Comment la blockchain peut et va changer notre mode de vie
La blockchain est le nouvel Internet, et nous devons l'accompagner. Une chronique de Christophe De Beukelaer et Raoul Ullens, cofondateurs de la Brussels Blockchain Week qui se tient à Bruxelles du 5 au 11 juin.
- Publié le 08-06-2023 à 08h32
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La blockchain est une technologie qui utilise Internet et qui permet de stocker et de transmettre de l’information de manière instantanée, entièrement sécurisée, transparente et sans intermédiaire. La force de cette transparence et de cette décentralisation en fait une innovation inarrêtable.
Regardons premièrement l’impact social de ce changement. Nos sociétés et leur mode d’organisation sont fortement déterminés par la manière dont on stocke et on partage l’information. Plus elle est rapide et sécurisée, plus elle permet à un grand nombre de personnes de bien coopérer et vivre ensemble. Ainsi, la tradition orale n’a jamais permis de s’organiser autrement que par tribu. Il n’était pas possible d’établir sur base orale des règles de vie commune, de partage de ressources suffisamment robustes et connues de tous pour vivre harmonieusement à plus de quelques centaines d’individus ensemble. Ce n’est qu’avec la propagation de l’écriture que les villes ont pu apparaître et, encore plus tard, avec la propagation de l’imprimerie que les États-nations se sont imposés comme mode d’organisation.
L’informatique et Internet ont déjà créé les prémices de ce qui va succéder aux États-nations. Mais, il faut, avec Internet, toujours un tiers de confiance, un intermédiaire qui gère l’échange. En ce sens, Internet n’est que la première étape qui a très vite permis aux grandes entreprises de prendre le pouvoir et de se positionner parfois au-dessus des États. C’est ce qu’on a appelé, et c’est connoté assez négativement aujourd’hui, la mondialisation.
La blockchain sécurise la transaction
La blockchain permet d’achever cette étape en se passant de ces intermédiaires et ouvre la voie à des réseaux supranationaux de citoyens dont on peine encore à imaginer le fonctionnement. Mais ce qui est certain, c’est que cette évolution majeure est en marche.
La blockchain est aussi une nouvelle manière d’échanger de la valeur monétaire à distance. Jusqu’ici, si vous n’êtes pas à côté d’une personne pour lui donner en mains propres les pièces ou les billets d’argent, il vous faut passer par un intermédiaire pour les lui remettre : une banque généralement mais parfois une entreprise de transfert de fonds ou même une personne de confiance. Avec la blockchain, vous pouvez échanger de la valeur digitale (donc, payer ou être payé) avec n’importe qui n’importe où dans le monde sans devoir faire confiance et rémunérer un intermédiaire. C’est la blockchain qui sécurise la transaction. L’impact pour les individus et les pays débancarisés pourrait être énorme. Cela permettrait tout simplement à des centaines de millions d’individus aujourd’hui exclus du système, de prendre leur part dans le commerce international. La Banque mondiale l’évoquait déjà dans un rapport de 2017 (1) : “Les marchés émergents se caractérisent en général par une faible pénétration bancaire, des acteurs financiers qui sortent de certains marchés, une forte demande pour davantage d’inclusion financière, tant des particuliers que des PME, une forte pénétration du mobile ainsi qu’un moindre développement des infrastructures financières existantes. Combinées, ces conditions peuvent être un puissant catalyseur pour l’adoption de solutions financières adossées à une blockchain pour un saut technologique en avant, susceptible de dynamiser l’inclusion financière et la croissance.”
Deux conditions pour survivre
Concrètement, le fait de ne plus avoir besoin d’intermédiaire pour certifier l’information et sécuriser son transfert, va bouleverser bien des métiers de façon très concrète dans nos vies quotidiennes : les banques, bien sûr, mais aussi les mutuelles (pour certifier qu’une intervention médicale est authentique et donne droit à un remboursement et pour effectuer ce remboursement), les assurances (pour déclencher les clauses de dédommagement de contrats), les notaires chargés d’authentifier des données et des actes, et les administrations (pour la tenue de registres et l’authentification de documents). Ces quelques exemples ne sont que le sommet de l’iceberg car on voit bien qu’à partir de là, la simplification va être exponentielle. Cela ne veut pas dire que tous ces métiers vont disparaître. Ils peuvent survivre à deux conditions. La première est d’intégrer la blockchain dans leur fonctionnement. Et la seconde, c’est d’accepter de changer fondamentalement de nature : de ne pas s’accrocher à leurs activités d’hier qui deviennent superflues mais de développer d’autres services à valeur ajoutée pour la société.
Être à la pointe du changement
Quand on voit que cette nouvelle technologie va modifier notre façon de faire société, notre économie qui est au centre de nos vies à travers la monnaie, et même jusqu’au concret de nos vies avec un grand nombre de métiers qu’elle va chambouler, il devient évident que cette technologie va faire partie de l’Histoire. C’est écrit. Et il ne vous est pas demandé de comprendre tout de suite la “Défi” (finance décentralisée), ni les “DAO” (organisation autonome décentralisée) qui vont changer la gouvernance des entreprises, ni les NFT qui vont susciter une nouvelle forme d’art virtuel et former la base des droits d’auteur de demain, ni les smartcontracts qui sont déjà en train de simplifier la logistique. On ne parlerait pas d’innovation s’il n’y avait pas de complexité, ni une difficulté à l’appréhender. C’est comme Internet. C’est quand une application simple et concrète d’Internet est arrivée sur le marché : le mail, qu’Internet s’est imposé comme une évidence et a envahi notre quotidien en quelques années seulement. Et a changé fondamentalement notre façon de faire du commerce, de nous informer, de voyager, d’échanger…
Le monde avance et ça n’est ni bien, ni mal. On peut se battre contre la nouveauté et être largué. Ou on peut décider de l’accompagner et être à la pointe de ce changement inévitable. Vous l’aurez compris, la blockchain est le nouvel Internet, et nous devons l’accompagner.
(1) IFC, “Blockchain in Financial Servcices in Emerging Markets – Part I”, EMCompass, note 43, août 2017.