Transition énergétique : la mauvaise image des métiers techniques leur empêche d'avoir la main-d'œuvre nécessaire
Si l’Europe veut atteindre la neutralité climatique d’ici 2050, il est nécessaire d’investir dans les compétences… Une chronique signée Eric Piers, CEO de Techlink.
- Publié le 14-09-2023 à 08h30
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L’accord du Green Deal est clair : l’Europe devra être climatiquement neutre à l’horizon 2050. Pour cela, il faudra une vague de rénovations durables à grande échelle car les bâtiments représentent environ 40 % de la consommation d’énergie et 36 % des émissions de gaz à effet de serre dans l’Union européenne. Cela signifie qu’au cours des dix prochaines années, les pays de l’Union européenne devront rénover deux fois plus de bâtiments pour réduire leur consommation d’énergie. Ainsi, le secteur de la construction dans son ensemble et celui de l’installation plus spécifiquement seront parmi les plus impactés par la transition énergétique. De nombreux emplois devront être créés pour atteindre l’objectif d’une Europe climatiquement neutre en 2050 !
Nous ne pouvons que nous réjouir du constat que la transition énergétique se présente comme une véritable source d’emplois pour notre pays. Les installations multifonctionnelles constituent l’un des moteurs les plus importants de cette transition… Cependant, si la main-d’œuvre qualifiée ne suit pas, le processus risque de prendre beaucoup plus de temps que prévu. Ainsi, depuis de nombreuses années déjà, nous tirons la sonnette d’alarme et lançons un appel aux instances gouvernementales : il faut revaloriser les filières d’enseignement technique et professionnel.
Apprentissage en alternance, synergies
Nous insistons sur le besoin en formations appropriées des techniciens et sur l’acquisition de compétences, tout en précisant que la Belgique est le pays européen présentant le plus gros décalage entre le besoin de compétences et l’offre disponible.
La maîtrise des nouvelles techniques, technologies et compétences numériques est devenue fondamentale dans notre secteur. Les jeunes talents qui possèdent cette maîtrise sont particulièrement convoités et sont assurés de trouver un emploi à la sortie des études. En 2020, il ressortait déjà d’une consultation auprès des entreprises de notre secteur que 90 % d’entre elles éprouvaient de grandes difficultés à trouver de nouveaux collaborateurs sur le marché du travail. Depuis plusieurs années, différents métiers de l’installation se retrouvent sur la liste des métiers en pénurie du Forem. C’est le cas par exemple des techniciens en électrotechniques, des installateurs de systèmes d’alarme, des installateurs sanitaires et HVAC… Malheureusement, la mauvaise image que véhiculent encore et toujours les métiers techniques auprès du grand public reste une des causes principales de ce "désamour". Or nos métiers ont profondément évolué avec les nouvelles technologies et la transition énergétique, deux fers de lance de notre fédération.
Depuis plusieurs années, différents métiers de l’installation se retrouvent sur la liste des métiers en pénurie. Malheureusement, la mauvaise image que véhiculent encore et toujours les métiers techniques auprès du grand public reste une des causes principales de ce "désamour".
En tant que fédération professionnelle des fabricants, distributeurs, installateurs et entreprises actives dans le domaine de la maintenance technique et de la gestion de l’énergie, nous préconisons une collaboration plus soutenue avec les établissements scolaires et les autorités publiques. Le lien entre enseignement et marché du travail peut être amélioré grâce à un apprentissage en alternance axé sur la pratique professionnelle et organisé autour du lieu de travail.
Créer des synergies avec d’autres secteurs et technologies est aussi un facteur de réussite. Songeons au secteur de l’informatique et à l’industrie technologique en général, aux applications high tech en robotique, à la réalité augmentée et aux jumeaux numériques. Ils permettent une interaction entre l’homme et la machine et facilitent, à partir d’un environnement virtuel, la gestion et la maintenance des installations, bâtiments et réseaux de tous types.
Des compétences, des compétences, des compétences…
La mission de notre écosystème est claire : travailler sur les compétences, les compétences et encore les compétences.
Tout d’abord, les compétences techniques. Il s’agit avant tout de suivre de près les nouvelles technologies et leur application au service de nos installations multifonctionnelles. Il est indispensable qu’une bonne coopération existe au sein du secteur pour que ces connaissances puissent passer du fabricant aux autres acteurs de notre écosystème. Mais le feed-back du terrain vers le fabricant est tout aussi important.
Deuxièmement, les compétences numériques. Les nouvelles applications numériques s’accompagnent de logiciels de plus en plus perfectionnés. Les compétences numériques nécessaires sont propres à chaque composante du secteur : high-tech chez les fabricants, et axées sur les applications chez les distributeurs et les installateurs.
L’installateur évolue pour devenir un conseiller capable d’expliquer ses solutions en termes simples.
Et enfin, la communication. Ce que nous proposons avant tout au client final, ce n’est plus notre produit, mais notre service. Notre spécialité n’est pas la technique, mais le confort. L’installateur évolue pour devenir un conseiller capable d’expliquer ses solutions en termes simples. La communication est tout aussi importante pour les distributeurs dans leurs contacts avec les clients (professionnels).
Des efforts concertés entre le secteur, les écoles et autorités sont donc nécessaires pour garantir le succès de cette transition énergétique et l’émergence d’une économie énergétiquement durable.