Orange augmente à son tour ses prix: le consommateur, grand perdant du manque de concurrence en Belgique?
Orange Belgium dit devoir augmenter ses tarifs pour faire face à la hausse du prix de location des réseaux Telenet et Voo dont il n'est pas propriétaire. Un argument "qui passe un peu mal", selon Test Achats.
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Publié le 06-12-2021 à 17h24 - Mis à jour le 07-12-2021 à 06h30
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Payez-vous trop cher vos abonnements télécoms ? La question revient régulièrement mais reste pertinente. D’autant plus qu’Orange a annoncé à son tour devoir augmenter ses tarifs à partir de janvier 2022.
"Orange dit être sous pression, notamment par rapport aux coûts, dont la location d'une partie du réseau Telenet en Flandre et Voo en Wallonie. On peut comprendre, beaucoup de coûts augmentent. Mais dans leur position de challenger, ça passe un peu mal, alors que l'opérateur critiquait la hausse des prix chez ses concurrents", commente David Wiame, spécialisé dans les télécoms chez Test Achats. Des hausses de prix qui font du consommateur le grand perdant, en particulier dans un contexte de crise sanitaire et économique où les prix montent et le pouvoir d'achat est sous pression. D'ailleurs, si Orange devait devenir propriétaire de Voo, cela réduirait la force de cet argument... Mais les négociations sur le rachat sont toujours en cours.
Donc, après l'annonce de hausse des prix chez Proximus, devenue une ritournelle annuelle, "Orange appliquera également des prix plus élevés à ses forfaits Love à partir de janvier : ceux avec de l'internet fixe seront plus chers de 2 € par mois, ceux avec l'internet fixe et la télévision numérique de 3 € par mois. Ainsi, le forfait Love Trio avec Go Plus et la téléphonie fixe coûtera 78 € par mois. Le forfait all-in le moins cher chez Proximus coûte 85,99 € par mois. Un produit comparable chez Telenet est proposé à 86 € par mois", précise Test Achats. Si Orange reste le moins cher, le consommateur devra donc un peu plus mettre la main à la poche.

"Les augmentations annuelles des prix chez Proximus, Telenet ou Voo sont une chose à laquelle nous nous sommes habitués, mais le fait qu'Orange augmente maintenant ses prix est quelque peu surprenant. Depuis leur lancement, ils ont endossé le rôle de challenger et ont critiqué à plusieurs reprises la stratégie d'autres acteurs tels que Proximus et Telenet qui consiste à augmenter leurs prix chaque année", déclare Julie Frère, porte-parole de Test Achats.
Avec Proximus, l'Etat assis entre deux chaises
"3 ou 4 % chaque année, ça devient une fameuse augmentation sur quelques années. L'énergie, les soins de santé, les télécoms ont un impact lourd sur les consommateurs. Internet est devenu une commodité, en particulier avec le télétravail. Ça ne devrait pas coûter aussi cher", ajoute David Wiame. "L'État est assis entre deux chaises. Lorsqu'Alexander De Croo était ministre des télécoms, il l'avait souligné, ce problème des prix mais rappelons que Proximus est une entreprise dont l'État est le principal actionnaire", ajoute-t-il. Et il touche des dividendes.
"On a des craintes qu'un troisième opérateur bien établi (comme le devient Orange donc, NdlR) se calque sur Proximus et Telenet, avec des hausses de prix annuelles. On reste dans la fiction mais ça n'avantagerait pas les consommateurs", reconnaît-il. Scénario de fiction mais effectivement, la réduction de la concurrence sur ce marché en Belgique est redoutée. Orange pourrait s'emparer de Voo et sans la venue d'un quatrième opérateur, les télécoms seront libres de conserver des prix relativement élevés par rapport à d'autres pays européens, voire les faire monter. "C'est un business. La maison-mère a besoin que la filiale soit rentable en Belgique. Il n'y a pas de secret", glisse-t-il. "On va vers un duopole, en Flandre comme en Wallonie. Ce n'est pas du tout bénéfique pour le consommateur", renchérit David Wiame.
Le moment ou jamais pour un concurrent ?
L’arrivée d’un 4e opérateur sur le marché belge est donc la meilleure solution, selon Test Achats, et ce pas uniquement pour le réseau mobile – où la concurrence s’exerce un peu plus – mais également fixe, où les prix sont plus élevés.
"Mais entrer sur le marché belge, ce n'est pas facile. C'est un petit pays, avec plusieurs langues différentes, ce qui fait peur aux grands groupes. Ce n'est pas assez rentable en termes de potentiels clients. Et faire switcher les consommateurs, déjà engagés dans des packs, c'est difficile et la rentabilité n'est pas assurée ou alors il faut plusieurs années", regrette-il. Néanmoins, les enchères qui auront lieu en 2022 pour le réseau mobile seront valides pour les vingt prochaines années. Le moment où jamais donc ?