Faut-il repenser la formation de fiscaliste?

Libre Eco Week-end | Expert-comptable : un métier en pleine mutation. Il doit aussi être informaticien et psychologue, notamment. Une chronique d'Olivier Guillaume, cofondateur de la fiduciaire Lieutenant Guillaume.

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Outre des connaissances comptables évidentes, les fiscalistes d’aujourd’hui doivent manier un ordinateur avec brio et disposer en plus de solides connaissances informatiques. ©Shutterstock

L’image du fiscaliste au costume austère et à l’attaché-case à bout de bras est révolue. L’expert-comptable du XXIe siècle casse complètement cette image. Outre des compétences en matière de comptabilité proprement dite, ce métier en exige à présent des connaissances variées. Il s’agit d’être aussi informaticien car les outils se complexifient ; psychologue pour rassurer et soutenir leurs clients ; architecte pour réfléchir à la meilleure structure fiscale, administrative et comptable à mettre en place ; mais aussi vulgarisateur pour expliquer de manière simple des données complexes. Des compétences qui devraient être enseignées à l’école. Il est peut-être l’heure de repenser la formation d’expert-comptable…

Une véritable expertise IT

Tous les secteurs sont confrontés à la digitalisation et celui-ci ne fait pas exception. Outre des connaissances comptables évidentes, les fiscalistes d’aujourd’hui doivent manier un ordinateur avec brio et disposer en plus de solides connaissances informatiques. Les ponts entre les logiciels comptables et ceux utilisés par les clients sont de plus en plus nombreux et complexes, et les comptables sont les mieux placés pour comprendre comment les mettre en place.

Les entreprises n’utilisent pas toutes les mêmes systèmes ni les mêmes logiciels. Il faut dès lors avoir des connaissances IT solides et variées pour exploiter les données à grande échelle et faciliter le travail en faisant communiquer les différentes plateformes.

Pour résumer : il faut être extrêmement à l’aise en informatique et rester capable d’évoluer avec les technologies. Ces connaissances devraient être plus poussées lors des études.

Un comptable débutant doit d’abord maîtriser les outils informatiques et, l’expérience aidant, développer une expertise en fiscalité et en analyse de données, pour mettre en place les mécanismes d’optimisation fiscale pour ses clients. Les experts-comptables deviennent de plus en plus des consultants en informatique mais manquent de formation.

Plus de psychologie

En étant aptes à comprendre les différents outils IT et à intégrer une meilleure connaissance technique en la matière, les experts-comptables seraient davantage en mesure de rassurer leurs clients et de les accompagner comme il se doit. Rassurer, voilà une autre facette du métier. Beaucoup de gens ignorent qu’un aspect de plus en plus important s’impose dans le métier : les relations humaines. Dans notre société toujours plus rapide et connectée, les angoisses sont d’autant plus présentes chez les clients.

Et puis, les experts-comptables doivent parfois accompagner les clients dans des moments difficiles de leur vie, comme une faillite ou un redressement. Il faudrait plus insister sur l’aspect psychologique au cours des études. Les étudiants ne sont pas assez armés.

L’expert-comptable ne parle pas que chiffres : il va être en contact avec ses clients qui vont compter sur lui pour leur expliquer clairement ce qu’ils doivent faire, où ils en sont dans leur situation.

Il faut aussi être capable de donner de bonnes nouvelles et malheureusement aussi des mauvaises. Comme par exemple conseiller de licencier quelqu’un car le chiffre d’affaires ne permet pas de garder cette personne, ou que le montant des impôts sera trop important.

Ces tâches nécessitent beaucoup d’empathie et de psychologie, une dimension humaine. Autant de qualités qui devraient être enseignées et faire partie du cursus scolaire plutôt que d’êtres apprises sur le tas.

Adapter la formation de fiscaliste ?

On assiste donc clairement à une complexification du métier et certains suggèrent une adaptation de la formation.

Bien entendu, pas mal de connaissances s’acquièrent avec l’expérience du métier, mais on observe aujourd’hui un manque de formation "basique" qui aiderait vraiment les étudiants, certainement au sortir de l’école. Sans faire ici une critique de l’enseignement, on partage simplement une observation qui est presque systématique lorsque l’on accueille des stagiaires ou engage de jeunes diplômés.

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