Investir dans l’IA oui ! Mais comment le faire intelligemment ?

Une chronique de Ken Fisher, fondateur de Fisher Investments.

Intelligence artificielle.
L’IA nous fait souvent penser à des images de robots de science-fiction, bons ou mauvais, qui fascinent autant qu’ils effraient. La réalité est pourtant moins hollywoodienne. ©Copyright (c) 2023 LookerStudio/Shutterstock. No use without permission.

Poule aux œufs d’or ou oiseau de malheur ? Depuis le lancement de ChatGPT à l’automne dernier, nul ne sait dire si l’Intelligence Artificielle (IA) causera une nouvelle "bulle internet" ou bien l’apocalypse. C’est en réalité un faux débat, car l’IA est autant source de risques que d’opportunités que chaque camp accentue. Laissez-moi vous livrer ici une vision plus nuancée de la réalité.

L’IA nous fait souvent penser à des images de robots de science-fiction, bons ou mauvais, qui fascinent autant qu’ils effraient. La réalité est pourtant moins hollywoodienne. Le terme d’IA désigne le machine learning, ou l’apprentissage automatique, c’est-à-dire la capacité d’un algorithme à apprendre à partir d’un vaste ensemble de données en vue de générer du contenu (texte, images, vidéo ou code). Ces grands modèles de langage, dont fait partie ChatGPT, sont des IA dites "génératives" capables de répondre de façon quasi humaine à des requêtes simples. Si cette capacité leur confère une certaine "intelligence", ils ne font en réalité que de régurgiter du code informatique.

Malgré cela, l’IA suscite à la fois crainte et euphorie. Beaucoup s’inquiètent des deepfakes, et des dangers qui en découlent (arnaques, vols, cybermenaces) ou d’une soi-disant "bulle" de l’IA. Certains affirment même qu’elle menace l’humanité "d’extinction". La lente mise en place d’une législation européenne sur l’IA et la gouvernance "fragmentée" des autorités belges en la matière n’apaisent pas les craintes. Pourtant, ses partisans affirment qu’elle "sauvera le monde", au profit des investisseurs de la première heure.

Mais les deux camps exagèrent. Prenez les inquiétudes autour de la bulle de l’IA. Même les plus pessimistes reconnaissent que les rendements de l’IA ne sont pas à la hauteur de ceux des bulles précédentes. On ne connaît pas encore son impact sur les différents marchés. Il pourrait être positif, ou négatif… ou les deux ! Cette tendance pourrait aussi s’essouffler, à l’image des voitures autonomes ou des imprimantes 3D. Bien sûr, certaines tragédies et arnaques ont été permises par l’IA, mais ce n’est pas quelque chose de nouveau.

L’évolution de l’IA sera lente et prendra de nombreuses années. Il ne s’agira que d’un bruit de fond pour le marché boursier, qui anticipe les bénéfices 3 à 30 mois à l’avance.

Certes, l’enthousiasme que suscite l’IA a soutenu les rendements des actions technologiques, qui ont gagné 35,4 % depuis le début de l’année. Ceci en grande partie grâce aux semi-conducteurs, essentiels à son développement, qui ont bondi de 59,3 %. Mais le leadership de la technologie repose davantage sur la qualité des actions de croissance et la reprise suivant le marché baissier de l’année dernière.

La croissance mondiale apathique et les contractions modérées enregistrées au quatrième trimestre 2022 et au premier trimestre 2023 dans la zone euro alimentent les craintes de récession. Les actions de croissance qui performent indifféremment de l’environnement de marché sont rares, et par conséquent s’achètent aujourd’hui au prix fort. Les titres technologiques liés à l’IA en font partie mais ne changent pas la donne. Après avoir sondé des centaines d’entreprises, je peux dire qu’elles utilisent simplement l’IA pour gagner du temps en automatisant des tâches répétitives ou créer du "blabla" marketing.

Notez que l’IA n’est pas une nouveauté non plus. Le VUB AI Lab à Bruxelles a fêté ses 40 ans cette année. Les start-up de la tech se sont intéressées aux fonds de capital-risque axés sur l’IA plusieurs années avant l’apparition de ChatGPT. Les grands noms de la tech ont utilisé leurs profits conséquents pour financer le développement de l’IA dont la puissance de calcul implique des coûts élevés. Par conséquent, les poids lourds dans le domaine des puces, des logiciels, de l’analyse de données et de la recherche dominent actuellement cette technologie.

Qu’en est-il des entreprises purement axées sur l’IA ? Il est illusoire d’identifier des gagnants sur le long terme, car acheter leurs titres revient à deviner quelles seront les start-up dont les marges justifieront leur valorisation élevée. Personne ne peut le prédire avec exactitude.

Il peut être judicieux d’inclure des titres de l’IA à votre portefeuille, mais ils ne doivent pas être un facteur décisif au moment de choisir une action ou un secteur. Cherchez plutôt des actions de croissance de qualité, puis jugez si l’IA en fait partie.

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