Pourquoi vous ne devriez pas vendre en période haussière
Une chronique de Ken Fisher, fondateur de Fisher Investments.
Publié le 07-03-2023 à 10h10
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Est-il temps de vendre ? Sachant que les actions de la zone euro ont grimpé en flèche depuis le creux de septembre, le moment pourrait sembler opportun pour quitter le navire, avant qu’il ne sombre à nouveau. Mais l’histoire montre qu’il n’est pas judicieux de se détourner des actions après les premières envolées d’un nouveau marché haussier. Cela est coûteux. Car en règle générale, les actions progressent davantage. Voici pourquoi.
Les sources d’inquiétude se multiplient à l’heure actuelle : “navires espions” russes, récession, inflation, hausse des taux de la BCE, autant de facteurs qui poussent de nombreux commentateurs à affirmer que la reprise n’est pas réelle. Tout ceci s’inscrit dans le “pessimisme issu de l’incrédulité” que j’évoquais en août dernier. Les actions intègrent ces facteurs dans leurs cours, en les comparant à de nouvelles réalités futures. Elles forment ainsi le “mur des inquiétudes” que chaque marché haussier doit escalader, à mesure que les craintes s’avèrent exagérées, les unes après les autres. Même des résultats désastreux, mais qui démentent les prévisions les plus pessimistes, donnent un coup de fouet aux actions.
Voilà ce à quoi nous assistons aujourd’hui. Regardez l’inflation : elle reste élevée dans la zone euro, notamment si l’on observe les chiffres “record” de l’inflation sous-jacente, que beaucoup redoutent. Pourtant, la tendance baissière qui a suivi le mois d’octobre a prouvé que les craintes d’un retour aux années 1970 étaient exagérées. Une très bonne chose pour les actions. De même, le PIB de la zone euro est resté quasiment stable au T4, à 0,1 % en glissement trimestriel. Cela a également soulagé les investisseurs, compte tenu des craintes de récession profonde qui dominaient auparavant. Le phénomène est mondial, le PIB des États-Unis ayant augmenté de 0,7 % en glissement trimestriel au T4. Même le PIB du Royaume-Uni est resté stable, un résultat bien supérieur aux attentes.
Des données publiées plus récemment vont également dans ce sens. L’indice PMI manufacturier de la zone euro s’est contracté en février, mais l’indicateur des services, beaucoup plus large, indique une expansion. Globalement, l’activité économique du bloc a atteint ses plus hauts niveaux en neuf mois. Outre-Atlantique, les indices PMI de février sont ressortis en demi-teinte, mais pas catastrophiques pour autant.
Pour toutes ces raisons, bien que je ne puisse garantir qu’il s’agisse d’un nouveau marché haussier, cela y ressemble fortement. Si mon pronostic se confirme, les actions ont encore de beaux jours devant elles, ce qui représente un risque considérable pour les vendeurs. Prenons l’exemple du S&P 500 américain, qui jouit de l’historique le plus long. Depuis 1925, aux États-Unis, les marchés haussiers ont duré 53 mois en données médianes, soit quasiment trois fois plus que les marchés baissiers (18 mois). Les rendements enregistrés durant les cycles de marché haussiers et baissiers aux États-Unis diffèrent très largement : un gain médian de 158 % contre une perte médiane de 28 % respectivement.
La forte corrélation des actions de la zone euro avec celles des États-Unis (0,80) montre que cette tendance est mondiale, sachant qu’un coefficient de 1,0 traduit une évolution à l’unisson et de -1,0 une évolution diamétralement opposée.
Ces chiffres ne sont pas prédictifs mais soulignent combien il est risqué de vendre maintenant pour les investisseurs en quête de croissance. Pourquoi ? Parce que les rendements répondent à la logique des intérêts composés ! Les actions de la zone euro ont gagné 29,2 % entre le creux de septembre et la mi-février. Si elles continuent de s’apprécier comme je le prévois, ces gains initiaux s’amplifieront tout au long du cycle haussier.
Sans oublier le choix difficile qui attend l’investisseur qui décide de vendre après le rebond initial d’un marché haussier : quand réintégrer le marché ? Attendre que l’inquiétude retombe risque d’être long. Rappelons-nous qu’en 2020, la situation ne s’était pas entièrement éclaircie après le marché baissier suscité par les confinements imposés durant la pandémie. Malgré cela, le cycle haussier qui a suivi a produit des gains plus de trois fois supérieurs à ceux enregistrés par les actions de la zone euro depuis septembre.
Ne laissez donc pas l’ombre de 2022 obscurcir votre vision pour 2023 et au-delà. Les craintes qui se profilent à l’horizon font partie du prix à payer pour profiter des excellents rendements des actions sur le long terme. Un conseil : restez haussier !