Pour renforcer l'économie et mieux répartir les richesses, les très petites entreprises doivent grandir

Une chronique de Roald Sieberath, multi-entrepreneur, coach de start-upet “venture partner” chez LeanSquare/Noshaq, professeur invité à l’UCLouvain et à l’UNamur

Une très grande majorité des entreprises en Belgique comptent moins de 10 personnes.
Une très grande majorité des entreprises en Belgique comptent moins de 10 personnes. ©Copyright (c) 2022 Dmitry Demidovich/Shutterstock. No use without permission.

Lorsque l’on regarde les chiffres de l’activité économique en Belgique (source : Statbel), on peut se dire que l’esprit d’entreprendre a le vent en poupe. Le nombre d’entreprises continue de croître, pour atteindre plus de 1 100 000 entreprises.

Lorsque l’on creuse, une réalité plus nuancée apparaît : par taille, 97 % des entreprises (en nombre d’entreprises) sont des TPE, des très petites entreprises qui comptent moins de 10 employés. Et même 82 % sont des entreprises… d’une seule personne (du coiffeur isolé au consultant indépendant).

Au niveau européen, les chiffres sont assez semblables, ce qui a fait dire qu’elles représentent “l’épine dorsale” de l’économie en Europe. C’est à relativiser quand on voit que 99 % des entreprises (qui sont des PME) ne représentent “que” 58 % du chiffre d’affaires cumulé. Ce qui veut dire que le 1 % de grandes entreprises remporte plus de 40 % du chiffre d’affaires…

Un besoin de variété

Il ne s’agit pas ici d’opposer les petites et les grandes : ce serait stérile, et une économie saine a besoin de variété (en taille, en secteurs, etc.). Mais quand on observe le fonctionnement, par exemple, d’appels d’offres d’un certain montant passés par des donneurs d’ordres importants, qu’ils soient publics ou privés, on voit qu’ils auront tendance à préférer confier la mission à un contractant de bonne taille, pour une variété de raisons : confiance dans un “nom”, stabilité, assurance de bonne fin, etc. Même quand une PME du coin aurait assuré un travail de qualité équivalente, voire meilleure.

D’une certaine façon, ces pratiques instituent une sorte de food chain, de chaîne alimentaire de la sous-traitance, où les gros acteurs s’offrent le plus large morceau du gâteau, alors que les acteurs plus petits doivent se contenter de parts plus étroites, voire de miettes.

Face à ce constat, on peut encourager la longue marche des TPE à devenir des PME, à grandir en maturité, en taille, en montants de contrats. Ce n’est pas faire l’apologie de la croissance à tout prix, mais c’est œuvrer à un renforcement du tissu économique, de son caractère local, et à une meilleure répartition de la richesse produite.

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