"Les espaces flexibles existent bel et bien en Belgique, et ils ne sont pas chers"
Le Dossier | Malgré son positionnement mitigé à l'échelle mondiale, la Belgique ne manque pas d'espaces de coworking.
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- Publié le 31-08-2023 à 14h41
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Le climat, sans nul doute, aide Barcelone à se positionner en tête des capitales où, dans l’esprit des travailleurs étrangers, il fait bon télétravailler. Ce même critère, au contraire, défavorise Bruxelles… Mais ce n’est pas le seul. Les répondants pénalisent en effet aussi la capitale belge pour son manque d’offres d’espaces de coworking. Un comble sachant que c’est à Bruxelles qu’International Workplace Group (IWG), numéro un mondial en la matière avec ses enseignes Regus et Spaces et auteur de cette étude, y a ouvert son tout premier "bureau partagé". C’était en 1989.
En guise d'explication, Edouard Cambier, président de la Belgian Workspace Association, concède qu'"il y a peut-être un déficit de communication".
Un des critères qui empêche Bruxelles de monter dans le classement tient à son manque d’offres d’espaces de coworking. Qu’en pensez-vous ?
L’association que je représente compte aujourd’hui 264 bâtiments dans sa base de données, gérés par une cinquantaine de sociétés membres. Sachant que chaque bâtiment peut accueillir, en moyenne, une bonne centaine de personnes, cela en fait du monde ! Or, cette offre, déjà conséquente, ne représente qu’une partie du marché belge. Selon nos calculs, celui-ci rassemble 539 bâtiments dans les trois Régions du pays. Donc, non, on ne peut pas dire que la Belgique manque d’espaces flexibles. Ils existent bel et bien, et ils ne sont pas chers : pour 150 à 200 euros par mois, on peut s’offrir une place dans un espace premium, bien situé, moderne, connecté, aéré, clair…
Peut-être cette impression de manque joue-t-elle par comparaison avec d’autres villes comme Londres, Paris, Amsterdam ?
La Belgique accuse un certain retard par rapport à ces villes en matière de coworking. Pour avoir travaillé aux Pays-Bas, je peux vous dire que nos voisins ont deux ans d’avance sur nous au niveau digital et informatique, que leurs réseaux sont puissants, qu’ils ont une approche plus pratique et plus virtuelle des services, qu’ils regardent davantage les pays anglo-saxons et… que l’habitat coûte cher, signifiant qu’il est plus réduit et oblige davantage les occupants à aller travailler en dehors de chez eux.
Ceci étant, la onzième place de Bruxelles, même si elle rate le top dix, est plus qu’honorable. On parle en effet d’un classement mondial.
Qui englobe, parmi ses critères, le prix des logements, mais aussi celui d’un déjeuner et d’un café...
C’est parce que les nomades sont généralement des jeunes de 25-30 ans, célibataires ou en couple sans enfant. Le prix d’un lunch et d’un café - ou d’une bière, soit dit en passant - est donc important. Tout comme l’offre culturelle.
Pour en revenir à cette impression de manque d’espaces de coworking, peut-être est-ce dû à l’absence d’enseignes phare pour la jeune génération comme peut l’être WeWork, par exemple ?
WeWork aligne seulement deux adresses à Bruxelles et il est vrai que 50 % des enseignes présentes en Belgique sont des petites marques locales, néanmoins très efficaces, gérées par des ‘solo entrepreneurs’ ne faisant pas partie d’un réseau. Ce qui peut expliquer cela. Mais la proportion est similaire aux Pays-Bas. Autre explication possible : même si c’est à Bruxelles que Regus a ouvert son premier centre, le pays accuse probablement un certain retard. Il est petit et les Belges sont mobiles, préférant faire la navette. Mais en fin de compte, je dirais plutôt qu’il y a peut-être un déficit de communication dans notre chef. Nous sommes la voix de l’industrie du coworking, des centres d’affaires, des incubateurs et devrions davantage la faire entendre. Notre site web présente une carte avec les offres de nos membres que nous pourrions davantage mettre en avant.
Ces espaces hybrides existent. Mais quel est leur taux d’occupation ?
Ils sont quasiment pleins. Ils le sont en Flandre. À Bruxelles, ils présentent un taux moyen de 80 %. En Wallonie, par contre, le maillage manque. Les grandes villes (Namur, Liège, Charleroi…) sont pourvues en espaces de coworking, mais pas les petites.
Où se situe le potentiel d’agrandissement ?
Je dirais partout en Belgique, mais plus encore dans les périphéries des grandes et moyennes villes et dans les petites villes. Car toutes doivent se réinventer en matière de mobilité. Les courtiers professionnels (JLL, CBRE…) notent qu’actuellement, 3,23 % des bureaux sont destinés au travail collaboratif. Ici plus (23 % à Geel, 14 % à Nivelles, 10 % à Turnhout…), là moins (5 % seulement à Louvain-la-Neuve). Or, tout porte à croire que d’ici 2030, le taux passe à 20-25 % !