Survol de Bruxelles: "On ne veut pas que Brussels Airport devienne la poubelle de l’Europe"
Pour le ministre bruxellois de l’Environnement, Alain Maron (Écolo), il faut également étendre la période de nuit, plus restrictive, afin de “permettre aux gens de dormir”.
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Publié le 07-05-2023 à 18h21 - Mis à jour le 08-05-2023 à 08h51
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"On attend de voir ce que la Flandre va mettre sur la table. Mais il faut bien qu’elle se rende compte que c’est gagnant-gagnant de toute façon. Les premiers riverains impactés par le survol des avions, ils sont en Flandre. Il n’y a pas de conflits d’intérêts communautaires ou autres dans ce dossier”, nous glisse Alain Maron, ministre bruxellois de l’Environnement (Écolo), en marge de la fête de l’Iris qui s’est tenue dans la capitale ce premier week-end de mai.
Si le ministre revient sur le dossier, c’est parce que le permis d’environnement de Brussels Airport, situé dans la commune flamande de Zaventem, doit être renouvelé en juillet 2024. “Si, officiellement, nous ne faisons pas partie de la concertation puisque c’est une prérogative exclusivement flamande, il est normal et logique d’émettre des recommandations, d’où notre initiative, qui est légitime. Car nous sommes à un momentum”, justifie le ministre, qui rappelle que la Flandre fait exactement la même chose avec Liege Airport (Bierset).
"Et de toute façon, soyons clairs, les gens ont le droit de dormir ! 7h du matin, ce n'est pas une grasse matinée !"
Parmi les recommandations, reprises dans un avis adopté par le gouvernement bruxellois il y a quelques jours et que nous avons pu consulter, on retrouve principalement celles-ci :
- Étendre la période de nuit aérienne – qui comprend plus de restrictions pour les compagnies – de 22h le soir à 7h le matin (contre 23h à 6h actuellement) ;
- Durcir le “Quota Count”, les normes liées au bruit qui visent directement les compagnies aériennes ;
- Limiter le tonnage des avions de nuit ;
- Interdire les vols courte distance (équivalent à moins de six heures de trains) ;
- La fin des vols au-dessus des agglomérations pendant la nuit ;
- Instaurer un mécanisme de sanction financière en cas de non-respect des conditions du futur permis d’environnement. Les fonds récoltés devraient financer les solutions d’isolation des bâtiments survolés.
Le Fédéral, déjà poursuivi pour son inaction, paie des millions d’euros à la Région
”Il faut mettre en place des dispositions pour réduire les nuisances environnementales. La Flandre n’a pas les mêmes normes que Bruxelles. C’est un dossier où la Région bruxelloise a déjà poursuivi l’État fédéral en justice pour son inaction ces dernières années, et ça lui coûte des millions d’euros” (24 millions depuis leur application, NdlR), avance le ministre bruxellois.
"Nous faisons cela tout en préservant les intérêts économiques de Bruxelles et du pays, poursuit Alain Maron. Mais il y a toujours eu une sous-estimation de toutes les externalités négatives, de leurs coûts réels pour la société. En matière de pollution notamment. Les nuisances sonores coûtent quant à elles très cher au système des soins de santé en Belgique." Et de prendre appui sur une étude du cabinet français Envisa qui a estimé que les nuisances liées aux activités de l'aéroport coûtaient un milliard d'euros par an.
"Il y a des intérêts en termes de relocalisation, de création d'emplois"
”Le chemin est encore long, il reste un an. Mais on ne veut pas que Bruxelles devienne la poubelle aéroportuaire de l’Europe. La plupart des aéroports mettent des normes plus strictes en place, et les compagnies sont en train de diriger leurs vieux appareils, les plus polluants et bruyants, vers les aéroports qui n’ont pas ces normes”, prévient Alain Maron.
On l’a d’ailleurs vu récemment avec l’aéroport d’Amsterdam. Bien que la justice ait contrecarré les volontés des autorités, des nouvelles normes environnementales plus restrictives poussaient clairement les voyageurs à se diriger vers d’autres aéroports, dont celui de Bruxelles.
”La Flandre a les mêmes exigences pour l’aéroport de Bierset (Liege Airport, NdlR). Ce qui est opportun pour Bierset l’est pour Zaventem. Et de toute façon, soyons clairs, les gens ont le droit de dormir ! 7h du matin, ce n’est pas une grasse matinée !”, lance encore le ministre.
”De toute façon, si l’on veut respecter les objectifs de décarbonation, il faut agir. Il faut modifier la logistique. Les entreprises, et certaines le font déjà, voient ces contraintes en opportunités. Cela peut également permettre de revoir la logique d’importation de biens qui proviennent de Chine par exemple. Il y a des intérêts en termes de relocalisation et de création d’emplois”, termine le ministre.