Le bon d’État, c’est bien, mais il y a mieux ! Comme un rendement de plus de 3 % net...
Les particuliers disposent d’alternatives à l’émission actuelle mais n’en profitent pas par manque de connaissances ou d’assistance.
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- Publié le 31-08-2023 à 08h00
- Mis à jour le 31-08-2023 à 10h21
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Les particuliers n’en ont pas tous conscience, mais il existe des alternatives à l’offre actuelle de bons d’État, aussi intéressantes, voire plus rentables.
1. Les obligations d’État, accessibles ?
Un particulier peut-il acheter des obligations de l’État belge ? Selon Xavier Servais (société de conseil en investissement Delande), c’est tout à fait possible. “En pratique, les émissions d’obligations linéaires – les Olos – sont destinées aux institutionnels. Mais il y a un marché secondaire sur Euronext Bruxelles, où il est possible pour les particuliers d’acheter les Olos existantes par coupures de 200 euros. Évidemment, l’émission du bon d’État à un an court-circuite un peu cette alternative puisqu’elle est assortie d’un précompte mobilier réduit de 15 % au lieu de 30 %. Mais notez que suite à la remontée des taux d’intérêt, certains Olos émises au moment où les taux étaient proches de zéro, se traitent en dessous du prix d’émission. Ce qui fait qu’au moment du remboursement du capital, une partie du bénéfice est liée à la plus-value qui n’est pas soumise au précompte mobilier”.
2. Acheter de la dette d’États étrangers ?
Pour Alexandre Goldwasser de la société de Bourse Goldwasser, il y a une demande évidente de la part des clients pour une rémunération de leur épargne. “C’est la seule manière de contrer en partie les effets de l’inflation sur la valeur de leur épargne. Et nous, en tant que spécialistes du marché obligataire, nous voyons une demande très importante de la part des particuliers, après des années de vaches maigres liées à la politique des taux zéro en zone euro”. Y a-t-il actuellement des émissions obligataires capables de rivaliser en rendement net avec l’émission du bon d’État belge ?
“Oui, bien sûr. Il y a notamment cette émission de l’État allemand accessible sur le marché secondaire que nous proposons à nos clients. Une émission importante 22 milliards d’euros, très liquide, ce qui a pour effet de réduire l’écart (spread) entre les prix acheteurs et vendeurs. On peut donc revendre très aisément une telle obligation. Mais en l’occurrence, le rendement net légèrement supérieur est très attractif. Le dépassement de la barre des 3 % a une valeur symbolique qui fait que nos clients se précipitent sur cette offre accessible par coupures de 2 000 euros. Enfin, le niveau du rendement net est aussi lié au fait qu’il s’agit d’une obligation à coupon zéro. Elle arrive à échéance le 18 octobre 2024, soit dans un peu plus de 13 mois”.
Alexandre Goldwasser précise en outre que la qualité du débiteur est supérieure à celle de l’État belge. Mais il est évident que le succès du bon d’État a rassuré les marchés vis-à-vis de la dette belge. Pour Xavier Servais, “les opérateurs doivent bien constater que si la capacité d’emprunt du pays auprès des institutionnels devait se réduire, il resterait au Trésor la possibilité de se tourner vers les citoyens, comme on l’a vu pour le Japon dont une grande partie de la dette publique est détenue par les particuliers”.
3. La dette des entreprises ?
Tant qu’à rechercher des opportunités peu risquées, pourquoi ne pas s’intéresser à la dette des entreprises ? Le resserrement des conditions de crédit sous l’influence de la politique restrictive des grandes banques centrales a en effet relancé le marché obligataire des entreprises privées. Alexandre Goldwasser a ainsi épinglé l’émission du groupe allemand E.ON d’une obligation en euro à coupon zéro arrivant à échéance le 28 août de l’an prochain. Elle se traite à 96,3 % de sa valeur de remboursement, ce qui lui permet d’offrir un rendement brut de 3,944 % et un rendement net… équivalent, puisque la plus-value n’est pas soumise au précompte. Les coupures minimales sont de 1 000 euros et la note de la dette du groupe énergétique est “BBB”, c’est-à-dire, le bas du niveau de très bonne qualité dite “investment grade”.
Il s’agit aussi d’un produit très liquide, pour peu que l’investisseur décide de revendre pour satisfaire des besoins d’argent ponctuels. Et pour les investisseurs effrayés par le “triple B”, il y a aussi cette émission du géant suisse de l’alimentation Nestlé. Il s’agit ici d’une obligation à coupon zéro en euro courant sur une durée de 2 ans et 9 mois qui se traite autour de 90,99 % et qui offre au jour du remboursement, un rendement annuel net de 3,44 %. On le voit, si le bon d’État a réveillé les épargnant belges, les alternatives crédibles ne manquent pas.
Plus de 16 milliards d’euros ont déjà été récoltés
Il cartonne… ce bon d’État à un an, qui sera émis le 4 septembre. Il a déjà permis de récolter plus de 16,1 milliards d’euros, a annoncé mercredi l’Agence fédérale de la Dette. Au total, 8 712 524 100 euros ont été souscrits via les établissements bancaires participants. En outre, à l’heure actuelle 215 534 inscriptions ont déjà été effectuées via les Grands-Livres pour un montant de 7 418 128 000,00 euros. Le bon d’État a une durée d’un an et un taux de 2,81 %. Un bon d’État est normalement émis chaque trimestre et un nouveau verra donc le jour en décembre. Sa durée reste toutefois à déterminer. Avec ce bon d’État, le gouvernement fédéral espère stimuler la concurrence, inciter les banques à relever leurs taux d’intérêt mais aussi envoyer un signal positif aux marchés financiers.
Les souscriptions sont encore possibles auprès de l’Agence jusqu’au 31 août et auprès des banques jusqu’au 1er septembre. Le résultat final sera annoncé le 4 septembre. Selon des spécialistes du marché belge de la dette, le gouvernement a frappé fort, ce qui explique le succès de cette émission. Le signal a aussi été reçu par les opérateurs. On le voit, le Trésor belge peut désormais intégrer dans sa stratégie l’appel au public. En effet, l’argent prêté par le public pour cette opération ne représente qu’une fraction de l’épargne improductive (actuellement) des ménages belges. Les spécialistes notent que les comptes d’épargne recèlent encore du potentiel, tout comme les comptes à vue.