Un Wallon sur trois est en forte demande de formations au numérique

Le Covid-19 et les mesures mises en place pour y faire face (confinements, télétravail, cours à distance…) ont, à titre d'exemple, renforcé l'équipement des citoyens du sud du pays puisque 18 % des ménages ont acquis des ordinateurs, des tablettes, des smartphones, voire des écrans ou webcams, durant la crise. Aujourd'hui, 96 % des ménages disposent d'au moins un terminal numérique (smartphone, ordinateur, tablette…), ce qui est quatre points de plus qu'en 2019 (année du précédent baromètre).

Les usages numériques ont également progressé sous l’effet de la crise sanitaire. De nombreux usages particuliers ont progressé, parfois de façon spectaculaire, tels que la visioconférence (qui passe de 42 % d’utilisateurs à 64 %) ou le téléphone par Internet (de 51 à 66 %). Le commerce électronique a aussi fort augmenté : 69 % (+8 points) des Wallons ont acheté en ligne en 2020 et ils l’ont souvent fait avec leur smartphone (43 %, +16 points). Enfin, quand on les interroge sur l’évaluation qu’ils font de leurs compétences numériques, les Wallons se disent "plus compétents" après plusieurs mois de crise.

Des Wallons "éloignés"

Il y a un revers à la médaille. Le Covid a eu un impact très contrasté sur la "fracture numérique". Cette fracture tend à se réduire en termes d'accès au numérique (le taux de domiciles sans connexion Internet est passé de 10 % en 2019 à 6 % en 2021). "Désormais, observe Benoît Hucq, directeur général de l'Agence du numérique, cette fracture s'incarne essentiellement dans la difficulté à maîtriser les applications numériques qui permettent d'exercer pleinement son rôle de citoyen, dans toutes ses dimensions." Pas moins de 32 % des Wallons restent "éloignés" du numérique, c'est-à-dire qu'ils ont peu confiance dans cette technologie et l'utilisent fort peu, voire pas du tout. La part de ces "éloignés" n'est que de 18 % en Flandre. À l'autre extrémité du spectre, la Wallonie compte un nombre nettement plus faible de "passionnés" et de "compagnons" des technologies numériques (29 % contre 43 % au nord du pays).

La crise sanitaire a aussi fait émerger, au sein de la population wallonne, le besoin de se sentir plus à l’aise avec les technologies numériques. D’après le baromètre, pas moins de 35 % des Wallons, soit 11 points de plus qu’en 2019, souhaitent bénéficier de formations pour améliorer leur maîtrise du numérique. La proportion grimpe à 44 % pour les employés et les demandeurs d’emploi, et à 49 % chez les étudiants.

La Wallonie fait sa part du boulot

Cette forte demande laisse penser que l’offre actuelle, en matière d’éducation et de formation au numérique, est insuffisante en Wallonie. La faute à la Fédération Wallonie-Bruxelles et au gouvernement dirigé par Pierre-Yves Jeholet (MR), qui détient plusieurs leviers sur ce terrain ?

Présent, vendredi, à la présentation du baromètre Digital Wallonia, Willy Borsus (MR), ministre wallon du Numérique, a esquivé la question en préférant mettre en avant les actions menées par le gouvernement Di Rupo (Espaces publics numériques, Écoles numériques, WallCode, formations qualifiantes de l'IFAPME et du Forem, futur plan d'inclusion numérique, etc.). Autrement dit, la Wallonie fait sa part du boulot. "Il ne s'agit pas de faire des reproches à la Fédération Wallonie-Bruxelles, expose Willy Borsus, mais de se tourner vers l'avenir et de passer à la vitesse supérieure. Tant sur la formation aux compétences de base que sur une formation plus avancée porteuse de perspectives en termes d'emploi dans ce secteur d'avenir. Nous sommes d'ailleurs en train d'actualiser notre accord de coopération avec la Fédération en ce sens."

(1) Ce baromètre est réalisé tous les deux ans dans le cadre de la stratégie Digital Wallonia du gouvernement wallon. Pour cette édition 2021, l'Agence du numérique a récolté 2 184 réponses entre le 28 janvier et le 19 mars auprès d'un échantillon de la population résidant en Wallonie et âgée de 15 ans et plus. L'enquête est disponible via le lien www.digitalwallonia.be/citoyens2021.