Prix au rabais et subsides massifs: l’Europe défie la Chine face au risque d’un désastre pour son industrie automobile électrique
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé l’ouverture d’une enquête officielle sur les subventions publiques chinoises aux automobiles électriques. Le dossier est sensible. Et pourrait déboucher sur un bras de fer commercial.
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- Publié le 13-09-2023 à 17h30
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La crainte de voir à terme le secteur automobile européen laminé par la concurrence chinoise. Dans les états-majors des grands constructeurs automobiles du Vieux continent, ce scénario catastrophe inquiète face à une Chine de plus en plus agressive sur le plan commercial et où les grands acteurs du secteur bénéficient de subsides massifs, ce qui fausse ouvertement les règles du jeu. Ce mercredi, à l’occasion du discours sur l’état de l’Union, l’Europe est passée à l’action pour défendre ses intérêts stratégiques dans cette industrie grosse pourvoyeuse d’emplois : la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a, effet, annoncé l’ouverture d’une enquête officielle sur les subventions publiques chinoises octroyées aux automobiles électriques locaux.
“La Commission européenne reconnaît la situation de plus en plus asymétrique à laquelle notre industrie est confrontée et se penche en urgence sur les distorsions de concurrence dans notre secteur”
La France et l’Allemagne – avec des poids lourds comme Stellantis (Citroën, DS Automobiles, Opel, Peugeot, Fiat,…), Renault ou Volkswagen – ont pesé de tout leur poids pour inciter l’exécutif européen à bomber le torse sur ce dossier. L’association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) a d’ailleurs salué mercredi “un signal positif” après cette annonce de la présidente de la Commission européenne. “La Commission européenne reconnaît la situation de plus en plus asymétrique à laquelle notre industrie est confrontée et se penche en urgence sur les distorsions de concurrence dans notre secteur”, a déclaré Sigrid de Vries, la directrice générale de l’ACEA.
Des prix 60 % inférieurs
Mais concrètement, que reproche-t-on aux constructeurs automobiles chinois ? De pouvoir pratiquer des prix au rabais grâce à l’obtention d’énormes subventions publiques dans une économie et une industrie où l’État reste omniprésent. Une recette éprouvée qui a déjà permis à la Chine de dicter sa loi dans l’industrie du photovoltaïque.
Résultat : en Chine, les prix catalogue des voitures électriques sont jusqu’à 60 % inférieurs aux prix en… Allemagne. Et au départ de leur immense marché intérieur, les constructeurs chinois comptent bien sur les économies d’échelle générées par l’accès au marché européen pour s’imposer. Au premier semestre de cette année, les marques chinoises captaient déjà 8 % du marché de l’électrique d’Europe occidentale alors que leurs parts étaient quasi nulles en 2019, d’après les calculs de l’analyste Matthias Schmidt, relayés par l’AFP. La percée est donc incontestable. Et ce n’est peut-être qu’un début, des géants comme BYD ou MG s’apprêtant à inonder le marché européen avec leurs modèles à bas prix. La très forte présence de marques chinoises au dernier salon de l’Automobile de Munich ne doit rien au hasard…