Avec la crise des cryptomonnaies et des NFT, le Web3 entame un redémarrage… laborieux
Libre Eco week-end | La nouvelle mécanique numérique qui démarre sur Internet est de nature à adhérer aux valeurs des jeunes.
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- Publié le 04-06-2023 à 14h03
- Mis à jour le 04-06-2023 à 14h08
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On parle un peu moins aujourd’hui, depuis la crise aiguë des cryptomonnaies et des NFT en novembre 2021, de la troisième itération du Web, le Web3. Mais on ne l’a pas enterré pour autant. Selon le Français Marc Mathieu, cofondateur de Web3/Emerging Tech Studio chez SalesForce, le redémarrage du Web3 risque fort de prendre encore du temps, parce que, là, il est au point mort pour six mois au moins encore.
Mais quel est le rapport entre cette nouvelle version du Web et les cryptos ? En pratique, les cryptos et les certificats de propriété numériques (NFT) sont les outils permettant de faire fonctionner cette mécanique avancée. Mais pour Marc Mathieu, le krach des cryptos a bousculé cette belle machine et l’a pratiquement mise à l’arrêt. “Les gens ont surtout vu dans les cryptos et les NFT un moyen de faire de l’argent facilement et vite”, explique-t-il. L’“hiver des cryptos” a fait perdre de la valeur aux portefeuilles des participants de la première heure aux nouveautés du Web3.
Mais en quoi ces ratés dans le démarrage du Web3 ont-ils une influence sur les internautes ? Pour ce spécialiste du marketing digital dont une part du travail consiste en une “évangélisation” des entreprises et des consommateurs à comprendre de quelle manière les évolutions technologiques vont changer leur manière de travailler, de communiquer et de consommer, il y a là une révolution mise au ralenti. La révolution, pour lui, c’est cet ensemble de processus “qui redonne du pouvoir aux utilisateurs d’Internet, aux communautés, et qui rebalance le pouvoir des plateformes devenues trop puissantes.”
De quelle manière ? Pour Marc Mathieu, l’utilisation de signatures numériques permet aux internautes de visiter des espaces de consommation sans livrer leurs coordonnées, et cela permet aux marques de cibler le client, de savoir ce qu’il recherche sur la Toile, de manière beaucoup moins intrusive qu’au travers de questionnaires ou d’enregistrements classiques avec identifiants, mots de passe et fiche client. “Les clients peuvent aussi être gratifiés pour leurs visites ou leurs achats par l’attribution gratuite de NFT qu’ils peuvent collectionner (digital collectibles) et qui leur donnent accès à des événements numériques, des concerts ou des goodies, par exemple. Cette approche permet aux marques de mieux connaître en temps réel ce qui plaît au client et de créer ou proposer des produits sur mesure. Cela crée une loyauté à double sens, et permet de passer d’un marketing d’audience à un marketing de communauté”, explique encore le spécialiste de SalesForce. Marc Mathieu assure que les NFT sortent de la sphère financière. “Ils sont gratuits, et leur attribution est invisible. Inutile de comprendre comment utiliser des portefeuilles numériques (digital wallets) compliqués. Tout se fait de manière invisible.”
Nike, course en tête
Et cela s’intègre tout naturellement aux logiciels de gestion clients (CRM), spécialité de SalesForce. En pratique, des grandes marques ont déjà implémenté le Web3 dans leurs pratiques de marketing numérique. Ainsi, Nike, qui invite les clients à personnaliser certains modèles de chaussures de sport, les remercie de leur travail de cocréation, récompense les utilisateurs, les fait participer à des challenges, les fait réagir et partager leur ressenti, et entretient ainsi une loyauté à la marque. “On voit aussi des fabricants de montres lier un produit numérique à un produit physique qui est une forme de titre de propriété d’une montre et un gage de son authenticité, ce qui crée un écosystème et des liens entre la marque et le client”, reprend Marc Mathieu. “Les nouvelles générations veulent ce type d’échanges : une relation à double sens, personnalisée, mais dans laquelle leur intimité, leur identité et leur sécurité sont préservées.”