Budget : la Vivaldi doit trouver plus de 2 milliards de plus pour 2024
Le pré-rapport du Comité de monitoring montre que l’ardoise monte même à 6 milliards d’euros en 2028. En cause : la surestimation des recettes fiscales liées à l’impôt des sociétés. Le conclave va être chaud !
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/16e12df7-ddb4-42fc-bfe1-285390232bf8.png)
- Publié le 19-09-2023 à 10h36
- Mis à jour le 19-09-2023 à 10h39
:focal(2680.5x1795.5:2690.5x1785.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/2UHAIELW4VBPPJ42HG2C2JUYIE.jpg)
Au départ, ce sont les mêmes chiffres sur l’état de notre économie. Les experts du Bureau fédéral du Plan et les experts du Comité de monitoring travaillent sur les mêmes bases d’inflation, de croissance économique, etc. Et pourtant, leurs projections sur les résultats de la guidance de nos finances publiques divergent. Et pas qu’un peu.
Pour 2023, cela ne se voit pas trop. Il n’y a même pas 100 millions d’euros de différence : le déficit public de l’entité (État fédéral) cette année, était estimé au début de l’été à environ 23,5 milliards d’euros. Le Bureau du Plan l’a revu à la hausse – on s’y attendait – à 24,4 milliards d’euros.
À bonnes sources, le pré-rapport du Comité de monitoring – le définitif sera publié le 21 septembre – met en lumière une détérioration importante du déficit les années suivantes. Y compris pour 2024. Tout l’enjeu des discussions budgétaires qui ont commencé entre partenaires de la Vivaldi va s’en trouver corsé.
Alors que la Vivaldi, en mars, s’était accordée pour faire un effort supplémentaire de réduction de déficit de 1,2 milliard d’euros. Rien que pour l’État fédéral, qui supporte l’essentiel du déficit public, la différence entre les récentes projections du Bureau du Plan et celles du Comité de monitoring font étalage d’une différence de… 3,585 milliards d’euros ! On est loin du 1,2 milliard d’euros à trouver. Tout compris, le déficit des pouvoirs publics (fédéral, régions, pouvoirs locaux, etc.) dépassera largement les 30 milliards l’année prochaine.
L’enjeu de 2026
L’addition se corse même davantage pour la suite. Le différentiel grimpe à 4,37 milliards d’euros en 2026, 5,3 milliards d’euros en 2027 et même 6,3 milliards d’euros en 2028. Une sacrée tuile, pour cet exécutif et surtout pour le suivant, sachant que pareils niveaux de déficit ne permettent pas de diminuer l’endettement public qui, lui aussi, prendra donc de la hauteur ces prochaines années. À bonnes sources, on nous explique que la différence tient pour beaucoup dans la surestimation des recettes fiscales, notamment du côté de l’impôt des sociétés (ISOC). On s’étonnait en juin de voir un tel niveau de recettes fiscales attendues. Et bien, si le rapport final attendu ce jeudi du Comité de monitoring confirme ces piètres chiffres budgétaires, les discussions vont vite s’annoncer houleuses. Un trou de plus de 2 milliards en plus de l’effort déjà prévu, cela ne se fera pas en deux coups de cuiller à pot.
En avril, on s’en souvient, le Conseil supérieur des Finances avait déjà alerté sur l’effort gigantesque qu’il faudrait réaliser pour ne serait-ce que stabiliser la dette aux alentours de 105 % du PIB. Pourquoi ? Parce que la charge d’intérêts grimpe, d’abord ! Alors qu’elle est attendue à un peu plus de 8 milliards cette année, elle devrait grimper à… 15 milliards d’euros en 2028. Ensuite, parce que l’Europe veille au grain. L’an prochain, la Belgique devra montrer patte blanche, sans quoi elle risque d’encourir une procédure de déficit excessif. Avec à la clé des sanctions, in fine, financières. Soit.
Les experts estiment qu’en 2024, les jeux sont déjà un peu pliés, surtout qu’il s’agit d’une période électorale. Les promesses vont pleuvoir. L’enjeu sera surtout, dès la formation du prochain exécutif, de définir une trajectoire budgétaire qui tienne la route, et qui ramène le plus vite possible, en 2026, le déficit public sous les 3 % du PIB. On en est loin…