La Fed marche sur des œufs, l'absence de surprise rassure les marchés
La Fed a tenu bon et procédé à un relèvement supportable de 25 points de base de ses taux directeurs.
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Publié le 03-05-2023 à 21h03 - Mis à jour le 04-05-2023 à 08h27
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Dire que les membres du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) ont dû s’imaginer marchant sur des œufs mercredi est sans doute un euphémisme. Leur résolution à combattre l’inflation en augmentant de 25 points de base (0,25 %) ses taux de référence, a été mise à rude épreuve, plusieurs ténors politiques leur ayant demandé de réduire la pression sur une économie américaine qui commence visiblement à réagir au niveau du loyer de l’argent.
Mais pour l’heure, le niveau de l’inflation à plus de 4 % en rythme annuel reste bien supérieur à l’objectif de 2 % sur le long terme visé par l’institut d’émission américain. “Le Comité a décidé de porter la fourchette cible du taux des fonds fédéraux de 5 à 5-1/4 pour cent”. C’est précisément ce qui était attendu par les opérateurs financiers. Et c’est cette absence de surprise qui a redonné du souffle à Wall Street et surtout au Nasdaq, ce marché consacré aux valeurs de croissance, celles qui souffrent le plus du resserrement du crédit actuellement.
Banques en souffrance
Bien qu’à y regarder de plus près, ce qui a dû mettre le plus de pression sur le Comité monétaire de la Fed, c’est bien le secteur bancaire, lui aussi affecté dans une certaine mesure par la hausse des taux monétaires, à court terme, et celle des taux à long terme, en parallèle. Lundi, en effet, les autorités financières américaines ont été forcées de prendre le contrôle de la First Republic Bank, pour juguler les effets secondaires de la deuxième plus importante faillite bancaire de l’histoire américaine.
Un scénario du type Fortis, qui a permis au géant bancaire JP Morgan de récupérer les restes du groupe déchu, écrasé par les pertes liées à la hausse des taux d’intérêt du marché. Remonter encore les taux risquait donc fort de mettre à mal d’autres banques à la structure bilantaire semblable à celle de la First Republic Bank. D’où la décision d’une hausse de 25 points de base, au lieu d’une possible hausse de 50 points. Les banques régionales américaines, massacrées mardi en Bourse, se remettaient de leurs émotions, mercredi soir.
Moment pivot ?
Pour beaucoup d’observateurs, le ton du message de la Fed semble indiquer le début d’une pause dans son offensive monétaire contre l’inflation, après dix hausses consécutives menées depuis le mois de mars de l’an passé. Le Comité monétaire a adopté le resserrement des taux courts à l’unanimité, sans une voix pour prôner une hausse plus sévère. Et le communiqué stipule que “le resserrement des conditions de crédit pour les ménages et les entreprises devrait peser sur l’activité économique, l’embauche et l’inflation”.
Comprenons : les effets souhaités sont désormais mesurables, attendons la suite ! Parmi les annonces destinées à rassurer le marché, retenons aussi cette phrase : “Le système bancaire américain est solide et résistant”. Il vient toutefois de prouver le contraire…