Truth Social : le réseau social de Trump à un tournant majeur
Le 21 février dernier, Donald Trump lançait son propre réseau social : Truth Social. Après un lancement pourtant prometteur, l'application reste à ce stade un échec.
Publié le 05-04-2022 à 15h32 - Mis à jour le 05-04-2022 à 21h59
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Banni de Facebook et de Twitter pour avoir "encouragé" l'invasion violente du Capitole, l'ex-président républicain souhaitait depuis lors offrir une alternative à cette "entrave à la liberté d'expression".
Treize mois après la suspension de ses canaux de communication fétiches, Donald Trump lançait alors "Truth Social". Une nouvelle plateforme à l'interface similaire (pour ne pas dire identique) à Twitter. La promesse ? Ici, à condition de ne pas critiquer la plateforme, aucune forme de censure ne sera tolérée.
Victime de son succès
En se hissant directement à la première place du classement des applications téléchargées sur l'App Store, Truth Social a connu un départ record. Les 870.000 téléchargements de la première semaine ont fait le tour de la presse internationale...
Un succès immédiat qui n'a semble-t-il pas été supporté par la plateforme
. Dès le lancement, plusieurs dizaines de milliers de nouveaux inscrits se sont vus placés sur une liste attente qui, six semaines plus tard, fait désormais patienter quasiment 1,5 million d'internautes.
Cette maigre fiabilité de l'application, disponible uniquement sur iPhone et aux États-Unis, a sérieusement endommagé sa popularité. Truth Social stagne désormais à 1,2 million d'installations, et à 60.000 téléchargements par semaine. Deux responsables de la recherche et du développement auraient même récemment démissionné, fatigués par ces bugs récurrents.
Après un mandat record de 26.239 tweets, toute la "trumposphère" attendait le grand retour sur les réseaux de leur leader. Pourtant, jusqu'ici, Donald Trump n'a publié qu'un seul message sur sa nouvelle plateforme.

Une "sobriété" inédite à également mettre à l'actif de ses alliés républicains, qui se contentent de relayer leurs communications publiées sur les autres plateformes.
Il se dit cependant que l'ancien président, furieux de ces dysfonctionnements, attendrait que tout soit rentré dans l'ordre avant de se montrer régulièrement actif. Dans le but de provoquer un "buzz" et de faire, enfin, décoller la plateforme.
Un investissement à plus d'1 milliard de dollars
Il faut dire qu'au-delà de l'engouement populaire, Truth Social a aussi suscité un important engouement financier ! Fin d'année dernière, de nombreux et riches soutiens de l'ex-président avaient répondu présent à la collecte de fonds organisée par
Trump Media & Technology Group
(TMTG), l'entreprise qui édite le réseau social.
Au total, plus d'un milliard de dollars avait été levé.
Une solidité financière qui pousse certains partenaires à toujours croire en ce projet... Next News Network - un kiosque en ligne conservateur qui regroupe 2 millions d'abonnés américains - s'est lancé il y a quelques jours sur la plateforme qui, malgré les déboires, compte toujours 300.000 visites par jour. Trump Media & Techonology Group espère même sous peu une entrée en bourse. La fusion avec le groupe SPAC Digital World Acquisition Corp, si elle se confirme, permettrait à l'application de débarquer sur les marchés et de lever des capitaux supplémentaires.
La revanche contre les GAFA
Donald Trump, dont la candidature à la prochaine présidence n'est pas à exclure, avait fait de ses réseaux sociaux un puissant outil au service de ses campagnes. En réduisant Trump au silence, les "GAFA" ont marqué une certaine rupture avec leurs conceptions jusqu'ici très libertariennes. En janvier dernier, le compte personnel d'une élue locale de l'état de Géorgie, Marjorie Taylor Greene,
après avoir diffusé des fake news relatives au Covid-19. Des censures jugées anti-démocratiques par certains utilisateurs américains, comme en attestait ce sondage récemment initié par le milliardaire Elon Musk sur Twitter.
Depuis lors, le propriétaire de Space X et Tesla est justement devenu l'actionnaire majoritaire du réseau à l'oiseau bleu. Le paysage de la "tweetosphère" est donc peut-être à un nouveau tournant. Entre des conditions d'utilisation potentiellement amenées à évoluer. Et une concurrence qui, malgré ses déboires, veut faire émerger des alternatives fiables et attractives.