La Wallonie inaugure son "5G Lab", les politiques s'accordent sur un message: "Il n’est plus temps de tergiverser"
Le premier “5G Lab” de Wallonie a été inauguré à Charleroi. Les politiques semblent convaincus et suivent les recommandations européennes.
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Publié le 29-10-2021 à 06h23 - Mis à jour le 23-11-2021 à 19h38
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Au bord de la Sambre et à deux pas de la gare de Charleroi-Sud, jeudi soir, les derniers rayons de soleil laissaient petit à petit la place à des ondes d’un autre genre, alors que le site du consortium A6K (Advanced Engineering Center) inaugurait le premier "5G Lab" de Wallonie.
Un coup symbolique dans l’avancée du dossier 5G, particulièrement sensible au sud du pays ces dernières années.
Ce "5G Lab" d'A6K, qui regroupe donc des industriels et bénéficie du soutien de Proximus, permet aux entreprises présentes ou intéressées de tester des utilisations, d'expérimenter l'usage de la 5G et de voir si elles pourraient en tirer des avantages, à l'instar de ce que montrait le 5G Lab d'Orange à Anvers le 13 octobre dernier. Que doivent-elles débourser pour faire ces tests à Charleroi ? "Ce n'est pas une question d'argent. Si les entreprises viennent avec des idées, elles sont les bienvenues" , nous glisse habilement Abd-Samad Habbachi, directeur d'A6K. On repassera pour en savoir plus sur le business model.
Les nombreux représentants politiques et industriels présents dans le lieu, gigantesque, semblent en tout cas tous convaincus par cette volonté de ne plus prendre de retard dans le domaine.
Harmonisation entre Régions
"C'est indispensable d'avancer pour résorber notre handicap en termes de compétitivité et d'attractivité. La 5G est donc un maillon essentiel si nous ne voulons pas externaliser certains services à l'avenir. C'est un message fort pour le monde politique. Il faut donner des réponses claires et rapides" , lance d'ailleurs au parterre de ministres Clarisse Ramakers, qui dirige la fédération Agoria Wallonie.
Message entendu et, selon la ministre des Télécoms Petra De Sutter (Groen), il reste un peu de travail mais on est dans la dernière ligne droite.
"Il faut reconnaître que le plan de relance européen a donné la carotte pour faire avancer les réformes qui traînaient dans plusieurs domaines, dont celui de la 5G" , lance Thomas Dermine, le secrétaire d'État à la Relance (PS), en marge de l'événement.
"Il y a l'aspect fédéral, avec la mise aux enchères du spectre pour tout le territoire, et l'aspect régional, car ce sont les Régions qui fixent les normes d'émissions" , détaille-t-il. Rappelons que, si les normes varient, elles restent néanmoins plus strictes sur l'ensemble du territoire que les seuils recommandés par l'Union européenne. En clair : il ne devrait pas être impossible de trouver une harmonisation qui réponde aux critères de sécurité sanitaire.
"Les choses vont dans le bon sens et, si on suit la feuille de route européenne, la mise aux enchères sera réalisée d'ici à la fin du deuxième trimestre 2022 et, trois mois plus tard, les Régions devraient s'être accordées sur les normes" , explique encore le secrétaire d'État avant de rejoindre le panel de ministres concernés de près ou de loin par le sujet.
"Il n’est plus temps de tergiverser"
"Ce serait une erreur incroyable de rester sur son île. Il y a les enjeux de réindustrialisation, de relocalisation des chaînes de valeurs. On ne peut pas laisser passer les investissements à venir sous notre nez. On a donc répondu aux inquiétudes des citoyens avec transparence" , nous glisse encore Willy Borsus, ministre wallon de l'Économie (MR). S'il reconnaît que même certains experts mandatés par la Région ont eu des différends sur la question, la conclusion fait désormais plutôt consensus. "Il n'est plus temps de renoncer ou de tergiverser", termine-t-il, rappelant les engagements que la Belgique et les différentes Régions ont pris vis-à-vis de la Commission européenne, qui compte harmoniser le déploiement pour l'ensemble de l'Union européenne dans les prochaines années.
3 questions à Petra De Sutter, Ministre fédérale des Télécoms (Groen)
1. La mise aux enchères du spectre sera bientôt chose faite, que reste-t-il à faire ?
Ce sont les compétences régionales mais en Wallonie, il faudra encore des décrets pour pouvoir déployer la 5G. Les opérateurs devront également installer des antennes, obtenir certains permis d’urbanisation et régler certaines taxes. Il faut aussi qu’ils répondent à la problématique de l’obligation de couverture, qui est fixée à 99,8 %, soit dix fois moins de zones blanches que pour la 4G. Mais les opérateurs devraient pouvoir le faire assez rapidement et ils ont quelques années pour le faire.
2. Le décalage entre Flandre et Wallonie se résorbe sur ce dossier ? Et où en est Bruxelles sur la question ?
Entre le nord et le sud, il y a un décalage pour les licences de tests pour le moment. Il n’y a que des licences en "indoor" en Wallonie pour le moment alors qu’à Anvers, on peut le faire en "outdoor", dans le port par exemple, où de nombreuses expériences sont menées. Mais le retard est rapidement rattrapable. Parfois, un peu de retard est même un avantage. Les pays les plus avancés dans la 5G ont une infrastructure qui est moins en pointe… Donc on va vite rattraper cela. À Bruxelles, c’est important d’avancer aussi car il y a déjà pas mal de saturation du réseau 4G. Ce serait illogique de déployer dans tout le pays et pas dans la capitale de l’Europe d’ailleurs. Pour ce qui est des normes d’émission, on est loin en dessous des seuils fixés par l’OMS et l’ICNIRP (l’Organisation mondiale de la santé et l’International Commission on Non-Ionizing Radiation Protection, NdlR) dans les trois régions… On fera le suivi dans les prochaines années mais aujourd’hui, aucune étude ne montre de danger pour la santé. Mais on va dans le bon sens donc.
3. Et pour l’environnement ?
Rappelons que la 5G sera nécessaire pour trouver des solutions technologiques durables. Il faut que les technologies du futur soient moins énergivores. C’est une twin transition. Il faut arrêter de présenter le digital en antagoniste de la transition verte, il faut des synergies et c’est inévitable. Certes, la transmission de données va fortement augmenter avec la 5G, mais il y aura des usages que l’on pourra complètement repenser. La 5G fournira des solutions, en gestion de flux, de trafic, etc. Et n’oublions pas qu’elle consomme moins d’énergie que la 4G pour une même quantité de données. C’est une modernisation indispensable.
