“Un million de Wallons sont en situation de faiblesse vis-à-vis du numérique”
L'Agence du Numérique vient de publier son baromètre citoyens 2019 qui mesure les niveaux d'équipement et d'usage numériques par les Wallons. Si 89% des citoyens ont désormais accès à Internet au domicile, la fracture numérique concernerait encore 20% de la population wallonne.
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- Publié le 16-10-2019 à 12h25
- Mis à jour le 17-10-2019 à 11h02
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L'Agence du Numérique vient de publier son baromètre citoyens 2019 qui mesure les niveaux d'équipement et d'usage numériques par les Wallons. Si 89% des citoyens ont désormais accès à Internet au domicile, la fracture numérique concernerait encore 20% de la population wallonne.
Comme tous les deux ans, l’Agence du Numérique vient de sortir un état des lieux de la Wallonie numérique avec son Baromètre Digital Wallonia qui mesure les niveaux d’équipement et d’usage numériques par les Wallons. On le constatera au travers des différents chiffres, le Wallon est devenu nettement plus connecté et équipé qu’il y a deux ans. Mais cette étude (NdlR: réalisée par téléphone entre le 29 janvier et 27 février 2019 auprès de personnes de 15 ans et plus et résidant en Wallonie, permettant la collecte de près de 2 147 questionnaires) démontre aussi que malgré des progrès notables, un citoyen sur cinq (de 15 ans et plus) au sud du pays reste encore aujourd’hui clairement en situation de “fracture numérique”. Car c’est l’élément nouveau de cette édition 2019 : l’Agence du Numérique publie cette année une étude inédite sur les compétences numériques et propose un véritable “indicateur de maturité numérique” des citoyens en Wallonie. Mais partons des chiffres.
1. Des Wallons plus connectés et équipés
L’étude de Digital Wallonia fourmille de très nombreux chiffres. Impossible ici d’en faire un relevé exhaustif. Globalement, par rapport à 2017, le Wallon est nettement plus équipé et connecté. Et plus que jamais, le smartphone est l’interface numérique de référence pour les citoyens. Ainsi, 75 % des citoyens de 15 ans et plus disposent aujourd’hui d’un smartphone. C’est 19 % de plus qu’il y a deux ans ! 84 % des ménages wallons disposent aujourd’hui, par ailleurs, d’un ordinateur fixe ou portable, c’est une progression de 6 % depuis la dernière étude. En Wallonie, 90 % des ménages sont connectés à Internet, ce chiffre n’était que de 81 % il y a deux ans. Et 82 % (+9) des Wallons (la proportion atteint 86 % chez les hommes et 79 % chez les femmes) utiliseraient Internet tous les jours. En tête des usages de la toile : lire ou envoyer des mails, rechercher des informations, avoir accès aux messageries instantanées et aux réseaux sociaux (NdlR : 67 % des citoyens wallons sont présents sur au moins un réseau social) et l’e-commerce évidemment. Ce dernier a le vent en poupe au sud du pays : 61 % des Wallons de 15 ans et plus ont acheté en ligne au cours de l’année (+7 % par rapport à il y a deux ans), 66 % (+6 %) ont utilisé Internet pour s’informer avant un achat et 44 % (+8 %) ont utilisé des comparateurs de prix (+8 %).
Enfin, le Wallon fréquente aussi davantage les sites des administrations : c’est le cas de 64 % d’entre eux au cours de l’année, soit un gain de 10 %.
