La dette publique belge est-elle problématique ? “De nouvelles mesures s’imposent”
L’OCDE constate un ralentissement dans la croissance. Mais les dernières prévisions semblent indiquer un mieux pour 2024. L’analyse sur la dette reste quant à elle plus critique.
- Publié le 07-06-2023 à 12h58
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Selon les dernières projections de l’OCDE, la croissance du PIB réel devrait se replier à 0.9 % pour l’année 2023, contre 3,2 % en 2022. Un chiffre qui ne correspond pas à la tendance annoncée par la Commission européenne qui tablait plutôt sur une croissance du PIB de 1,2 % en mai dernier.
En cause, une inflation grandissante suivie par un climat d’incertitude commerciale, notamment sur les exportations. “La Belgique étant une petite économie ouverte, elle est très vulnérable au ralentissement des échanges internationaux. Les exportations étaient à leur plus bas niveau depuis 13 mois en février, leur croissance étant bridée par les prix élevés de l’énergie et des matières premières”, peut-on lire dans le rapport.
Des points positifs sont cependant à souligner. L’organisation salue la bonne santé de la Belgique sur le marché de l’emploi accompagnée d’une indexation automatique des salaires et d’une bonne stratégie dans les investissements publics, ce qui soutiendrait l’activité économique. L’OCDE se veut également rassurante pour 2024, avec une remontée de la croissance du PIB à 1,4 % pour 2024.
Une inflation contrôlée
Pour ce qui est de l’inflation, celle-ci devrait continuer à baisser dans les mois et années à venir. Après une année 2022 où l’augmentation des prix a atteint 13,1 % (en novembre), les perspectives de 2023 et de 2024 s’annoncent plus positives avec une hausse qui ne devrait pas dépasser 4 % cette année et 3,7 % l’année prochaine. “Les principaux risques entourant les perspectives tiennent à la persistance accrue de l’inflation due à l’indexation des salaires, avec la perte de compétitivité à l’export qui en résulterait”, souligne néanmoins le rapport.
“La Belgique sera confrontée à de futures tensions sur les dépenses liées au vieillissement démographique, à la transition climatique et au relèvement des taux d’intérêt"
De nouvelles mesures budgétaires s’imposent
Le gros point d’inquiétude de l’OCDE, c’est la dette publique toujours plus importante. Selon ses prévisions, le déficit budgétaire se creusera en 2023 à 5,2 % et restera important en 2024 (4,6 %). “De nouvelles mesures budgétaires s’imposent pour réduire toute conséquence négative de la dette publique sur l’économie, et pour éviter toute correction que pourraient entraîner des tensions liées à un revirement de la confiance des marchés.”
Les lourdes dépenses du gouvernement belge en soutien à la crise énergétique continue de peser sur le budget. Les critères introduits en 2021 permettant aux Belges de bénéficier des tarifs sociaux du gaz et de l’électricité sont maintenus jusqu’en juillet 2023. La baisse de la TVA sur l’électricité et le gaz sera quant à elle pérennisée, pour un coût budgétaire total de 4,7 milliards d’euros, soit 0,9 % du PIB.
"Le niveau élevé de la dette limite les possibilités d’investissement public."
C’est d’ailleurs pour cette raison que la Belgique se classe au sixième rang des pays de l’Union européenne ayant le ratio dette publique brute/PIB le plus élevé, avec un taux d’endettement prévu à 105 % en 2024. Pour l’organisation, une bonne gestion budgétaire est capitale pour l’avenir. “La Belgique sera confrontée à de futures tensions sur les dépenses liées au vieillissement démographique, à la transition climatique et au relèvement des taux d’intérêt. Le niveau élevé de la dette limite les possibilités d’investissement public, notamment dans les infrastructures nécessaires pour réduire la dépendance à l’égard des combustibles fossiles.”
L’OCDE lance également quelques pistes de réflexion pour inverser la tendance. “Continuer de lever les obstacles à l’activité des femmes, comme la forte imposition des deuxièmes apporteurs de revenu, favoriserait l’égalité entre les genres, stimulerait l’offre de main-d’œuvre et augmenterait les recettes fiscales. Lier plus étroitement l’évolution des salaires à la productivité au niveau des entreprises pourrait contribuer à atténuer les conséquences éventuellement négatives du mécanisme de fixation des salaires sur la compétitivité internationale”, conclut le rapport.