Dividendes au plancher pour les banques de la zone euro
La BCE autorise à nouveau le versement de dividendes, mais dans certaines limites. Une nouvelle accueillie de manière mitigée par les marchés, où deux visions s'opposent sur le sujet.
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Publié le 16-12-2020 à 20h03 - Mis à jour le 16-12-2020 à 20h04
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Pour les actionnaires des principales banques de la zone euro, ce n’est pas une bonne nouvelle même si cela aurait pu être pire. La Banque centrale européenne (BCE) a en effet précisé sa position en matière de distribution de dividendes dans un sens restrictif. Elle a autorisé les banques à verser de nouveau des dividendes sans qu’ils excèdent 15 % de leurs bénéfices cumulés des années 2019 et 2020, les invitant cependant à la prudence en pleine pandémie du coronavirus.
“Toutes les banques”, soit 113 établissements surveillés par le superviseur unique lié à la BCE, doivent “envisager de ne pas distribuer de dividendes en espèces” ni “procéder à des rachats d’actions”, ou bien “limiter ces distributions” et ce “jusqu’au 30 septembre 2021”, selon un communiqué publié mardi
Pour rappel, au début de la pandémie en mars, la BCE avait adopté une recommandation de gel temporaire des dividendes et rachats d’actions. De quoi plomber les cours des actions bancaires européennes qui n’ont cessé de dégringoler depuis la crise financière de 2008-2009.
Deux écoles
Il y a deux écoles par rapport à cette question du dividende. Il y a celle qui dit qu’il faut faire preuve de prudence en raison des importants risques de défauts de paiement - le chiffre de 1 400 milliards d’euros dans le “pire des scénarios” a été cité - quand les mesures de soutien, telles que les moratoires sur les crédits, seront levées.
Et il y a le camp de certains banquiers ou analystes qui font valoir qu’il faut donner la possibilité aux banques de lever de nouveaux capitaux si nécessaire par une politique de dividende attractive. “Cet argument a été entendu par la Banque d’Angleterre qui a accepté des conditions assez généreuses pouvant aller jusqu’à 25 % de distribution du bénéfice. La BCE a, elle, manifestement écouté les arguments des alarmistes plutôt que ceux des banquiers. Ce sont les Américains qui sont les moins restrictifs en interdisant, certes, les rachats d’actions mais en autorisant la distribution des dividendes aux mêmes niveaux que ceux pour l’exercice 2019”, note Eric Dor, Directeur des Études Économiques IESEG School of Management (Université catholique de Lille).
Il est trop tôt pour savoir comment cette recommandation se traduira en matière de distribution des bénéfices aux actionnaires. “Nous communiquerons à propos de notre politique de dividende lors de la communication des résultats sur l’exercice complet 2020”, soit début 2021, nous indique-t-on chez KBC.
En attendant, la réaction sur le marché parisien a été relativement négative, marquée par des baisses de cours des actions bancaires. BNP Paribas, dont l’État belge est le premier actionnaire, a perdu jusqu’à 2,34 %.
La présentation mercredi par la Commission européenne de sa stratégie visant à prévenir l’accumulation, dans les banques, de prêts non performants (PNP) n’a, elle, suscité aucun commentaire particulier sur les marchés. Les mesures passent notamment par un développement des marchés secondaires pour les actifs douteux. L’idée de créer une “bad bank” commune à l’Union européenne n’a pas été retenue.