, pour les taux à 10 ans, soit une maturité classique de dette, l’agence table sur un taux d’intérêt de 1,79 % en 2022 et de… 3,46 % en 2025. Même tendance haussière pour les taux à court terme (maturité de 3 mois) : le taux d’intérêt grimpe pour cette échéance de -0,02 % en 2022 à 2,03 % en 2025, sur la base d’estimations réalisées en septembre. Résultat des courses : l’effet boule de neige mis en évidence par la Cour des Comptes fin novembre est bien réel. La charge d’intérêts augmente sensiblement : de 1,23 % du PIB en 2022 à 1,78 % du PIB en 2025. Ce n’est en soi pas dramatique, car la dette a été plutôt bien gérée ces dernières années : l’agence a fait en sorte d’allonger la maturité des dettes (à plus de 10 ans en moyenne), de sorte qu’une hausse des taux d’intérêt ne se fait pas immédiatement ressentir sur le remboursement de la dette par la Belgique.
Il n’empêche que cette charge de dette augmente bel et bien. En 4 ans, de 2022 à 2025, l’agence fédérale de la dette estime qu’elle passerait de 6,82 milliards en 2022 à 10,79 milliards d’euros en 2025. Soit 4 milliards de plus qui plombent le budget.