Est-ce que l’économie belge va bientôt se redresser ?
Après plusieurs mois d'un marasme économique et sociale sans précédent, l'horizon semble s'éclaircir. De quoi relancer très bientôt l'économie? Une chronique signée Koen De Leus, Chief Economist chez BNP Paribas Fortis.
Publié le 18-12-2020 à 16h55
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Nous traversons une sombre période. Mais l’annonce de plusieurs vaccins fait quand même entrevoir une lueur au bout du tunnel. Il nous faudra encore de la patience pourtant car sur les plans logistique et thérapeutique, il reste encore des tas de points d’interrogation.
Taux de vaccination (trop) élevé
Les vaccins de Moderna et de Pfizer/BioNTech ont un taux d’efficacité de 95 %. Le monde ainsi que les bourses poussent un soupir de soulagement. En association avec la contagiosité du virus, l’efficacité d’un vaccin détermine le nombre de personnes à vacciner pour parvenir à une immunité collective. Et cette immunité collective est à son tour nécessaire pour revenir à un cours plus ou moins normal des choses.
95 %, c’est un taux d’efficacité élevé. Malheureusement, avec ses 3,3, le taux R de reproduction du virus est élevé, lui aussi. Chaque personne infectée en contamine 3,3 autres si nous ne prenons pas de précautions. Il s’ensuit qu’il faut encore et toujours vacciner 80 % de la population pour parvenir à l’immunité collective. Mais un sondage dans les pays européens révèle qu’en moyenne 30 à 50% à peine de la population est prête à se faire vacciner rapidement.
Nous devons donc faire diminuer le taux R pour abaisser le seuil indispensable de vaccinations. Comment ? Avec un confinement, nous ramenons rapidement le R sous 1. Mais les effets sur l’économie sont néfastes. Au quatrième trimestre, nous allons de nouveau tout droit vers une contraction de l’économie, qui sera certes beaucoup moins importante qu’au deuxième trimestre.
Quelles sont les mesures moins radicales envisageables ? Selon les experts, fermer les écoles diminuerait le R de moitié. Mais ce n’est pas tenable à terme non plus. La seule mesure ayant un effet plus ou moins équivalent, c’est de limiter les regroupements à 10 personnes. Le taux de reproduction passe alors de 3,3 à 2. Et dans ce cas, il ne faut plus vacciner ‘que’ 60 % de la population.
Obstacles à une économie qui tourne à 100 %
Ce taux de vaccination, nous y parviendrons à grands renforts de communication. Mais combien de temps dure l’immunité ? Et malgré cette immunité, peut-on encore contaminer des personnes qui ne sont pas vaccinées ? S’ajoutent ensuite les défis d’ordre logistique : ainsi, il faut administrer deux injections en un certain laps de temps. Le vaccin du tandem Pfizer-BioNTech doit être conservé à −70°C. Il faut pour cela mettre en place une nouvelle filière d’approvisionnement.
À mesure que les personnes vaccinées augmenteront en nombre, les restrictions pourront être progressivement levées. Et à la fin – fin 2021 avec un peu de chance et beaucoup de bonne volonté – l’économie à 90 % fera place à une économie capable de tourner à plein régime. Conclusion de tout cela : avec la nouvelle positive des vaccins, nous entrons dans une zone de clair-obscur. Avant que le soleil ne rebrille de mille feux, nous avons encore un fameux parcours d’obstacles à franchir.