Taxe carbone : nouvel accord historique en Europe ?
Cette taxe pourrait rapporter près de 14 milliards d'euros de revenus annuels pour l'Union européenne. C'est la chronique de Bruno Wattenbergh.
Publié le 15-12-2022 à 08h28
Verdir les importations industrielles en faisant payer les émissions carbones liées à leur production : l'UE a adopté mardi un mécanisme inédit à ses frontières, qui doit aussi signer la fin des "droits à polluer" gratuits alloués aux industriels européens. Appelé communément "taxe carbone aux frontières" bien qu'il ne s'agisse pas d'une taxe proprement dite, ce dispositif sans précédent consistera à appliquer aux importations des Vingt-Sept les critères du marché du carbone européen, où les industriels de l'UE sont tenus d'acheter des quotas couvrant leurs émissions polluantes.
Concrètement, les importateurs des secteurs jugés les plus polluants (acier, aluminium, ciment, engrais, électricité...) devront déclarer les émissions de leur processus de production. Ces secteurs représentent entre 55 et 60 % des émissions industrielles de l'UE. Si celles-ci dépassent les standards européens, les producteurs devront acquérir des certificats d'émissions basés sur le prix du carbone qu'ils auraient dû acquitter si les biens avaient été produits au sein de nos frontières.
Dans l'éventualité où un pays exportateur dispose déjà d'un marché carbone, l'entreprise paiera l'éventuelle différence entre le marché carbone européen et son propre marché carbone.
L'objectif de cet accord est de protéger in fine la compétitivité des entreprises européennes en leur garantissant une concurrence plus juste avec des Etats aux normes climatiques moins exigeantes. Indirectement, le but est aussi de pousser les pays européens à s'aligner sur les canons européens.
Cette taxe pourrait rapporter près de 14 milliards d'euros de revenus annuels pour l'Union européenne. En bref : c'est une bonne nouvelle pour la planète et une opportunité à moyen-terme pour l'industrie européenne.