L'auto belge est en pleine mutation (CHRONIQUE)
Publié le 21-01-2018 à 20h55 - Mis à jour le 21-01-2018 à 20h59
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Une chronique de Marie Lambert, Maxime Ledent et Joachim Davoli.
Une étude passe à la loupe les concessionnaires de véhicules neufs en Belgique.Alors que le Salon de l’auto 2018 bat son plein, HEC Liège finalise une étude des concessionnaires de véhicules neufs en Belgique. Cette étude est effectuée par le service d’analyse financière et de finance d’entreprise de HEC Liège (ULiège) dirigé par le Professeur Marie Lambert dans le cadre d’un partenariat avec BNP Paribas Fortis. L’objectif de l’étude est de mieux appréhender le secteur via une analyse de son évolution, de sa sensibilité face à différentes variables macroéconomiques, et de sa santé financière. Pour ce faire, les comptes annuels de 2010 à 2016 de 35 groupes de concessionnaires sous formats anonymes ont fait l’objet d’une analyse financière détaillée, complétée par des entretiens menés avec deux acteurs majeurs du secteur (Traxio et la Febiac) ainsi que par une enquête auprès des clients concessionnaires de BNP Paribas Fortis et de ses chargés de relations.
Le secteur des concessionnaires automobiles est actuellement en pleine phase de consolidation et de mutation. Les concessionnaires, dont les marges se compriment, sont en effet contraints de réaliser des économies d’échelle sous la pression des marques et des importateurs. Des données comme le vieillissement du parc automobile, la plus faible fréquence des entretiens, la baisse du nombre de visites avant l’achat, et la vente directe par le producteur sont des facteurs essentiels qui vont sans aucun doute redéfinir la structure du marché des concessionnaires. Les possibilités en matière de configuration de véhicule sur les sites internet des marques changent le comportement de l’acheteur qui arrive en concession en étant déjà bien informé. Sur le long terme, on peut également s’attendre à ce que le consommateur attache de plus en plus d’importance à la connectivité de son véhicule, la flexibilité de la voiture comme solution de mobilité et l’économie de partage.
L’étude de HEC Liège est menée au niveau des groupes de concessionnaires, car il est clairement établi qu’un concessionnaire indépendant de petite taille a probablement déjà fait l’objet d’une absorption, et que ce processus de consolidation se renforcera dans le futur. L’analyse couvre la période de 2010 à 2016 et analyse la sensibilité du secteur aux conditions économiques, sa santé financière globale ainsi que par marque. L’étude nous permet de distinguer les acteurs les plus performants des moins performants ainsi que les déterminants de cette performance sur la période. Si le secteur est relativement influencé par les conditions économiques du pays, il est aussi et surtout dépendant de l’évolution du contexte législatif et social. La suppression de l’Ecobonus en 2011 pousse ainsi le nombre d’immatriculations de véhicules neufs vers un record historique (572 211), suivi par une correction ou un "retour à la normale" entre 2012 et 2015, aux alentours des 500 000 immatriculations. Les mesures annoncées en matière de taxation des voitures de société, de déductibilité des véhicules hybrides et de "dédieselisation" du parc automobile risquent aussi d’exercer des influences sur les ventes des prochaines années. Les acteurs du marché regrettent que l’arsenal législatif ne s’inscrive pas sur le long terme alors que l’achat d’un véhicule constitue un investissement pour les ménages.
Sur le volet de l’emploi, les concessionnaires automobiles maintiennent un niveau relativement stable de travailleurs, préférant l’utilisation du chômage économique à celle de licenciements. En cause, le coût significatif lié aux formations du personnel.
L’étude démontre que le contexte économique de ces dernières années a renforcé la compétition entre les marques, mais également entre les concessionnaires. Ainsi, les concessionnaires les plus performants réalisent des investissements immobiliers et mobiliers réguliers et importants et sont également ceux qui assurent une meilleure rotation du stock. Ce dernier élément est un point important car les marques et les importateurs exercent en outre une pression qui conduit à l’accumulation des stocks, se déchargeant ainsi du risque d’invendus.
Par ailleurs, les évolutions technologiques, comportementales et réglementaires redéfinissent l’image traditionnelle du concessionnaire belge. Le secteur automobile belge doit se réinventer.