Pourquoi le bon d’État est moyennement apprécié par le secteur financier belge
Revue boursière | Les conditions de cet “emprunt Van Peteghem” ont fait bouger les liquidités dormant sur les comptes bancaires des Belges.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/5347a177-ca2b-4917-954b-a2a26078a3be.png)
- Publié le 01-09-2023 à 16h30
- Mis à jour le 01-09-2023 à 17h45
:focal(2755x1845:2765x1835)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/HPVQRQPVEFESPDFDGY5VRL2XCQ.jpg)
Plus de 22 milliards d’euros sont en route vers les coffres du Trésor belge. Les conditions exceptionnelles proposées pour l’émission de ce bon d’État spécial, assorti d’un précompte mobilier réduit à 15 % (contre 30 %), ont d’évidence réveillé les épargnants belges, résignés jusque-là à laisser moisir leurs réserves financières sur des comptes à la rémunération nulle ou presque.
Le succès de “l’emprunt Van Peteghem”, du nom de l’actuel ministre des Finances aux commandes de l’opération, est moyennement apprécié par le secteur financier belge. Cela prouve, nous rappelle un excellent commentateur de l’actualité économique, “que les banques, secteur éternellement protégé, a un cruel et vital besoin de concurrence”. Clairement, l’opération crée un précédent. Elle montre qu’en cas de besoin, le Trésor belge pourrait fort bien se tourner vers le marché des particuliers pour se financer. Il rassure aussi sur la fragilité évoquée de la dette belge. Il reste sur les comptes bancaires des Belges des centaines de milliards d’euros improductifs.
Les liquidités frémissent
Ce mouvement de capitaux rappelle aussi qu’en période de hausse des taux d’intérêt, une partie du contenu des portefeuilles glisse vers le versant obligataire des marchés financiers. On l’a vu au terme d’un mois d’août un peu déprimant pour les investisseurs actifs en Bourse. Un recul de 2 à 3 % selon les cas, et plus marqué lorsque des poids lourds cotés ont eu le malheur d’annoncer de mauvaises nouvelles.
Ce fut le cas à la Bourse d’Amsterdam suite notamment aux résultats décevants du spécialiste des paiements en ligne Adyen qui a perdu le mois passé la moitié de sa valeur, soit plus de 22 milliards d’euros de capitalisation boursière. Amsterdam a donc reculé de près de 6 % en août. C’est que les investisseurs ont visiblement décidé de solder brutalement les participations en actions d’entreprises porteuses de mauvaises nouvelles, pour passer en liquidités. Et par la suite, pour viser des placements sans risque dont le rendement approche ou dépasse le niveau de l’inflation.
Les actions dégustent
On a d’ailleurs observé de tels mouvements à la Bourse de Bruxelles ces derniers jours. Notamment avec la chute d’Ackermans&van Haaren suite à des résultats jugés décevants par opérateurs. Pourtant, il n’y a pas eu à proprement parler de surprise. Mais le contexte actuel a fait chuter le cours de l’action du holding anversois de plus de 10 %. Le phénomène est-il attribuable à la réaction excessive du marché lors des résultats de Deme, sachant que le spécialiste belge du dragage représente près d’un tiers du portefeuille d’AvH ? S’il est vrai que Deme a dû investir lourdement pour les développements futurs de ses activités, notamment dans la construction d’éoliennes off-shore, c’est pour entamer la réponse à un carnet de commandes en pleine croissance. Le cours de l’action Deme a pourtant reflué de plus de 10 %.
Dans le monde belge de la gestion, on estime probable que les dégagements sur ces valeurs ont surtout permis aux investisseurs de gonfler les liquidités réorientées vers le bon d’État. Même constat pour la réaction aux résultats d’IBA, alors que l’on sait que l’entreprise tourne bien et devrait aligner de beaux résultats à la fin de l’exercice en cours. Pour ces valeurs, les analystes ont à peine réagi, conservant généralement leurs recommandations, quitte à adapter légèrement à la baisse leurs objectifs de cours. On attend la suite. À commencer par la prochaine décision de politique monétaire de la Banque centrale européenne, le 14 septembre.