Grève à Hollywood, épisode 2 : après les scénaristes, les réalisateurs se mettent à table avec les producteurs
Si certains enjeux sont différents, les deux guildes se rejoignent sur plusieurs points.
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Publié le 11-05-2023 à 19h19 - Mis à jour le 11-05-2023 à 18h56
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C’est dans l’ordre des choses : les scénaristes écrivent l’histoire, les cinéastes la mettent en scène.
La grève en cours à Hollywood suit la même hiérarchie. La Guilde des scénaristes (Writers Guild of America, WGA, qui compte onze mille membres) a ouvert le bal le 3 mai, celle des réalisateurs (Directors Guild of America, DGA, forte de dix-neuf mille adhérents) a pris sa succession à la table des négociations avec l'Alliance des producteurs de cinéma et de télévision (Alliance of Motion Picture and Television Producers, AMPTP). Selon les observateurs, il s'agit d'une des plus importantes négociations de l'histoire récente du syndicat des cinéastes.
Si certains enjeux sont différents, les deux guildes se rejoignent sur plusieurs points, notamment les rémunérations résiduelles liées à l’exploitation des œuvres en streaming et la transparence des données relative à cette dernière. Les rémunérations résiduelles sont les droits payés pour l’exploitation d’une œuvre sur un autre support de diffusion.
La DGA entame ses négociations moins de deux mois avant l'expiration de son contrat, le 30 juin, une démarche inhabituelle pour le syndicat qui, lors de récentes négociations, était parvenu à un consensus plus tôt. Cette fois-ci, les studios et compagnies de divertissement n'étaient "pas encore prêts à aborder nos principales questions" plusieurs mois avant la date d'expiration du contrat, a informé la DGA à ses membres en février.
Profiter du succès
Bien que la DGA soit restée discrète sur les détails de ses propositions avant le début des négociations, l’une de ses principales revendications porte sur l’instauration d’une formule de rémunération proportionnelle des droits résiduels pour le streaming qui tienne compte de la croissance des plates-formes et du succès des œuvres.
La rémunération résiduelle pour la SVOD est, pour l'instant, "basée en grande partie sur le nombre d'abonnés aux États-Unis et au Canada […] quels que soient les millions d'abonnés mondiaux d'un service [de streaming]", explique la DGA à ses membres.
Parmi les autres points importants à l’ordre du jour du syndicat figurent le renforcement du plan de santé et de retraite du syndicat, l’augmentation des salaires minimums, la protection de la propriété intellectuelle et des droits d’auteur ainsi que des initiatives en matière de diversité, d’équité et d’inclusion.
Normes de sécurité
Les cinéastes réclament aussi l’instauration de nouvelles normes de sécurité. En octobre 2021, après la mort de la directrice de la photo Halyna Hutchins sur le tournage d’un film avec Alec Baldwin, nombre de cinéastes et techniciens avaient dénoncé la dégradation des conditions de travail, avec des journées de 16 à 18 heures, conséquence de la multiplication des tournages.
Réputés ouverts aux compromis, les cinéastes se prépareraient, cette fois, à plus de fermeté. La nouveauté - et source de blocage possible - est que, si la DGA a une longue pratique des négociations avec les studios, ce n'est pas le cas avec des entreprises comme Netflix, Amazon et Apple. "Elles n'ont pas à s'occuper de [telles revendications] dans leurs autres domaines", s'inquiète un négociateur. Dans une série, on appelle ça un cliffhanger.