"Différencier besoins et caprices", "le propos tient du bon sens" : le Setca réagit au débat lancé sur l'e-commerce en Belgique
Le Setca veut replacer le débat sur l'e-commerce entre les mains des partenaires sociaux.
Publié le 08-02-2022 à 15h07 - Mis à jour le 08-02-2022 à 15h08
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Pour le Setca, si les propos du président du PS Paul Magnette sur le commerce en ligne manquent de nuances, il est nécessaire de débattre de la course à la consommation, à la flexibilité et de l'élargissement du travail de nuit dans le secteur commercial, afin de différencier "besoins et caprices". Et c'est entre partenaires sociaux que ce débat doit se tenir, souligne mardi le syndicat socialiste. Lundi, dans un entretien à l'hebdomadaire flamand Humo, Paul Magnette a émis le souhait de faire de la Belgique "un pays sans commerce électronique, avec de vrais magasins et des villes animées", faisant valoir les risques du travail de nuit pour la santé à long terme et la "régression écologique" d'une société où tout est disponible dans des délais raccourcis. Mardi, face aux vives réactions provoquées par cette déclaration, M. Magnette a nuancé ses propos auprès de Sudinfo, ajoutant qu'il n'était "pas question de faire disparaître tout l'e-commerce".
Au-delà de la caricature, "le propos tient du bon sens" à un moment où le gouvernement doit discuter de la réforme du marché du travail et des règles en matière de travail de nuit pour l'e-commerce, estime le Setca. Pour ce dernier, il s'agit surtout de dénoncer "la course effrénée à la consommation" et de remettre en question "la nécessité de pouvoir acheter et consommer 24h/24, 7 jours/7", tout en s'inquiétant du bien-être des travailleurs et travailleuses.
Des emplois, et pas que pour les géants du secteur
Pour les partis libéraux, l'enjeu d'un assouplissement des règles entourant l'e-commerce est d'empêcher une fuite des emplois vers des pays voisins comme les Pays-Bas, où les règles sont déjà plus souples.
"L'e-commerce est un secteur qui vit et génère de nombreux emplois (...) pas seulement (auprès) des géants du web comme Amazon ou bol.com" mais aussi pour "les petites chaînes de magasins ou le petit commerçant qui a aujourd'hui la possibilité de faire livrer des colis à sa clientèle", rappelle le syndicat.
Mais le débat doit se mener entre les interlocuteurs sociaux, insiste le Setca. Pour le syndicat socialiste, la Fédération belge du commerce et des services Comeos "veut contourner la concertation sociale afin d'avoir des travailleurs toujours plus flexibles et déréguler le plus possible en termes de coûts. Le développement de l'e-commerce n'est pas intimement lié au travail de nuit, comme ils voudraient le faire croire".
"Il y aura des glissements d'emplois et des défis organisationnels", convient le Setca. Toutefois, il n'existe pas un seul modèle de commerce en ligne, plaide-t-il. "Les expériences sont multiples et doivent être taillées sur mesure" pour que "l'e-commerce ne soit plus une formidable usine de travailleurs exploités mais un moyen de transformer qualitativement un secteur qui emploie des centaines de milliers de travailleurs (logistique et commerce)".