Pas de Salon de l’auto en 2024, un coup fatal? "Participer à un tel événement est quelque chose de plus difficile à décider qu’auparavant"
Budgets serrés, retombées commerciales incertaines, complexité logistique, nouvelles stratégies de communication…. Depuis la crise du Covid, les constructeurs, petits et grands, ont appris à vivre sans cette grand-messe de l’automobile sur le plateau du Heysel. Définitivement ?
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Publié le 26-05-2023 à 17h53 - Mis à jour le 26-05-2023 à 17h59
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La nouvelle est tombée officiellement vendredi en début d’après-midi : il n’y aura pas d’édition 2024 physique du Salon de l’auto.
Le conseil d’administration de la Fédération belge et luxembourgeoise de l’automobile et du cycle (Febiac), organisatrice de l’événement, a en effet pris la décision de faire l’impasse sur l’événement qui attire chaque année en janvier plusieurs centaines de milliers de Belges.
“Febiac a toujours eu comme objectif de proposer aux visiteurs une expérience qualitative et représentative. Les conditions n’étant pas réunies, le conseil a conclu à l’inopportunité de poursuivre les démarches pour 2024”, a indiqué la Febiac dans un communiqué assez laconique, confirmant une information de nos confrères de L’Echo.
Lors de l’édition 2023, environ 95 % du marché auto étaient représentés au Salon. Ici, visiblement, le compte n’y était pas et certaines marques ont considéré que le jeu n’en valait pas (plus ?) la chandelle.
Du côté de la Febiac, on ne souhaitait pas en dire plus sur les membres qui ont décidé de ne pas être de la partie.
D’Ieteren pas partant
Mais il semblerait que D’Ieteren Automotive, un des poids lourds du secteur en Belgique et importateur notamment des marques Volkswagen, Skoda, Audi, Porsche, Bugatti ou Bentley, ne souhaitait pas prendre part à l’événement. “Nous respectons la décision de la Febiac et nous alignons sur celle-ci”, nous a expliqué Jean-Marc Ponteville, responsable communication de d’Ieteren Automotive, sans vouloir préciser la position exacte de son groupe. Et d’ajouter : “Vous savez, contrairement à ce que certains pensent, un Salon de l’Auto peut s’organiser sans la présence de D’Ieteren”. Une manière de laisser entendre que d’autres groupes manquaient à l’appel. La défection de D’Ieteren aurait en tout cas pesé très lourd dans la balance et refroidi les ardeurs d’autres gros acteurs du secteur comme Renault ou Stellantis.
Quid de l’après-2024 ?
Cette annulation de l’édition 2024 risque-t-elle de porter un coup fatal au Salon de l’auto ? La Febiac ni ses membres ne souhaitent officiellement se projeter au-delà de 2024. La Febiac précise qu’elle continue, par ailleurs, ses autres missions : analyse des données du secteur automobile, communication et lobbying notamment.
Mais le coup est dur, assurément… L’édition 2023 du Salon s’était déjà soldée par un succès en demi-teinte avec 271 000 visiteurs alors que la barre des 300 000 était fixée comme objectif. C’est désormais la question de la pérennité du Salon de Bruxelles à long terme qui est posée. D’autres grands Salons en Europe sont confrontés aux mêmes questionnements que celui de Bruxelles. Au point que certains se demandent si ces grands Salons ne sont pas devenus un vestige du passé.
La crise du Covid, qui avait déjà entraîné l’annulation du Salon de Bruxelles, l’a démontré : certains constructeurs, petits ou grands, ont appris à vivre sans cette grand-messe de l’automobile sur le plateau du Heysel en misant par exemple davantage sur la carte du numérique ou sur celle des fameuses conditions Salon déclinées au sein du réseau de concessionnaires. Le coût financier d’une participation à un Salon et la complexité logistique qu’elle entraîne sont également analysés de près par les états-majors des grands groupes à la lumière des retombées commerciales attendues. D’autant que les budgets sont de plus en plus serrés et l’environnement économique toujours incertain. “Décider de participer à un tel événement est quelque chose de plus difficile qu’avant”, résumait un observateur du secteur.