Chocs géopolitiques, sanitaires, climatiques ou économiques... : mais au fait, c'est quoi une économie "résiliente"?
Libre Eco week-end | Le Dossier. Les économistes francophones de l'Economic Prospective Club se sont penchés sur cette question évidemment d'actualité au vu des crises, de différentes natures, vécues durant la dernière décennie.
- Publié le 16-09-2023 à 14h08
- Mis à jour le 16-09-2023 à 14h09
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Nos sociétés ont, de tout temps, été confrontées à des risques et des chocs. Qu’elles soient géopolitiques, sanitaires, climatiques ou économiques, ces situations de crise ont eu un impact non négligeable à la fois sur la vie quotidienne et sur l’économie. Dans la gestion des crises, on évoque alors la prévention et la résilience.
La prévention consiste à réduire les chocs ou réduire l’exposition au choc. Quelle est la différence avec la résilience ? “En économie, la résilience est la capacité des agents économiques à prévoir les risques et dangers avant d’en être affectés, à endurer le choc, puis à s’en remettre. On dit d’une société qu’elle est résiliente lorsqu’elle est capable de surmonter rapidement des chocs”, indiquent les économistes de l’EPC, l’Economic Prospective Club.
On peut distinguer trois caractéristiques à un système résilient: la redondance, la diversification et la plasticité."
L’économie ne peut, à elle seule, mettre en place tous les ingrédients pour renforcer la résilience face aux crises. La résilience suppose alors une approche pluridisciplinaire par l’interaction de facteurs à la fois sociaux, économiques et environnementaux.
Quelles sont les caractéristiques d’un système résilient ? “On peut distinguer trois caractéristiques : la redondance, la diversification et la plasticité”, soulignent les membres de ce groupe de réflexion.
-> Lire notre dossier: Guerre, Covid, climat : comment faire face et mieux gérer les crises ?
1. Éléments redondants
Disposer d’éléments redondants dans un système lui permet de continuer à fonctionner quand l’un de ceux-ci est défaillant. Ainsi, on trouve de la redondance dans l’organisation des chaînes d’approvisionnement (le stockage), la gestion du système électrique en cas de défaillance d’une grosse centrale, dans la gestion des hôpitaux (possibilité d’avoir des lits mobilisables à tout moment).
2. Système diversifié
“En marge de la redondance, un système doit pouvoir être diversifié. Un système diversifié, dans ses intrants, son fonctionnement et ses produits, est un système plus résilient”, constatent les économistes.
Un portefeuille financier diversifié peut réduire l’impact du choc sur une valeur particulière ; un approvisionnement géographique diversifié peut diminuer l’exposition aux variations climatiques et aux blocages géopolitiques. La diversification agricole réduit aussi l’exposition aux maladies et contribue à la santé des sols.
3. Faire preuve de plasticité
Un système résilient fait aussi preuve de plasticité qui lui permet d’absorber les chocs. La crise du Covid-19 a montré l’importance de la résilience d’une économie. Le virus a touché toutes les régions du monde mais les niveaux de contamination et de décès ont été plus élevés dans les pays du Nord, la Chine et le Brésil. Et, pourtant, ce sont ces régions (à l’exception du Brésil) qui ont été les moins impactées économiquement. Pourquoi ? Parce que ces pays bénéficiaient, en amont, d’infrastructures de santé et d’IT adéquates, d’économies diversifiées, de systèmes de sécurité sociale développés et que leurs gouvernements sont massivement intervenus pour soutenir les ménages et les entreprises.