"Le numérique 'durable' n'existe pas"
Très concrètement, les bonnes pratiques liées au numérique responsable - et non durable - portent d’abord sur l'achat des équipements et l’allongement de leur durée de vie.
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- Publié le 31-05-2022 à 09h01
- Mis à jour le 12-09-2022 à 21h27
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Pour l'Institut Belge du Numérique Responsable (INR), qui fédère entreprises et organisations dans tout le pays autour de la thématique depuis fin 2020, le numérique dit "responsable" se compose de quatre piliers principaux.
"Le numérique 'durable' n'existe pas, précise Olivier Vergeynst, directeur de l'INR. Dans un ancien smartphone traité par Umicore, leader dans le domaine, seules 17 matières sur 60 sont recyclées ! Le numérique nécessite donc toujours d'aller chercher de nouveaux minerais, les mêmes que pour les batteries des voitures électriques par exemple... C'est pourquoi on parle plutôt de numérique 'responsable'".
Green IT et IT for Green
Le numérique responsable repose d'abord sur le Green IT, c'est-à-dire limiter l'impact du numérique sur l'environnement. Mais aussi sur l'IT for Green, qui consiste à utiliser les technologies du numérique pour réduire l'empreinte environnementale d'autres secteurs (gestion énergétique automatisée des bâtiments, drones pour réduire les besoins en irrigation ou l'aspersion d'engrais dans les champs...). Le troisième pilier est le Human IT, qui porte sur l'impact sociétal du numérique et adresse des sujets tels que l'inclusion numérique, l'accessibilité des sites web, le RGPD ou encore l'éthique en intelligence artificielle. Enfin, l'IT for Human a pour but de créer des solutions informatiques au service de l'homme (permettre à un non-voyant de lire un texte grâce à son ordinateur...).
Eco-conception
Très concrètement, les bonnes pratiques liées au numérique responsable portent d'abord sur la limitation des achats d'équipements et l'allongement de leur durée de vie, en s'assurant en amont de leur réparabilité ou bien en se tournant vers des appareils reconditionnés par exemple. L'éco-conception des services numériques est un deuxième axe, avec le développement d'applications et de sites web qui nécessitent moins d'échanges de données pour fonctionner et moins de serveurs informatiques gourmands en énergie, ou pouvant être utilisés sur des appareils plus anciens. Ce dernier point permet de prolonger la durée de vie des appareils et participe également à l'inclusion numérique, notamment des personnes plus âgées ou défavorisées. La société belge Aeonics, par exemple, est spécialisée dans l'éco-conception de services numériques.
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De son côté, Ethernetics, basé à Lierde (Flandre-Orientale) et fondé en 2018, cherche à décarboner Internet en aidant les data centers à consommer moins d'énergie. "Nous avons développé un équipement connecté qui se place sur chaque serveur d'un data center afin d'optimiser leur utilisation", détaille Jan Dezutter, CEO de la société qui compte aujourd'hui 10 salariés et commercialisera sa solution d'ici la fin de l'année. Grâce à un algorithme d'intelligence artificielle, l'équipement permet par exemple de répartir pertinemment l'utilisation entre les deux alimentations électriques que possède en général un serveur, ce qui résulte en une économie d'énergie de 4 % à 5 %. La solution d'Ethernetics a aussi la capacité d'éteindre un serveur non utilisé et de le rallumer au besoin, ou de mieux répartir la charge de travail (sur 1 seul serveur au lieu de 2 par exemple), grâce à un monitoring permanent. "Un serveur qui ne travaille pas consomme à peine moins d'énergie qu'un serveur actif ! C'est pourquoi cette optimisation est cruciale", appuie Jan Dezutter. L'équipement d'Ethernetics permettrait à un data center de réaliser une économie mensuelle d'énergie comprise entre 5 % et 20 %.
Sensibilisation
Enfin, le numérique responsable passe par une meilleure sensibilisation des collaborateurs. Dépoussiérer son ordinateur et éviter de boire son café à côté du clavier, moins imprimer, envoyer moins d’emails, sont autant de bonnes pratiques qui peuvent ensuite être naturellement transposées dans le cadre familial. A cet égard, tout comme certaines entreprises encouragent leurs employés à prendre le vélo plutôt que la voiture, d’autres proposent un bonus ou un budget spécial pour un ordinateur rendu en bon état ou le choix d’un smartphone reconditionné. A travers ses actions, l'INR met ainsi en avant les avantages du numérique responsable en entreprise, notamment la réduction de l'empreinte environnementale, des coûts et des risques, ainsi que la perspective de gains en compétitivité potentiels.
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