"On a de la chance d’avoir une opportunité si énorme" : les petits studios de jeux vidéo belges s’imposent à la Gamescom
Pourtant, l’accès à cet événement n’est pas donné à tout le monde.
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- Publié le 24-08-2023 à 13h33
Le plus grand salon du jeu vidéo B2B et B2C de la planète, la Gamescom, rassemble du 23 au 27 août à Cologne des centaines de studios et développeurs issus de 63 pays. Pourtant, l’accès à cet événement n’est pas donné à tout le monde. “Exposer ici coûte plusieurs milliers d’euros, même pour un petit espace. Les studios flamands, wallons et bruxellois qui exposent dans le pavillon Belgique par exemple ont bénéficié de subsides, pose d’emblée Guillaume Bouckaert, cofondateur et administrateur de games.brussels, l’association sectorielle qui promeut la création de jeux vidéo dans la capitale. C’est pourquoi le salon dédie un hall entier aux petits créateurs indépendants : la Indie Arena. Le tarif y est adapté, environ 1 800 euros (1 500 euros avant le pic d’inflation dû au Covid et à la guerre en Ukraine, NdlR).”
Un seul indépendant belge
Chacun avec son kakémono, un écran pour faire jouer les visiteurs et un petit bureau, les indépendants ont donc aussi la possibilité de s’exprimer à la Gamescom, de présenter et de faire tester leurs futures créations, même si le confort pour tenir cinq jours de salon au milieu de la foule et du brouhaha est clairement rudimentaire. “L’année dernière, sept studios indépendants belges s’étaient installés les uns à côté des autres, cela faisait comme un 'mini-pavillon belge', raconte Guillaume Bouckaert. Cette année, il y a un seul créateur belge dans l’Indie Arena.”
Après plusieurs minutes de recherche dans un dédale d’écrans et d’affiches colorées, de passionnés en costumes farfelus et de bornes d’arcade, nous trouvons enfin Edouard Libion, fondateur du studio Elivard à Marche-en-Famenne en province du Luxembourg : “C’est la première fois que j’ai un stand à la Gamescom, et pour cause, j’ai créé ma société en février ! On a de la chance d’avoir un salon si énorme aussi proche de chez nous”.
Scénario inhabituel
L’éditeur Stray Fawn Studio a repéré le projet d’Edouard sur les réseaux sociaux et l’a courtisé pendant plusieurs mois. Un scénario inhabituel, puisque ce sont classiquement les créateurs qui doivent convaincre les éditeurs de les financer.
”Au départ, je ne voulais pas avoir d’éditeur du tout, assène le développeur. En effet, si on additionne environ 30 % de commission prélevée sur les ventes du jeu, 30 % de frais pour apparaître sur la plateforme de commercialisation Stream et 40 % pris par l’État, il ne reste plus grand-chose… Mais finalement, Stray Fawn m’a aidé pendant toute la phase de pré-production, sans garantie de signer un contrat, et a gagné ma confiance. Je sais que cet éditeur m’accompagnera jusqu’au bout contrairement à d’autres, quel que soit le succès final du jeu.”
4 millions d’euros pour 4 ans
Edouard Libion travaille sur son jeu Earth of Oryn – jeu de construction à thème médiéval et fantastique – depuis plus d’un an, et a obtenu 50 000 euros de Stray Fawn pour un an de développement supplémentaire, ainsi que 25 000 euros dédiés au marketing, qui ont notamment servi à participer à cette Gamescom 2023. Le jeune homme est aussi en discussion avec la Fédération Wallonie-Bruxelles.
À noter qu’en Wallonie, le principal organisme public de financement des studios est Wallimage, qui possède un département dédié au jeu vidéo depuis 2014. “Fin 2021, nous avions une enveloppe de 4 millions d’euros pour 4 ans, souligne Sophie Augurelle, chargée de développement gaming chez Wallimage. Nous avons déjà contribué à 20 projets pour 3 millions d’euros, c’est un succès fulgurant. Nous ne tiendrons pas jusqu’en 2025, il va falloir renflouer l’enveloppe, et nous espérons y parvenir et pérenniser le système comme cela s’est produit avec le cinéma.”
Qui sait, le studio Elivard pourra peut-être un jour en bénéficier, pour financer l’une de ses prochaines créations.