Comment l’Erasmus permet une transition plus rapide vers le marché de l’emploi

Une expérience internationale durant les études supérieures permettrait de se distinguer sur le marché du travail. Une chronique signée Laetitia Pozniak et Marc Duhamel.

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Des étudiants internationaux en séjour à l'étranger.
Dans un monde globalisé, une petite économie interconnectée comme la Belgique valorise sans doute davantage les compétences linguistiques et interculturelles. ©Copyright (c) 2014 View Apart/Shutterstock. No use without permission.

La globalisation est en marche depuis des décennies et les économies nationales ont atteint un niveau d’interconnexion sans précédent au 21esiècle. Pour les plus sceptiques, la pandémie du Covid-19, à travers notamment l’interruption des voyages et les soucis d’approvisionnement de divers produits, a illustré parfaitement l’ampleur de cette globalisation.

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Le secteur de l’enseignement supérieur n’échappe pas à ce constat. Un nombre toujours croissant d’étudiants réalise une partie de leurs cursus au sein d’un pays étranger. La création du traité de Maastricht a encouragé cette circulation au sein des pays membres de l’Union européenne, tandis que plusieurs programmes ont été créés afin de promouvoir les mobilités étudiantes, Erasmus étant le plus connu.

Adaptabilité, flexibilité…

Cette internationalisation du secteur de l’enseignement supérieur est souvent considérée comme une stratégie qui prépare au mieux ces jeunes à entrer sur le marché de l’emploi globalisé. En effet, de nombreuses études montrent les bienfaits d’un séjour à l’étranger sur les softs skills tels que l’adaptabilité, la flexibilité, les compétences linguistiques, le fait d’être orienté solution et la capacité à travailler sous pression. Les jeunes diplômés pourraient tirer parti d’une mobilité internationale afin de signaler leurs compétences particulières aux employeurs et ainsi se différencier dans un monde concurrentiel. À cet égard, la Commission européenne avance que les étudiants Erasmus sont moins de 50 % à subir un chômage de long. Elle ajoute que 80 % des anciens Erasmus décrochent leur premier emploi dans les trois mois qui suivent l’obtention du diplôme.

Mesurer l’impact

Bien que la plupart des protagonistes (États, employeurs, universités) soutiennent et reconnaissent les bienfaits de ces mobilités étudiantes, peu de recherches empiriques attestent de l’impact d’une mobilité étudiante sur l’insertion sur le marché du travail, mis à part un nombre limité de recherches qui se focalisent sur des diplômés d’universités allemande, italienne ou anglaise.

Notre étude tente modestement de combler ce manque. Notre terrain de recherche se situe au cœur de la Fédération Wallonie-Bruxelles ; et plus spécifiquement à la Faculté Warocqué d’Économie et de Gestion (FWEG) de l’Université de Mons (UMons).

À l’aide de régression linéaire sur une population de 542 diplômés de la FWEG, nous mesurons l’impact d’une mobilité internationale sur le temps de latence (le délai) entre le diplôme et le premier emploi. Nos résultats montrent que les jeunes diplômés ayant réalisé une mobilité à l’étranger (séjour d’études ou stages) expérimentent un temps de latence réduit de 2.25 mois (comparativement aux diplômés non mobiles). Une mobilité internationale est donc associée à une transition plus rapide vers le marché de l’emploi pour les jeunes diplômés en sciences économiques et de gestion.

Nos résultats suggèrent que les bénéfices d’une mobilité internationale sur le capital humain sont amplifiés en ce qui concerne les étudiants francophones de Belgique. Dans un monde globalisé, une petite économie interconnectée comme la Belgique valorise sans doute davantage les compétences linguistiques et interculturelles. Restons prudents malgré tout. Certains éléments qui peuvent influencer la réalisation d’une mobilité internationale (par exemple, la motivation de l’étudiant) peuvent également jouer un rôle lors de la recherche d’un emploi. Ces facteurs endogènes ne sont pas observés dans cette étude. Et la causalité entre la réalisation d’un séjour à l’étranger durant les études supérieures et l’insertion sur le marché de l’emploi ne peut être établie formellement à l’aide de cette étude.

Cet article met en évidence l’importance pour les gouvernements et universités de soutenir les programmes de mobilités durant les études et d’encourager des recherches empiriques qui s’intéresseraient en profondeur au lien de causalité, si difficile à démontrer.


Laetitia Pozniak est chargée de cours en Finance et coordinatrice académique des échanges internationaux (2015-2022) à la Faculté Warocqué d’Économie et Gestion de l’Université de Mons.

Marc Duhamel est Professeur au sein du département de Finance et économique, directeur de comité de programme de cycles supérieurs CPCS – Doctorat en administration, École de gestion, Université du Québec à Trois-Rivières.

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