Comment les entreprises mènent leur transformation vers le durable

La révolution durable de l’économie signifie aussi que les investisseurs doivent adapter leur stratégie. Une chronique signée Thomas Hohne-Sparborth, responsable de la recherche sur la durabilité à la banque Lombard Odier.

Contribution externe
La transformation du système alimentaire est inévitable, avec moins de viande au menu.
La transformation du système alimentaire est inévitable, avec moins de viande au menu. ©Shutterstock

L’économie a besoin d’une transformation profonde pour devenir durable et relever les défis futurs. Cette nouvelle orientation profitera aux entreprises qui rendent ces changements possibles ainsi qu’aux investisseurs qui intègrent celle-ci au cœur de leur processus de gestion.

Il y a quelques années encore, l’investissement durable était un sujet considéré comme accessoire par de nombreux investisseurs. Car ces produits financiers avaient la réputation d’être peu rentables. Depuis lors, de nombreuses études ont démontré que les placements durables ne sont pas moins rentables. Et il apparaît même de plus en plus clairement que la durabilité peut augmenter les chances de gains futurs. Les raisons en sont simples.

Nous nous trouvons vraisemblablement au milieu d’une nouvelle révolution industrielle, comparable à la révolution informatique. La transition vers une économie plus propre et plus verte devrait suivre un schéma similaire et s’effectuer d’abord lentement, puis avec une force inexorable.

Nouvelle stratégie d’investissement

Les signes avant-coureurs sont déjà visibles aujourd’hui, sous l’impulsion de la baisse constante des coûts des technologies durables. Comme, par exemple, l’énergie solaire, l’une des sources d’énergie les moins chères au monde, ou les batteries, grâce auxquelles les véhicules électriques peuvent désormais concurrencer les moteurs à combustion, ainsi que les protéines végétales. Ces changements conduisent les entreprises à intégrer davantage ces innovations dans leurs modèles commerciaux, ce qui permet des économies d’échelle et une nouvelle baisse des prix conséquente.

Pour les investisseurs, la révolution durable de l’économie signifie qu’ils doivent adapter leur stratégie de placement à cette nouvelle réalité. Certes, une économie plus verte, plus propre et plus électrifiée nécessite des investissements considérables, mais les fonds devront être investis dans des technologies et des modèles d’entreprise très différents. Si l’on veut participer avec succès à la transition, il s’agit de comprendre les modèles commerciaux du futur et d’élaborer des portefeuilles durables en conséquence. Si nous n’anticipons pas ces changements à temps, il s’agira d’opportunités manquées qui pourraient nous prendre complètement au dépourvu.

Un exemple : selon les Nations unies, la population mondiale vient de passer le cap des 8 milliards d'habitants et 9,7 milliards de personnes devraient peupler la planète d'ici 2050. Problème : pour continuer à nourrir tous les habitants de la planète, il faudra des terres arables supplémentaires, ce qui implique des défrichements, une perte de biodiversité et une augmentation des émissions de CO₂. Si nous extrapolons le besoin en terres, associé à notre système alimentaire actuel, en tenant compte de l'augmentation des revenus et de la croissance des populations, ce besoin sera supérieur aux terres disponibles sur la planète. Une transformation des systèmes alimentaires est donc inévitable. Cela s'exprime clairement dans la production de viande, qui nécessite d'élever des milliards d'animaux et d'utiliser des millions d'hectares de terres comme pâturages et pour la culture d'aliments pour bétail, au lieu de nourrir directement la population mondiale.

Un marché de 1,5 trillion de dollars

Le passage à des alternatives végétales est donc un élément important de la transition durable. Parallèlement, les efforts dans la lutte contre le gaspillage alimentaire s’intensifient. Les entreprises qui développent de nouvelles solutions alimentaires durables sont donc très recherchées.

Les investisseurs peuvent également bénéficier de cette (r) évolution et de l’introduction de nouvelles méthodes d’économie agricole, de nouveaux modes d’alimentation et de technologies qui s’alignent sur les objectifs mondiaux de protection du climat et de la nature.

Selon nos estimations, ce changement de paradigme crée de multiples opportunités de croissance qui représente un chiffre d’affaires annuel de 1,5 trillion de dollars à l’échelle mondiale d’ici 2030.

L’énergie et l’économie circulaire

Les systèmes énergétiques vont devoir aussi se transformer. Les entreprises recherchées ici sont celles dont les solutions et les technologies permettent à l’économie d’abandonner les combustibles fossiles et de se tourner vers de nouvelles formes d’énergie plus respectueuses de l’environnement. Sont également concernées les sociétés qui parviennent à transformer leur modèle dans des secteurs très pollués en investissant dans des technologies à plus faible teneur en carbone. Dans le domaine des matériaux, les entreprises qui s’orientent vers une économie circulaire, permettant un meilleur recyclage, une meilleure conception, une meilleure efficacité des ressources et un processus de production amélioré, ainsi que de nouveaux modèles d’utilisation, sont également recherchées.

Quel que soit le segment choisi, les entreprises ayant une approche innovante de la durabilité devraient à l’avenir surperformer par rapport à leurs concurrents conventionnels, au bénéfice de la nature et de la société… mais également des investisseurs éclairés.

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