Net regain pour le nucléaire dans le monde: quels sont les pays les plus actifs ?
Libre Eco week-end | Le Dossier. De nombreux pays ont récemment changé d’opinion vis-à-vis de l'atome.
- Publié le 08-09-2023 à 13h30
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L’énergie nucléaire fournit environ 5 % des besoins énergétiques de la planète, ou 10 % de la consommation mondiale d’électricité. Cette énergie, très controversée depuis ses débuts, fait l’objet d’un net regain d’intérêt depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Petit tour d’horizon.
Aux USA, l'Inflation Reduction Act a consacré plusieurs milliards de dollars au soutien de la filière nucléaire, notamment à la recherche sur les small modular reactors (SMR, alias les petits réacteurs modulaires).
La France, qui a déjà voté une loi prévoyant la construction de six nouveaux réacteurs de type EPR, envisage d'en construire huit de plus. L'annonce a été faite par Emmanuel Macron, quelques jours avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
La Pologne compte également construire six nouveaux réacteurs nucléaires. Au grand dam de la France, le gouvernement polonais s'est tourné vers le réacteur AP1000 du constructeur américain Westinghouse. Paris aurait souhaité que la Pologne choisisse l'EPR du français EDF.
Ce n'est pas tout. La Suède a très récemment changé d'opinion vis-à-vis de l'atome. Alors que le pays compte cinq réacteurs nucléaires en activité, il envisage d'en construire dix de plus. Pour cela, le gouvernement suédois a fait sauter la limite de dix réacteurs sur le territoire, ainsi que l'obligation de construire sur des sites existants.
En février 2023, le Japon a autorisé ses vieux réacteurs à fonctionner au-delà de soixante ans. Le pays a également donné son feu vert à la construction de nouveaux réacteurs pour remplacer les unités vieillissantes.
En Corée du Sud, le plan de développement électrique (2022-2036), publié en janvier 2023, a confirmé la volonté du gouvernement de construire six nouveaux réacteurs d'ici 2033.
En avril 2023, le gouvernement indien a dévoilé un plan visant à faire passer la capacité nucléaire du pays de 6,7 GW aujourd'hui à 22,4 GW d'ici 2031.

De son côté, l'Arabie saoudite a récemment fait part de sa volonté de construire sa première centrale nucléaire. Pour faire pression sur les États-Unis, qui souhaiteraient logiquement être leur fournisseur, Ryad s'est dit ouverte aux propositions venant de France, de Chine et de Russie.
Notons que le pays le plus actif est la Chine. Alors que 53 GW de capacités nucléaires sont déjà en service, 25 GW supplémentaires sont en construction. Il faut dire que construire un réacteur nucléaire en Chine coûte nettement moins cher qu'ailleurs. À la fois en raison de la politique chinoise en faveur de l'atome, mais aussi de règles de sûreté moins strictes.
Et chez nous ?
En Belgique, l'opinion vis-à-vis du nucléaire est plus contrastée. Si la loi prévoit toujours la fin du nucléaire en 2036, le MR a mis sur la table sa priorité : construire 8 GW de nouvelles capacités nucléaires, entre 2025 et 2040.
À côté des projets précités, portant sur la construction de réacteurs nucléaires classiques, d'autres pays envisagent d'investir dans la technologie SMR. Pour rappel, les small modular reactors sont des versions miniaturisées des réacteurs actuels. Leur grand avantage, du moins dans un premier temps, est d'être… plus petits et donc de nécessiter un investissement de départ moins important. Une entreprise peut donc s'offrir un SMR, en vue de décarboner ses activités.

Plusieurs pays comme le Canada, les États-Unis, la Pologne, la Roumanie, le Royaume-Uni, la France, la Suède, l’Estonie ou la Belgique ont marqué leur intérêt vis-à-vis des SMR.
Néanmoins, si l’industrie nucléaire veut réellement renaître de ses cendres, elle devra éviter de nombreux obstacles qui se dressent face à elle: les retards et dépassements de budget, mais aussi la concurrence d'autres technologies bas carbone.