L’Allemagne fait de la résistance et bloque la législation sur la fin des voitures à moteurs thermiques en 2035
L'Allemagne exige que la Commission autorise la vente de véhicules fonctionnant aux carburants de synthèse et forme une coalition d’alliés. Dont certains en profitent pour attaquer la proposition de nouvelles normes antipollution Euro 7.
Publié le 14-03-2023 à 19h51
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Finalement, c’est non. En l’état, en tout cas. L’Allemagne a pris la tête d’un groupe d’États membres qui réclament la révision de la proposition de la Commission européenne de ne plus autoriser la vente de voitures neuves équipées de moteur thermique à partir de 2035. Le Conseil, l’institution qui représente les États membres, avait pourtant trouvé un accord de principe sur cette question. Et c’est sur base de cet accord que le Parlement européen avait approuvé, le 14 février dernier, les objectifs de réduction des émissions des voitures, dont la fin des moteurs thermiques (essence et diesel) pour les voitures et les véhicules utilitaires légers en 2035.
Mais en raison de l’opposition de l’Allemagne, appuyée notamment par l’Italie, la Pologne, la présidence suédoise du Conseil a préféré reporter le vote sine die plutôt que de risquer un blocage. Sans approbation du Conseil, la législation ne pourrait être adoptée. Ce serait pour le moins embarrassant pour l’UE quand on sait qu’il s’agit d’un élément phare de son plan de lutte contre le changement climatique, dont l’objectif est de réduire d’au moins 55 % les émissions de gaz à effet de serre de l’Union en 2030 (par rapport aux niveaux de 1990) et de parvenir à la neutralité carbone en 2050.
À la tête de la charge allemande se trouve le parti libéral FDP de Christian Lindner, dont le ministre des Transports, Volker Wissing, porte la voix. Berlin réclame que la Commission dépose une proposition qui autoriserait la vente des véhicules fonctionnant aux carburants de synthèse après 2035. Déposée en juillet 2021, la proposition de la Commission sur la réduction des émissions du secteur automobile laissait entrouverte cette possibilité, pour autant que cette technologie, toujours en développement, se révèle neutre en carbone.
Fronde contre la proposition de normes Euro 7
L’Allemagne n’est pas seule et d’autres pays ont d’autres revendications à faire valoir. Le ministre tchèque Martin Kupka a pris l’initiative de réunir lundi soir à Strasbourg ses homologues allemand, hongrois, italien, polonais, portugais, roumain et slovaque pour qu’ils discutent ensemble de leurs préoccupations. La fin des moteurs thermiques en 2035, donc, mais aussi la proposition de la Commission d’adopter de nouvelles normes antipollution Euro 7 qui, selon certains pays, risquent de faire augmenter le prix des véhicules alors que le marché est déjà déprimé.
À l’autre bout du spectre, la France, l’Espagne, la Belgique, les Pays-Bas, la Suède ou le Danemark n’ont pas l’intention de revenir sur l’accord de principe conclu au Conseil. “C’est économiquement incohérent, dangereux sur le plan industriel, ce n’est pas dans notre intérêt national ni celui de nos constructeurs, et surtout pas dans l’intérêt de la planète”, a défendu lundi le ministre français de l’Économie sur l’antenne de France Info.
L’eurodéputée verte française Karima Delli, présidente de la commission Transports du Parlement, a averti qu’“il n’est pas possible de rouvrir un texte sur lequel il y a eu un accord”. De son côté, la Commission a indiqué lundi par la voix de sa porte-parole Dana Spinant qu’elle est prête à mener “des discussions constructives pour trouver des solutions” et répondre aux préoccupations des pays concernés. Lesquelles ? “C’est encore prématuré de le dire.” Reste que le temps presse.