Pourquoi la voiture électrique ne séduit-elle pas le Belge ?
La moitié des Belges veut rouler en voiture électrique d'ici... 2029. Le débat du jour se déroule entre deux députés bruxellois : Ingrid Parmentier (Ecolo) et Geoffroy Coomans (MR).
Publié le 22-12-2022 à 20h03 - Mis à jour le 22-12-2022 à 20h04
La transition vers la voiture électrique est loin d'être aboutie : c'est ce que révèle la dernière enquête de mobilité réalisée par BNP Paribas Fortis auprès de 2 000 Belges. En effet, 78 % des ménages belges possèdent une voiture essence ou diesel. Si ce chiffre est en légère baisse, il semble que le véhicule thermique reste de loin le moyen de transport personnel le plus utilisé dans notre pays.
Autre constatation de l'étude : plus d'un tiers des sondés déclarent ne pas envisager de se séparer de leur véhicule thermique au profit d'un véhicule moins polluant. En Wallonie et à Bruxelles, 60 % des répondants ne songent pas à la transition avant... 2029. En Flandre, toutefois, une personne interrogée sur deux annonce vouloir passer à l'électrique avant cette date.
D'après BNP Paribas Fortis, plusieurs éléments peuvent expliquer cette résistance : les prix trop élevés, les crises économiques et énergétiques, les problèmes d'approvisionnement électrique...
"Ce n'est pas la voiture électrique qui est chère, c'est la voiture tout court"
D'après Geoffroy Coomans de Brachène, conseiller communal à la Ville de Bruxelles (MR), c'est également une question de confiance dans le moyen de transport qu'on utilise. Etant lui-même le dépositaire d'une voiture 100 % électrique, il note que la difficulté de pouvoir charger le véhicule est un problème et que "le prix n'est pas anecdotique" non plus. "Mais au-delà de ce point de vue-là, il y a également - on ne l'évoque pas assez - le point de vue de la fiscalité. [...] On doit absolument adopter la fiscalité tant à Bruxelles qu'en Wallonie. En Flandre, ils ont adapté la fiscalité en fonction de la pollution en temps réel et non en fonction des chevaux fiscaux."
Pour sa part, la députée bruxelloise Ingrid Parmentier (Ecolo) estime que "ce n'est pas la voiture électrique qui est chère, c'est la voiture tout court". Elle explique que la priorité n'est pas forcément de remplacer toutes les voitures thermiques par des voitures électriques, mais plutôt de proposer aux citoyens des alternatives meilleures pour l'environnement. "Et pour le parc automobile qui reste, [proposer de] passer à l'électrique parce que c'est clairement beaucoup plus intéressant du point de vue environnemental pour la pollution de l'air."
"L'échéance de 2035 va être difficile à atteindre"
Autre élément : Est-ce qu'encourager la voiture électrique en pleine crise énergétique est-elle un paradoxe ? Ingrid Parmentier se montre optimiste et explique que le parti Ecolo a une vision à moyen-long terme : "De toute façon, on a une imposition européenne qui est qu'en 2035, il ne peut plus y avoir de voitures thermiques. [...] Il faut prévoir. Il faut que les entreprises et les citoyens puissent s'adapter et puissent faire des choix en conséquence."
Concernant cet objectif de 2035, Geoffroy Coomans estime que "l'échéance va être difficile à atteindre". Pour lui, la voiture électrique est seulement une technologie parmi d'autres pour adapter le parc automobile. "On ne dit pas que ce n'est pas possible, on propose d'avoir une vision d'ensemble pour être persuadé à 100 % qu'on y arrivera, sachant que certains pourraient abandonner la voiture mais que d'autres [continueront à] en avoir besoin." Le conseiller communal espère qu'une alternative à l'hydrogène aura été développée d'ici-là.
Ingrid Parmentier rappelle que la voiture électrique est plus écologique que les autres voitures, "même quand l'électricité n'est pas verte". La députée ajoute qu'"à Bruxelles, la voiture n'est pas uniquement une question de production de CO₂. C'est surtout la congestion, [...] l'occupation majoritaire de l'espace public à Bruxelles par des voitures en stationnement ou en circulation. Remplacer la voiture thermique par une voiture électrique ne va pas résoudre ce problème." Raison pour laquelle le parti Ecolo défend une mobilité plus douce.