Évolution entre 2017 et 2019

2. Une fracture numérique d’accès à Internet en recul mais…
C’est donc un fait indéniable : au domicile, la fracture numérique d’accès à Internet s’est réduite depuis deux ans en Wallonie. Elle ne concernerait aujourd’hui plus que 11 % des citoyens. Et si 76 % de la population active considère que ses compétences numériques sont suffisantes, pas mal de chemin reste cependant encore à parcourir. Car disposer des outils et de la technologie est une chose, les maîtriser dans un monde en mutation rapide en est une autre…
Pour y voir plus clair, l’Agence du numérique a identifié quatre niveaux de compétences : des plus élémentaires (messagerie, recherche et envoi de fichiers) aux plus avancées (créer des graphiques et programmer) : les premières semblent acquises par 75 % des Wallons mais le chiffre redescend à… 20 % pour les dernières. Près d’un Wallon sur 4 serait d’ailleurs demandeur de formation au numérique. Parmi les formations les plus demandées : la sécurisation des données, des équipements et des communications, le traitement des données et la gestion de fichiers ou encore la production de documents textes et multimédias.
En posant des questions aux Wallons sur le niveau de leurs compétences numériques et sur la diversité de leurs usages Internet, l’Agence du numérique a également développé “un indicateur de maturité numérique”. Il en ressort que 20 % des citoyens (15 ans et plus) wallons seraient clairement en situation de fracture numérique et 14 % des Wallons n’auraient qu’une maturité “restreinte”, les mettant “potentiellement en situation d’usagers faibles dans le contexte de la société numérique”. “Cela fait donc 34 % des Wallons, soit un million de Wallons qui seraient en situation de faiblesse ou de délicatesse vis-à-vis du numérique, soit par ce qu’ils n’ont accès à Internet, soit parce qu’ils n’ont pas les compétences minimales pour l’utiliser correctement. Il ne faut donc pas laisser croire comme le font certains, sous prétexte que chacun a un smartphone, que le problème numérique n’existe plus. Nous sommes inquiets que tout le monde ne prenne pas la mesure de cette difficulté”, nous explique André Delacharlerie, expert à l’Agence du numérique. Notons que certains pays proches sont confrontés aux mêmes difficultés que la Wallonie. Une étude récente vient ainsi de démontrer que 40 % de la population française présenterait des difficultés dans ce monde numérique.

3. Qui sont les “fracturés numériques” ?
Quel est le profil des Wallons qui figurent dans la catégorie des 20 % de “fracturés numériques” ? Les personnes plus âgées sont évidemment plus vulnérables : 70 % de ces fracturés numériques ont plus de 60 ans. Autres chiffres interpellants : 49 % des fracturés numériques disposeraient d’un niveau d’études secondaires complètes au minimum et 62 % d’entre eux d’un niveau de revenu satisfaisant, voire confortable. Preuve que la fracture numérique peut toucher toutes les catégories sociale de la population.
4. Que faire pour cette réduire cette fracture ?
La réponse tient en un mot : formation. “Il faut davantage de formations. A commencer par l’école où on est encore nulle part dans ce domaine. Le numérique devrait avoir une place centrale. Aujourd’hui, aucun cours n’est donné à l’école dans ces matières. On nous dit que les choses vont changer avec le pacte d’excellence. Mais on ne peut plus se contenter de pas d’escargot. Il faut des avancées rapides”, ajoute André Delacharlerie, expert à l’Agence du numérique.
L’accent sur la formation doit également être de mise pour les demandeurs d’emplois et de manière beaucoup plus systématique au sein des entreprises. “Le numérique transforme tous les métiers à une vitesse incroyable. Et l’obsolescence des compétences numériques est de plus en plus rapide. Cela doit forcer les entreprises à investir en permanence dans la formation pour maintenir à niveau leur personnel”.
Formation enfin des “séniors” après la vie active pour leur éviter de se retrouver largué dans un monde où l’innovation technologique n’ira qu’en s’accélérant. “Il existe encore trop peu de structures pour assurer la formation numérique des séniors”, constate encore André Delacharlerie.
On l’aura compris, la Wallonie est devant un défi de taille : améliorer, sans tarder, les compétences numériques des Wallons. Ce sera assurément une des clés du développement économique et social du sud du pays et de son écosystème de services numériques dans les années à venir.
