La transition énergétique, pourvoyeuse d’emplois… Mais encore faut-il que la main-d’œuvre suive !
Une chronique d’Eric Piers, CEO de Techlink.
- Publié le 07-09-2023 à 08h15
:focal(3936.5x2632.5:3946.5x2622.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/5HU2KLPVZBDJJOMPZJUSY2BDZQ.jpg)
L’accord du Green Deal est clair : l’Europe devra être climatiquement neutre à l’horizon 2050. Pour cela, il faudra une vague de rénovations durables à grande échelle car les bâtiments représentent environ 40 % de la consommation d’énergie et 36 % des émissions de gaz à effet de serre dans l’Union européenne. Cela signifie qu’au cours des dix prochaines années, les pays de l’Union européenne devront rénover deux fois plus de bâtiments pour réduire leur consommation d’énergie. Ainsi, le secteur de la construction dans son ensemble, et celui de l’installation plus spécifiquement, seront parmi les plus impactés par la transition énergétique. De nombreux emplois devront être créés pour atteindre l’objectif d’une Europe climatiquement neutre en 2050 !
Nous ne pouvons que nous réjouir du constat que la transition énergétique se présente comme une véritable source d’emplois pour notre pays. Les installations multifonctionnelles constituent l’un des moteurs les plus importants de cette transition… Cependant, si la main-d’œuvre qualifiée ne suit pas, le processus risque de prendre beaucoup plus de temps que prévu. Ainsi, depuis de nombreuses années déjà, nous tirons la sonnette d’alarme et lançons un appel aux instances gouvernementales : il faut revaloriser les filières d’enseignement technique et professionnel !
Des compétences, des compétences, des compétences…
Nous insistons sur le besoin en formations appropriées des techniciens et sur l’acquisition de compétences, tout en précisant que la Belgique est le pays européen présentant le plus gros décalage entre le besoin de compétences et l’offre disponible.
La maîtrise des nouvelles techniques, technologies et compétences numériques est devenue fondamentale dans notre secteur. Les jeunes talents qui possèdent cette maîtrise sont particulièrement convoités et sont assurés de trouver un emploi à la sortie des études.
En 2020, il ressortait déjà d’une consultation auprès des entreprises de notre secteur que 90 % d’entre elles éprouvaient de grandes difficultés à trouver de nouveaux collaborateurs sur le marché du travail. Depuis plusieurs années, différents métiers de l’installation se retrouvent sur la liste des métiers en pénurie du Forem. C’est le cas par exemple des techniciens en électrotechniques, des installateurs de systèmes d’alarme, des installateurs sanitaires et HVAC… Malheureusement, la mauvaise image que véhiculent encore et toujours les métiers techniques auprès du grand public reste une des causes principales de ce “désamour”. Or nos métiers ont profondément évolué avec les nouvelles technologies et la transition énergétique, deux fers de lance de notre fédération.
En tant que fédération professionnelle, nous préconisons une collaboration plus soutenue avec les établissements scolaires et les autorités publiques. Le lien entre enseignement et marché du travail peut être amélioré grâce à un apprentissage en alternance axé sur la pratique professionnelle et organisé autour du lieu de travail.
Créer des synergies avec d’autres secteurs et technologies est aussi un facteur de réussite. Songeons au secteur de l’informatique et à l’industrie technologique en général, aux applications “High Tech” en robotique, à la réalité augmentée et aux jumeaux numériques. Ils permettent une interaction entre l’homme et la machine ; et facilitent, à partir d’un environnement virtuel, la gestion et la maintenance des installations, bâtiments et réseaux de tous types.
La mission de notre écosystème est claire : travailler sur les compétences, les compétences et encore les compétences.
Tout d’abord, les compétences techniques. Il s’agit avant tout de suivre de près les nouvelles technologies et leur application au service de nos installations multifonctionnelles. En mettant l’accent sur l’aspect multifonctionnel ou multidisciplinaire, car une approche intégrale est indispensable pour que tout fonctionne de manière optimale au sein du système. Il est indispensable qu’une bonne coopération existe au sein du secteur pour que ces connaissances puissent passer du fabricant aux autres acteurs de notre écosystème. Mais le feed-back du terrain vers le fabricant est tout aussi important.
Deuxièmement, les compétences numériques. Les nouvelles applications numériques s’accompagnent de nouveaux logiciels de plus en plus perfectionnés. Les compétences numériques nécessaires sont propres à chaque composante du secteur : high-tech chez les fabricants, et axées sur les applications chez les distributeurs et les installateurs. Mais dans l’ensemble, nos compétences numériques doivent être solides, afin de fournir à nos partenaires commerciaux et aux consommateurs une assistance experte et éclairée.
Et enfin, la communication. Ce que nous proposons avant tout au client final, ce n’est plus notre produit, mais notre service. Notre spécialité n’est pas la technique, mais le confort. L’installateur évolue pour devenir un conseiller capable d’expliquer ses solutions en termes simples. Il doit parvenir à convertir les compétences techniques et numériques en une communication conviviale sur les solutions intégrales qu’il propose. La communication est tout aussi importante pour les distributeurs dans leurs contacts avec les clients (professionnels). Quelle est la meilleure technique disponible dans leur offre et comment peut-on justifier qu’il s’agit de la solution idéale pour le consommateur ?
La transition énergétique offre un potentiel d’emplois important en Belgique, en particulier dans le secteur des installations multifonctionnelles. Cependant, pour saisir ces opportunités, il sera impératif de combler le fossé des compétences et de former une main-d’œuvre qualifiée. Des efforts concertés entre le secteur, les écoles et les autorités seront dès lors nécessaires pour garantir le succès de cette transition et l’émergence d’une économie énergétiquement durable.