La Belgique devrait trouver plus de 20 milliards pour sauver sa dette
Une étude du Bureau du Plan chiffre l’effort à réaliser avec le nouveau cadre budgétaire de la Commission européenne.
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Publié le 26-01-2023 à 18h34 - Mis à jour le 26-01-2023 à 18h39
C’est une petite bombe que le Bureau fédéral du Plan vient de déposer aux pieds de la Vivaldi, et des prochains exécutifs. À la demande du ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V), qui négocie pour la Belgique le nouveau cadre budgétaire européen avec la Commission, une évaluation de la proposition – sorte de nouveau Traité de Maastricht – qui est sur la table a été demandée au Bureau du Plan. Et le résultat est assez impressionnant. Alors que la Vivaldi s’est accordée sur une réduction du déficit structurel de 1,2 % du PIB sur l’ensemble de la législature – ce qui est assez mal engagé d’ailleurs -, le Bureau du Plan a estimé que la Belgique, avec le nouveau cadre budgétaire, devrait procéder à un ajustement budgétaire de 4,0 % du PIB en 4 ans (soit 1,0 % d’ajustement additionnel par an pendant 4 ans), et à 4,8 % du PIB en 7 ans (soit 0,7 % d’ajustement additionnel par an pendant 7 ans). Cela dit, explique le Bureau du Plan, “obtenir une période d’ajustement de 7 ans au lieu de 4 ans est toutefois conditionné au fait de faire valoir des réformes et investissements favorables à la croissance économique et à la soutenabilité de la dette”.
Un choc non désirable
Certes, le nouveau cadre budgétaire n’est pas encore adopté, “mais les discussions, surtout en 2022, ont déjà permis de largement circonscrire le cadre”, explique une nos sources proches du dossier. Depuis la crise Covid et puis de la crise de l’énergie, la Belgique n’a pas trop prêté le flanc aux critiques de la Commission sur le déraillement de ses finances publiques. On le sait, le déficit public sera de 5 % du PIB (près de 30 milliards d’euros) ces prochaines années, ce qui fait de la Belgique le plus mauvais élève de la classe européenne. Le taux d’endettement public (actuellement de 108 % du PIB) prend lui aussi de la hauteur, ce qui vu la hausse des taux d’intérêt rend la situation plus compliquée. S’il n’y a pas lieu de paniquer à court terme comme l’a rappelé cette semaine le Conseil central de l’économie, à moyen et long termes, la situation est explosive.
L’effort auquel la Belgique devrait s’astreindre pour soutenir sa dette publique – ce qui est un des objectifs majeurs du nouveau cadre budgétaire européen -, se monterait à 22 milliards d’euros environ. “La correction de plus de 20 milliards, c’est grosso modo l’effort qu'il faudra faire si on veut 'devenir soutenable', mais honnêtement, cela ne semble pas réaliste”, dit une autre source proche du dossier. Et ce n’est pas désirable, même sur une période de 7 ans”. Le choc serait en, effet trop important et aurait des effets pervers sur l’économie belge. “En revanche, cela met une pression terrible sur la Vivaldi et le prochain exécutif pour tenter de sceller des accords autrement plus ambitieux sur la fiscalité, l’emploi et les pensions.” C’est justement au menu du conclave budgétaire de la Vivaldi de mars… Contacté, le cabinet de la nouvelle secrétaire d’État Alexia Bertrand (Open VLD) nous explique que “les négociations sont toujours en cours au niveau européen et qu’elle analysera en détail l’étude et l’impact des directives sur le budget”.