"Empêcher la faillite de ‘canards boiteux’ n’est pas souhaitable"
Libre Eco week-end | Les économistes de l'Economic Prospective Club estiment que les crises sont souvent des moments clés pour réformer en profondeur notre économie.
- Publié le 17-09-2023 à 16h01
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Si les crises que nos sociétés traversent engendrent des coûts, elles sont aussi sources d’opportunités. Elles ont donc aussi des vertus.
Du côté des coûts, l’instabilité économique résultant d’une crise engendre une perte de bien-être et des effets néfastes sur le système économique. Elle peut provoquer la constitution d’une épargne de précaution excessive et réduire la consommation. L’aversion au risque engendre également une perte de croissance. De fortes fluctuations conjoncturelles augmentent aussi le risque de faillites et donc la prime de risque incorporée dans tout projet économique.
“De ce fait, les chocs économiques ont potentiellement un coût élevé et ce coût peut être persistant, relèvent les économistes de l’EPC (Economic Prospective Club). Avec une récession, on peut se retrouver sur une trajectoire plus basse de manière permanente, sans rattrapage ultérieur. En cas de crise, il est donc parfois nécessaire de stabiliser une économie.”
-> Lire notre dossier: Guerre, Covid, climat : comment faire face et mieux gérer les crises ?
“Destruction créatrice”
Mais une crise peut aussi avoir des mérites. On parle de “destruction créatrice”. “Une crise élimine les acteurs économiques moins adaptés et accélère une réallocation des ressources qui peut être bénéfique, rappellent les membres de l’EPC. Empêcher la faillite de ‘canards boiteux’ n’est pas souhaitable alors que d’autres secteurs sont bloqués par un manque de main-d’œuvre. De plus, une crise peut provoquer l’adoption de mesures structurelles bénéfiques. On constate que c’est dans les crises que l’on réforme.”
La crise est aussi source d’enseignements. Elle pousse parfois à revoir l’analyse économique. Des questions sont alors soulevées : quel est le bon objectif en matière d’inflation ? Faut-il interdire le financement monétaire des États ? Quels outils doivent accompagner l’unification monétaire ? Faut-il poursuivre un objectif de déficit budgétaire nul ?
"Il n'y a pas de solutions miracles"
“Les crises amènent aussi à s’interroger sur le rôle de l’État-providence, poursuivent les économistes de l’EPC. L’État peut-il tout régler ? Certains chocs échappent ainsi à son champ d’action alors que certaines crises réclameraient une coopération entre les gouvernements.”
Les crises à venir ne sont pas toujours prévisibles et même parfois pas concevables. L’État ne peut donc pas tout couvrir. Mais, il est possible de développer, dans la sphère économique, des outils de prévention et de résilience face aux crises. “Il n’y a toutefois pas de solutions miracle. Cependant, une prise de conscience et la mise en place de mesures adéquates devraient permettre d’amortir les chocs et de tirer parti des avancées que provoquent les crises”, estiment les économistes en présence.