Ce que la gigantesque panne de Facebook dit de nous: "Cela a permis à des gens de se rendre compte à quel point ils étaient dépendants des réseaux sociaux"
Grégoire Lits, chargé de cours en sociologie des médias à l’Observatoire de Recherche sur les médias et le journalisme de l'UCLouvain, revient sur la gigantesque panne de Facebook.
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- Publié le 05-10-2021 à 14h41
- Mis à jour le 07-10-2021 à 23h26
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Sur le coup de 17h20 lundi, plusieurs réseaux sociaux - Facebook, Instagram, Whatsapp - sont subitement devenus inaccessibles. Une gigantesque panne qui a duré pas moins de 7 heures, privant ainsi bon nombre d'internautes de leurs habitudes en ligne. Preuve du chamboulement causé : sur Twitter, ce sujet a été le plus discuté durant toute la soirée. C'était d'ailleurs encore le cas ce mardi matin. Les utilisateurs contrariés y ont partagé leurs réactions humoristiques, mais parfois aussi leurs témoignages. Car, quoi qu'on en pense, la perte brutale d'un réseau social a des conséquences.
"Cela génère de la sidération parce que, tout à coup, l'outil sur lequel on comptait pour coordonner des choses du quotidien n'est plus utilisable", explique Grégoire Lits, chargé de cours en sociologie des médias à l'Observatoire de Recherche sur les médias et le journalisme de l'UCLouvain.
Un outil dans la vie de tous les jours
"Certains s'en servaient pour organiser les navettes de leurs enfants à l'école, discuter avec d'autres parents, échanger entre amis ou entre collègues. Et, tout à coup, ce n'était plus possible. Un telle panne met en avant le rôle essentiel des réseaux sociaux dans nos vies, alors qu'on ne s'en rendait pas forcément compte avant", poursuit l'expert, confirmant les multiples tweets à ce sujet. "Cela a aussi permis à des gens de constater à quel point ils étaient dépendants de technologies et d'entreprises sur lesquelles ils avaient très peu de prise."
Un moyen de ne pas s'ennuyer
Sur Twitter, beaucoup ont également avoué s'ennuyer sans les autres réseaux sociaux. Il faut dire qu'au fil du temps, ils ont su se rendre attractifs.
"La force des réseaux sociaux est de combiner plusieurs fonctions qui, auparavant, étaient réparties entre différents outils de communication. Par exemple, sur Instagram, on peut parler aux autres, mais également regarder des contenus multimédias. Avant, ces deux fonctions étaient séparées avec, d'une part, le téléphone et, d'autre part, la télévision. Quand les réseaux sociaux tombent en panne, ce sont tous les pans de la communication qui sont concernés. Cela a donc un énorme impact", décortique l'expert.
Sans moyen de communication, plusieurs personnes ont été contraintes d'envoyer des SMS. Une pratique qui avait pourtant été délaissée ces dernières années, surtout par les jeunes. "Il existe tellement d'outils pour communiquer que quand l'un d'eux tombe en panne, on a heureusement toujours la possibilité de se reporter sur d'autres", poursuit le professeur. D'ailleurs, à chaque grosse panne de Facebook, on constate inévitablement un regain d'activité sur Twitter.
Une panne qui ne changera rien
Échaudés par cette panne dont ils se sont beaucoup plaints, les utilisateurs de Facebook and co. ne risquent pourtant pas de changer leurs habitudes de si tôt. "Puisqu'il s'agit d'une petite panne de quelques heures, les gens ne vont pas adapter leurs comportements. Si les pannes devenaient récurrentes, ce serait différent. Mais faire changer les habitudes des gens est finalement assez compliqué", conclut le spécialiste, qui rappelle que malgré l'arrivée de Signal, l'un des plus gros concurrents de Whatsapp qui mise sur la confidentialité des données, les gens préfèrent toujours utiliser Whatsapp.
Malgré les polémiques dont ils sont souvent victimes, les réseaux sociaux ont encore de beaux jours devant eux.