Système autonome: Tesla et son “mode Elon” dévoilé par un hacker, un danger ?
L’agence fédérale de la sécurité routière aux États-Unis exige des réponses concernant la découverte d’un mode dans les véhicules Tesla permettant d’utiliser le pilote automatique sans les mains sur le volant.
- Publié le 31-08-2023 à 16h55
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À la fin du mois de juin, un hacker américain, nommé greentheonly sur le réseau social X (ex-Twitter), avait dévoilé l’existence d’un mode spécial et secret dans les véhicules Tesla. Baptisé “mode Elon”, celui-ci permet à la voiture de se déplacer sur la route sans aucune intervention du conducteur. Concrètement, il s’agit donc de la fonction “Full Self-Driving" (FSD), qui peut se traduire par “conduite totalement autonome.” Une fonctionnalité qui permettrait d’éviter le “Steering Wheel Nag”, dont se plaignent une certaine partie des utilisateurs, c’est-à-dire un petit mouvement de volant pour s’assurer que le conducteur est encore attentif sur la route à partir d’un nombre précis de kilomètres.
Mais si l’expérience a été concluante pour le hacker, cette découverte a suscité de nombreuses interrogations concernant la responsabilité du conducteur et les dangers qui pourraient survenir.
"Les autorités américaines s’inquiètent du fait que cette fonctionnalité ait été introduite dans les véhicules grand public et, maintenant que son existence est connue du public, davantage de conducteurs pourraient tenter de l’activer."
Des questions que se sont aussi posées la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), l’agence fédérale des États-Unis chargée de la sécurité routière.” Récemment, la NHTSA a appris que Tesla avait introduit une configuration de pilote automatique qui, lorsqu’elle est activée, permet aux conducteurs de conduire leur véhicule pendant des périodes prolongées sans être invités à appliquer un couple moteur (c’est-à-dire un mouvement avec le volant)”, a indiqué l’autorité dans une lettre envoyée au constructeur basé au Texas. “La NHTSA s’inquiète du fait que cette fonctionnalité a été introduite dans les véhicules grand public. Maintenant que son existence est connue, davantage de conducteurs pourraient tenter de l’activer. L’assouplissement qui en résulte des commandes conçues pour garantir que le conducteur reste engagé dans une tâche de conduite dynamique, pourrait entraîner une plus grande inattention et l'incapacité à superviser correctement le pilote automatique.”
La lettre de douze pages est complétée par une série de questions, notamment sur le nombre de véhicules en circulation qui pourraient activer ce mode, mais aussi les démarches pour l'activer. Tesla a été sommé de répondre à cette enquête pour le 25 août dernier. À ce jour, aucune information n’a été donnée sur le retour du constructeur automobile. S'il ne répond pas, une amende pouvant aller jusqu’à 26 315 dollars par jour pourrait lui être infligée.
Une autonomie à niveau : quid en Europe ?
Pour déterminer le degré d’autonomie d’une voiture, il existe cinq niveaux différents :
- Niveau 1 : le conducteur garde les mains sur le volant et a le contrôle du véhicule. Seul aide : un régulateur de vitesse capable de freiner ou d’accélérer tout seul.
- Niveau 2 : le conducteur peut enlever ses mains du volant grâce à un assistant de maintien de trajectoire, mais doit rester particulièrement attentif à la circulation.
- Niveau 3 : le conducteur ne doit plus superviser la conduite, le véhicule gérant lui-même l’accélération, le frein et la direction, à l’exception des situations plus extrêmes comme des routes particulièrement sinueuses. Cependant, le conducteur doit pouvoir intervenir à tout moment.
- Niveau 4 : la voiture a le contrôle total, à l’exception des indications de direction. Si aucune consigne n’est donnée, le véhicule s’arrête automatiquement.
- Niveau 5 : le véhicule conduit de manière totalement indépendante, sans aucune intervention du conducteur.
Aux États-Unis et au Canada, le système de niveau 3, donc partiellement mains libres, est autorisé. Depuis juillet 2022, c’est également le cas en Europe, avec cependant quelques conditions. Pour pouvoir activer ce niveau, il faut une séparation physique entre les deux sens de circulation. Le véhicule ne peut pas dépasser les 60 km/h et la route ne doit pas être fréquentée par des piétons. Des marques comme Ford ou Mercedes ont déjà pris le pas vers ce degré d’autonomie. À noter que ce dernier a commercialisé sa gamme de véhicules avec cette option avant Tesla, ce qui n’a pas manqué de faire tiquer son PDG, Elon Musk.
En réaction, le milliardaire américain s’était lancé dans une promesse à ses fans durant le début du mois d’été. Il a affirmé que le système de conduite autonome complète, soit de niveau 4 ou 5, serait prêt de son côté d’ici la fin de l’année 2023. Et si les analystes ne doutent pas de la capacité technique de la société d’Elon Musk pour accomplir cette prouesse, il faudra encore attendre une régularisation de la légalisation américaine pour pouvoir les mettre sur la route. Pas sûr donc de les voir aborder le bitume tout de suite.