Co entrepreneur Café #56 : Pouvoir reconstruire
Une chronique signée Roald Sieberath, multi-entrepreneur, coach de start-up et venture partner pour LeanSquare, directeur de AI Black Belt, professeur invité à l’UCLouvain et à l’UNamur
Publié le 01-12-2019 à 06h00 - Mis à jour le 01-11-2020 à 06h00
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La crise du Covid peut nous déboussoler : très littéralement nous désorienter, nous faire perdre le Nord, nous masquer les repères qui jusque-là guidaient notre cap.
Certaines entreprises sont à peine touchées par la crise, voire même se retrouvent en croissance : e-commerce, formations en ligne, etc. Pour d’autres, par contre (commerce de détail, restaurants…), même avec la possibilité de livraison ou de click&collect, les temps sont extrêmement durs, voire impossibles (perte de 90 % du chiffre d’affaires, tout en devant continuer à payer un loyer…). Certains parfois se retrouvent ou se sentent dans des situations sans issue, comme l’a rappelé le drame de cette coiffeuse-barbière liégeoise.
On devrait en tout cas permettre de faire la distinction entre d’un côté les personnes, de l’autre les activités économiques (entreprises). Une des raisons d’être de la "personne morale" qu’est une entreprise, c’est précisément de pouvoir la distinguer de la personne de son fondateur. Dans l’appellation "Srl" pour "société à responsabilité limitée", ces deux derniers mots sont capitaux pour souligner que le risque économique que prend normalement un fondateur est limité au capital de la société (qui peut être faible, même s’il doit être suffisant pour assurer l’activité). Il existe une responsabilité de fondateur pendant les trois premières années, mais la crise actuelle peut sans nul doute être considérée comme force majeure. La théorie entrepreneuriale de l’effectuation parle d’ailleurs de affordable loss : engagez-vous sur des risques que vous pouvez vous permettre de prendre.
Des mesures existent pour assurer le soutien, d’un côté aux entreprises, de l’autre aux personnes. Cela ne va pas suffire à sauver toutes les entreprises : certaines avaient contracté des emprunts lourds, d’autres ont perdu leur clientèle ; des milliers de faillites semblent malheureusement inévitables.
Ce qui semble essentiel, c’est que les entrepreneurs ne se mettent pas trop dans le rouge (financièrement, moralement, physiquement…) pour sauver l’entreprise. Au-delà d’une limite, lâcher l’entreprise peut être une mesure de sauvegarde pour l’individu. Qui peut traverser une faillite, rebondir, et le temps venu, reconstruire.