On ne peut agir que sur ce qui est numérique
Libre Eco week-end | De nos jours, on aurait tendance à insister sur le caractère numérique que doit avoir toute mesure, si on souhaite en faire un élément de contrôle. Une chronique de Roald Sieberath, entrepreneur, investisseur pour Noshaq, professeur invité à l’UCLouvain et l’UNamur, et président de l’Agence du Numérique (Digital Wallonia).
- Publié le 08-09-2023 à 18h43
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Un principe de management dit : "On ne sait agir que sur ce qui est mesurable" (attribué à Peter Drucker). On peut y voir une version extrêmement condensée du fameux cycle de Deming : PDCA (pour Plan-Do-Check-Act), à la base de tant de mécanismes d'amélioration de la qualité depuis les années 1950.
La logique en est imparable : on ne peut espérer modifier, améliorer une partie de processus qu’à la condition qu’on en ait une mesure.
À l’époque de Deming ou de Drucker, tout élément de mesure était le bienvenu, peu importait sa modalité.
De nos jours, on aurait tendance à insister sur le caractère numérique que doit avoir toute mesure, si on souhaite en faire un élément de contrôle.
En 1960, une mesure manuelle d’une température par exemple, reportée dans un carnet, pouvait faire l’objet d’une analyse. Soixante ans plus tard, toute mesure doit impérativement être prise ou transférée numériquement, si on veut espérer qu’elle puisse servir de levier d’action.
Pas une "mode" mais un impératif
Il ne s’agit pas d’une "mode" du numérique, mais il me semble d’un véritable impératif, qui se justifie par les bénéfices attendus (et que nous voyons à l’œuvre dans l’industrie 4.0).
Tout d’abord, l’absence d’erreur : dans un processus idéal, il ne devrait pas y avoir de recopie "manuelle" d’information, source de fautes. Ensuite, l’immédiateté : le "temps réel" permet une réactivité dans la seconde.
On peut aussi voir la capacité de transmission et le traitement distribué : ainsi, une multitude de stations de traitement d’eau peut avoir ses données centralisées et un contrôle coordonné facilité.
Last but not least, la capacité de traitement permet d'appliquer des algorithmes (intelligence artificielle ou pas), qui améliorent les performances et la qualité, diminuent la consommation de ressources (énergétiques ou autres), ce qui, in fine, bénéficie à l'entreprise, à ses clients et même à la planète.
Malgré ces avantages incontestables, il reste encore beaucoup d’entreprises à convaincre…