Entrée en Bourse d’Instacart, un succès qui cache quelques déconvenues
Le retour d’un climat plus favorable aux introductions en Bourse révèle le malaise présent dans le segment du “private equity”.
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- Publié le 19-09-2023 à 15h05
- Mis à jour le 19-09-2023 à 15h07
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Bonne nouvelle pour la plateforme de livraison de colis de nourriture (épicerie) américaine Instacart : le marché est preneur de ses actions. La société californienne qui entame son parcours boursier ce mardi au Nasdasq, a bénéficié de l’engouement des investisseurs pour les actions de la société britannique Arm qui a fait une entrée en Bourse remarquée la semaine dernière. Instacart a donc décidé de relever de 2 dollars la fourchette du prix d’introduction, entre 28 et 30 dollars. Comme elle compte faire coter 22 millions d’actions, elle devrait lever entre 616 et 660 millions de dollars, et même plus en cas de demande importante. Ce qui la valoriserait aux alentours de 9 milliards de dollars. Mais on sait que le marché peut faire exploser les valorisations, comme on l’a vu avec Arm qui a bondi de 25 % au premier jour de cotation. La société est bénéficiaire depuis 5 trimestres, et son modèle d’affaires est solide puisqu’elle ne fait que prélever une partie du volume d’affaires transitant par sa plateforme.
Du privé au public
Mais avant de devenir publique, Instacart a connu une vie financière active, portée par les acteurs du monde du “private equity”, le non coté. Et l’on sait que ces dernières années, ce secteur a été pris d’assaut par les gestionnaires de fonds d’investissement en raison de la disponibilité exceptionnelle de capitaux dans le cadre des taux d’intérêt au plancher. Las, avec la remontée des taux d’intérêt qui est en cours, alimentée par la politique des banques centrales, l’argent est devenu moins accessible, et pour les investisseurs, le marché obligataire ou même le monétaire, offrent désormais des rendements attractifs. Il y a donc moins d’argent disponible dans le segment du non coté. Ce qui explique en partie le redémarrage des introductions en Bourse.
Les derniers investisseurs perdants
On l’a dit, Instacart serait donc valorisée autour de 9 milliards de dollars. Le Wall Street Journal (WSJ) a relevé les montants qui avaient été injectés dans le capital de l’entreprise lorsqu’elle était encore en phase de développement puis d’accélération. Le grand gagnant du pari Instacart est le fonds Sequoia Capital qui a injecté 8 millions de dollars en 2013. Selon les estimations du WSJ, l’investissement de Sequoia serait désormais évalué à… 1 milliard de dollars. Sans compter les ajouts de quelque 300 millions de dollars amenés par la suite.
Mais les investisseurs qui ont participé aux derniers tours de table l’on fait lorsque l’entreprise était valorisée jusqu’à 39 milliards de dollars. Ainsi T. Rowe Price a investi 86 millions de dollars en Instacart en 2020. Si tout se passe comme prévu, cette participation ne vaudra plus que 40 % de sa valeur initiale. Même scénario pour DST Global qui a misé 75 millions de dollars en 2020, ou General Catalyst qui a investi 50 millions de dollars au même moment. Sans compter que les actionnaires existants ne pourront vendre leurs titres que dans un an. À quel prix ? Mystère.