En matière de durabilité, l'importance d'apprendre pour agir
Appréhender la complexité du sujet nécessite de se nourrir du débat et de la pratique. Une chronique signée Pauline de Montpellier et Sabrina Courtois, doctorantes au Louvain Research Institute in Management and Organizations, UCLouvain.
Publié le 10-03-2023 à 08h35
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De plus en plus d’opportunités d’apprentissage de la responsabilité sociétale des entreprises (ou RSE) voient le jour, tant dans l’enseignement supérieur qu’au sein des organisations. Individus comme entreprises souhaitent mieux comprendre la responsabilité qu’ont les entreprises par rapport à leurs empreintes sociales, environnementales et économiques sur la société.
Cet apprentissage est essentiel afin d’appréhender la complexité du sujet et dépasser nos compréhensions quotidiennes parfois insuffisantes, voire limitantes. Prenons l’exemple du consommateur qui souhaite choisir un produit sur base de critères de durabilité, ou celui du manager qui doit prendre des décisions socialement responsables tout en considérant les intérêts parfois contradictoires des différentes parties.
Appréhender la complexité…
Pour évaluer si une entreprise est socialement responsable, on peut se questionner sur les façons dont elle contribue aux enjeux du développement durable, qu’ils soient sociaux, environnementaux ou économiques. La grande diversité de ces enjeux, leur interdépendance et leurs natures parfois contradictoires rendent ce sujet complexe, tant pour les individus que pour les organisations. L’apprentissage de la RSE est un processus dynamique qui nécessite une remise en question continue. D’une part, de nouvelles connaissances ne cessent d’émerger de la communauté scientifique. D’autre part, au-delà de ces connaissances, il s’agit de développer des compétences transversales (comme la collaboration et la pensée critique) et d’articuler nos valeurs face à ce concept que chacun définit à sa manière, tant il est lié à notre identité. Diverses initiatives émergent visant à “décloisonner” les savoirs afin de rendre justice aux concepts qui requièrent une pensée systémique, tels que la RSE. Autant dans les universités que dans les entreprises, des équipes interdisciplinaires se forment avec la même conviction : seul, il est impossible de faire face à des enjeux aussi complexes.
… en apprenant sous différentes formes
L’apprentissage de la RSE implique de développer des connaissances, mais aussi d’en débattre et de les mettre en pratique. Tout d’abord, acquérir des connaissances (par exemple, des faits et chiffres sur l’état de notre planète et de la société) peut se faire par des cours et formations. Dans l’enseignement supérieur, des cours spécifiques sont ajoutés aux programmes et l’on voit émerger des réformes plus fondamentales. Des formations se développent également dans les entreprises où sont entre autres utilisés des outils basés sur l’intelligence collective (par exemple, la fresque du climat pour comprendre les causes et effets du changement climatique).
Cet apprentissage est d’autant plus riche qu’il est réalisé individuellement et en groupe. S’intéresser et se confronter aux perceptions des autres permet une meilleure compréhension des tensions, dilemmes et relations vertueuses qui sous-tendent les enjeux de la RSE. Ces débats peuvent, par exemple, avoir lieu dans le cadre de MOOC (cours en ligne ouverts à tous) où étudiants, collaborateurs et dirigeants du monde entier échangent et apprennent collectivement. Ces échanges sont essentiels pour appliquer les connaissances aux pratiques des entreprises. Des communautés de pratiques voient notamment le jour (par exemple, La Smala, The Shift, 2030), rassemblant décideurs et collaborateurs pour réfléchir ensemble aux questions de durabilité, s’inspirer mutuellement des pratiques existantes et prendre la mesure de la responsabilité des entreprises face aux défis de demain.
Toutes ces façons d’apprendre ont d’autant plus de sens lorsqu’elles s’articulent et se complètent, au bénéfice d’une pensée complexe du sujet. Appréhender la complexité des enjeux économiques, sociaux et environnementaux auxquels tout type d’organisation fait face nous permet, à tout niveau, de prendre des décisions informées et de poser des actions pertinentes en faveur d’une transition vers une société plus durable.