Les “Big Four” du luxe : une résilience à toute épreuve

La levée des restrictions Covid en Chine, marché crucial pour LVMH, Hermès, Richemont et Kering, n’est pas la seule explication à la surperformance du secteur. Une chronique de Maxime Ledent et Alexandre Streel, manager BDO Corporate Finance, Alumni HEC Liège et partner BDO Corporate Finance, Alumni HEC Liège.

Lorsqu’en 2020, le monde se confine, les « Big Four » du luxe accélèrent leur digitalisation et embarquent dans le métavers.
Lorsqu’en 2020, le monde se confine, les « Big Four » du luxe accélèrent leur digitalisation et embarquent dans le métavers. ©Copyright (c) 2023 T. Schneider/Shutterstock. No use without permission.

Près de 20 % de hausse, c’est la croissance des ventes enregistrée au premier trimestre 2023 (par rapport à la même période de l’année passée) par les deux poids lourds mondiaux du luxe, LVMH et Hermès, et ce malgré un contexte macroéconomique incertain.

Alors que le cours de Bourse des entreprises technologiques s’érode depuis 2022 tout comme, plus récemment, celui des banques (dans un scénario qui aura inévitablement ravivé le cauchemar de la crise financière de 2008), LVMH devient la première entreprise européenne à franchir le seuil des 500 milliards de capitalisation, intégrant ainsi, par la même occasion, le top 10 des sociétés les mieux valorisées au niveau mondial.

Dans le même temps, le PDG de LVMH, Bernard Arnault, devenait, selon le classement Forbes dévoilé début avril, l’homme le plus riche du monde en pleine période de clivage social lié à la réforme des retraites en France, ayant poussé des manifestants à envahir le siège du groupe à Paris. Il détrônait alors Elon Musk et les autres milliardaires de la tech américaine, dont les pertes se chiffrent en centaines de milliards de dollars depuis le resserrement de la politique monétaire américaine (et la correction boursière y liée).

Les recettes des "Big Four" du luxe

La levée des restrictions relatives à la politique "zéro Covid" en Chine, marché crucial pour la croissance d’acteurs tels que LVMH, Hermès, Richemont ou encore Kering, parfois appelés les "Big Four" du luxe, explique sans doute la surperformance du secteur. Mais pas seulement, puisque sur les 5 dernières années et malgré de nombreux challenges économiques (liés au Covid, à l’inflation, au conflit russo-ukrainien et, plus récemment, aux tensions entre la Chine et Taiwan), le cours boursier de LVMH et Hermès s’est apprécié de plus de 200 %.

Lorsqu’en 2020, le monde se confine, les "Big Four" du luxe accélèrent leur digitalisation et embarquent dans le métavers.

Lorsqu’en 2022 l’inflation s’envole, ils augmentent leurs prix sans fragiliser la demande. Le luxe est l’un des rares secteurs dont la demande est positivement influencée par le prix.

Lorsque la croissance d'une de leurs marques s'essouffle, ils en changent la direction artistique. Par exemple, le remplacement à la tête de Gucci, griffe de Kering, afin de mieux répondre à la tendance du Quiet Luxury, le luxe discret.

Lorsque la croissance organique ne suffit plus, ils procèdent à des rachats stratégiques comme par exemple, l’acquisition de Tiffany&Co par LVMH, afin d’accélérer la croissance aux États-Unis.

Lorsque la nouvelle clientèle Gen Z affirme ses revendications environnementales et éthiques, ils s’y adaptent avec, par exemple, l’arrêt de l’utilisation de la fourrure animale dans l’ensemble des Maisons du groupe Kering.

Alors qu’Alphabet (Google), Amazon, Microsoft et d’autres géants de la tech annoncent le licenciement des dizaines de milliers d’employés depuis le début de l’année, les caractéristiques associées aux biens de luxe et la flexibilité permettent aux "Big Four" du luxe de faire preuve de résilience, même en période de turbulences géopolitiques et économiques… et les marchés boursiers le leur rendent bien.

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