Rebondissement au sein du gouvernement: la prolongation de vieilles centrales nucléaires est envisagée
Après l’extinction de Tihange 2, mardi dernier, le nucléaire revient sur le devant de la scène. Le gouvernement fédéral envisage de prolonger la durée de vie de certaines centrales.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/41739f06-83d8-421e-8979-d3b8ca33b97d.png)
Publié le 03-02-2023 à 14h11 - Mis à jour le 03-02-2023 à 17h29
Début d’année, le gouvernement s’est accordé sur la prolongation de Doel 4 et Tihange 3. Mais, d’après HLN, le fédéral craint que des black-out ne paralysent la Belgique dans les hivers à venir. Solution : prolonger la durée de vie de certains réacteurs supplémentaires comme Doel 1, Doel 2 et Tihange 1.
Le gouvernement fédéral demande à l’organisme de surveillance de la sécurité nucléaire, l’AFCN, d’étudier la possibilité de prolonger la durée de vie de nouvelles centrales nucléaires. Cette décision a été prise par le cabinet nucléaire vendredi, a confirmé une source gouvernementale à Belga, suite à des rapports antérieurs de VTM et HLN.
Le Premier ministre Alexander De Croo et le ministre de l’Énergie Tinne Van der Straeten ont été chargés de contacter l’exploitant Engie, de préparer un dossier de sécurité et de le soumettre à l’AFCN. Il s’agirait d’ajuster la consommation de carburant, ce qui permettrait aux centrales de fonctionner plus longtemps, ainsi que d’utiliser du carburant supplémentaire.
L’analyse devrait être prête pour la fin du mois de mars afin que le gouvernement puisse décider de la sécurité de l’approvisionnement pour les hivers 2025-2026 et 2026-2027. En cas de pic de consommation, il peut alors manquer entre 900 mégawatts et 1,2 gigawatt, selon l’opérateur de haute tension Elia.
La décision prise est en quelque sorte la formalisation des décisions prises au mois de décembre par l'exécutif fédéral, faisait-on remarquer de source bien informée. Il est question d'une forme de "mise en réserve" de courte durée afin de couvrir les hivers 25-26 et éventuellement 26-27 si les opérations de prolongation pour dix ans de Tihange 3 et Doel 4 prenaient du retard. Les réacteurs de Doel 1 et 2 et de Tihange 1 sont concernés par cette "short term operation" (STO).
En mars dernier, la Vivaldi a décidé de prolonger de dix ans les deux réacteurs les plus récents du parc nucléaire belge, c'est-à-dire ceux de Doel 4 et Tihange 3. Un accord de principe a été conclu sur le sujet avec Engie le 9 janvier.
Dans la majorité, le MR n'a pas caché sa satisfaction. "Nous avons toujours dit que le nucléaire constituait notre option privilégiée pour garantir la sécurité d'approvisionnement du pays", a-t-on indiqué au cabinet du vice-Premier ministre David Clarinval. Le président Georges-Louis Bouchez évoque quant à lui une "obligation de résultat". "Le MR le réclamait depuis deux ans, le gouvernement s'engage enfin dans la prolongation de cinq réacteurs nucléaires. Après déjà deux en début d'année, ce sont trois autres unités qui s'ajoutent. Il y a une obligation de résultat pour garantir la sécurité d'approvisionnement", a-t-il souligné sur Twitter.
Le CD&V a également salué la décision. "Comme il le faut. La sécurité d'approvisionnement est essentielle. Le futur est au renouvelable et au nucléaire", a affirmé le président Sammy Mahdi.
Selon une loi de 2003, confirmée en 2015, la Belgique sortira du nucléaire en 2025. Une nouvelle prolongation de réacteurs, sans compter la question du développement des Small Modular Reactors (SMR) pose la question de la pérennité d'un tel texte. "Je ne vois pas désormais ce qui pourrait s'opposerait à ce que l'on vote mes propositions de loi demandant la prolongation de cinq réacteurs et l'abrogation de la loi 2003", a dit, toujours au MR, la députée et ministre de l'Energie sous la législature précédente, Marie-Christine Marghem.
Dans l'opposition, le président des Engagés, Maxime Prévot, a pointé du doigt "l'amateurisme" avec lequel la Vivaldi gérerait la sécurité d'approvisionnement du pays. "Le nucléaire est aussi un allié du combat climatique et de la maîtrise des prix", a-t-il ajouté.
La N-VA juge quant à elle insuffisante cette décision qui, d'après elle, ne résoudra pas la pénurie à venir. Les nationalistes flamands réclament depuis longtemps la prolongation de tous les réacteurs pour 20 ans et se disent également préoccupés par les négociations en cours avec Engie sur Doel 4 et Tihange 3. L'échec de ces discussions compromettrait les possibilités de prolonger les autres centrales, selon le député Bert Wollants.