”Dois-je quitter la tête de Twitter ?” : Elon Musk se soumet à un vote des “twittos”
Le site de microblogging est secoué depuis son rachat par le milliardaire américain. Désavoué par des annonceurs, critiqué pour ses mesures brutales, celui-ci a ouvert une consultation des utilisateurs en mettant son poste de CEO en balance.
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Publié le 19-12-2022 à 19h14
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Le 19 décembre 2022 marquera peut-être une nouvelle étape pour le réseau social Twitter, plateforme d’échanges de “tweets”, d’avis de bistrots aux publications d’études universitaires en passant par les insultes et les cris de haine. Le nouveau patron de Twitter, pris à partie par des intellectuels, des politiques, de simples utilisateurs, la presse et les annonceurs publicitaires, apporteurs du nerf de la guerre pour Twitter, a mis dimanche son poste dans la balance.
Comment ? Au travers d’une consultation organisée sur Twitter. “Dois-je quitter la tête de l’entreprise ?”, questionne-t-il, avant d’ajouter “attention à ce que vous souhaitez, parce que vous risquez de l’avoir !”. A-t-il eu trop confiance en son aura, lui qui compte 122 millions de “followers” ? En tout cas, une majorité de participants (57,5 %) à ce sondage a voté pour que le “multi-entrepreneur” américain abandonne la direction du réseau social. Le milliardaire s’est engagé à respecter le résultat à l’issue de ce vote, qui a fait réagir 17,5 millions de votants, mais n’a pas réagi dans l’immédiat.
Un précédent avec les actions Tesla
Passera-t-il à l’acte ? Historiquement, il a déjà respecté un vote organisé de la même manière à propos de la vente d’un énorme paquet d’actions d’une autre de ses entreprises, Tesla. Une manière de procéder qui n’avait pas eu l’heur de satisfaire le monde boursier américain, la cotation des entreprises et la publicité faite autour des opérations des gros actionnaires étant régies par des règles très strictes. Mais depuis que Musk et ses partenaires dans l’opération d’acquisition de Twitter ont réglé la note de quelque 44 milliards de dollars, l’entreprise n’est plus cotée au Nasdaq et elle échappe depuis à ces contraintes, dont Musk ne cache pas qu’elles l’irritent au plus haut point.
Twitter toujours en perte
L’homme qui vient de virer de “son” réseau une série de journalistes et d’activistes qui l’agacent n’est visiblement pas à l’aise à la tête de son nouveau jouet, dont il a un temps tenté d’annuler l’achat avant de se faire forcer la main par ceux-là mêmes qui refusaient, au préalable, de le voir entrer au capital. Après avoir mis à la porte plus de la moitié des employés de l’entreprise et tenté de rentabiliser les comptes de titulaires vérifiés en les faisant payer un abonnement de 8 dollars par mois, le voilà qui veut clouer le bec à certains d’entre eux, lui qui prône la liberté d’expression absolue… Ces errements, ajoutés à des décisions prises à l’emporte-pièce, ont de quoi effrayer le marché. Depuis son arrivée, de très gros annonceurs publicitaires ont suspendu au moins temporairement tout ou partie de leurs investissements. Twitter, qui commençait à peine à réaliser des bénéfices avant l’irruption d’Elon Musk à son bord, accumule donc les pertes. Musk ne s’en cache pas… Des cerveaux quittent l’entreprise, jour après jour.
Retour chez Tesla ?
Par ailleurs, le comportement du patron de Twitter fait tache et certains observateurs commencent à estimer que ses dérapages en viennent à peser sur l’attrait du marché pour les voitures Tesla, indéniablement liées à la personnalité de l’entrepreneur. Chez Tesla, on estime de plus qu’Elon Musk passe désormais trop de temps chez Twitter. Pour ne rien arranger, les ventes de paquets de titres Tesla par son patron pour payer la note de l’achat de Twitter n’ont pas bonne presse, et pèsent lourdement sur leur valorisation.