"Tout le monde annonçait des faillites et une augmentation du taux de chômage, mais ce n’est pas ce qui s’est passé"
Selon l’Onem, le marché du travail a moins souffert de la crise en 2021. Le chômage complet indemnisé a atteint son taux le plus bas depuis 1978. Les perspectives pour 2022 restent toutefois incertaines.
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- Publié le 31-03-2022 à 20h31
- Mis à jour le 13-04-2022 à 21h53
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Le marché de l'emploi belge se porte mieux que prévu. C'est la conclusion que l'on peut retenir du rapport annuel 2021 de l'Office national de l'emploi (Onem) publié ce jeudi. "Tout le monde annonçait des faillites et une augmentation du taux de chômage, mais ce n'est pas ce qui s'est passé", s'est réjoui Jean-Marc Vandenbergh, administrateur général de l'Onem, lors de la présentation de ce rapport à la presse. "Le marché du travail s'est montré extrêmement résilient en 2021 malgré une crise exceptionnelle, de nouveaux emplois ont même été créés. Personne n'aurait parié sur cela."

Dans les chiffres, plusieurs constats peuvent être dressés.
1. Un taux d’emploi en hausse
Malgré la crise sanitaire, le marché du travail est resté globalement dynamique en 2021. Quelque 88 000 nouveaux emplois ont été créés, ce qui amène le taux d'emploi à 70,3 %, soit une augmentation de 0.3 point de pourcentage par rapport à 2020. "Ce taux est presque au même niveau que le taux historiquement haut de 2019, qui s'élevait alors à 70,5 %", souligne Jean-Marc Vandenbergh.

2. Le chômage temporaire toujours sollicité
S’il n’a pas atteint les sommets enregistrés en 2020, le chômage temporaire a encore été fort sollicité en 2021. Pour rappel, au début de la crise Covid, le gouvernement a mis en place des mesures de soutien – telles que le droit passerelle ou le chômage Corona – à destination des indépendants et des entreprises touchés de plein fouet par la crise sanitaire. Les travailleurs placés en chômage temporaire pour cause de Corona ont pu continuer à percevoir une allocation de chômage égale à 70 % de leur rémunération moyenne plafonnée.
Ainsi, en 2021, plus de 850 000 personnes ont bénéficié d'au moins une allocation de chômage temporaire, soit en moyenne 97 106 équivalents temps plein par mois. Un chiffre réduit de moitié par rapport à 2020, mais toujours multiplié par 5 par rapport à 2019. "Le dispositif du chômage temporaire a fonctionné à plein régime et a assuré sa fonction protectrice en compensant au mieux les pertes temporaires d'activités économiques", salue l'administrateur-général de l'Onem.
À noter que ces chiffres incluent les victimes des inondations de l’été 2021, qui ont également pu faire appel au chômage temporaire pour force majeure.
3. Le chômage à son niveau le plus bas depuis 1978
En 2021, le chômage complet indemnisé a connu une diminution de 8,4 % par rapport à 2020. Il a atteint le plus bas niveau jamais atteint depuis 1978. "Une petite accalmie dans la grisaille de la crise sanitaire", s'enthousiasme à ce propos le patron de l'Onem. Le nombre moyen de chômeurs complets indemnisés est ainsi passé à 346 498 par mois en 2021, contre 378 147 par mois en 2020.

Parmi les chômeurs complets indemnisés, l’on distingue deux catégories : les chômeurs complets indemnisés demandeurs d’emploi et les non-demandeurs d’emploi (chômeurs âgés, chômeurs bénéficiant d’un complément d’entreprise). Ces deux segments ont connu des baisses respectives de 5,2 % et 35,7 %. Parmi les chômeurs complets indemnisés demandeurs d’emploi, la baisse la plus importante est constatée en Région flamande (-9,4 %), suivie par la Wallonie (-3,6 %). Dans la capitale, ce taux est resté stable.

4. Interruption en baisse
En 2021, environ 231 127 travailleurs par mois ont perçu une allocation d'interruption, soit une diminution de 8,3 % par rapport à l'an dernier. "La tendance à la baisse observée avant la crise sanitaire a repris", constate à ce propos l'administrateur général de l'Onem. Ces allocations d'interruption se manifestent au travers de trois cas concrets : les congés thématiques (congés parentaux,…), les crédit-temps dans le secteur privé, ainsi que l'interruption de carrière dans le secteur public. Ainsi, le congé parental a diminué de 12,5 % par rapport à 2020. Le crédit-temps a lui connu une baisse de 4,3 %, et le régime de l'interruption de carrière a diminué de 12,2 %.

À noter que ces allocations d’interruption sont généralement davantage sollicitées par les travailleurs de sexe féminin plutôt que masculin, ainsi que par les travailleurs de la Région flamande plutôt que ceux de Wallonie ou de Bruxelles.
5. Des perspectives incertaines
Avec l'accalmie constatée sur le plan sanitaire en ce début d'année, les perspectives économiques pour 2022 étaient au beau fixe. L'Onem prévoyait ainsi la création de 57 000 nouveaux emplois ainsi qu'une diminution de 70,9 % du chômage temporaire. Toutefois, la guerre qui sévit actuellement en Ukraine ainsi que la flambée des prix de l'énergie et l'inflation généralisée pourraient bien rebattre les cartes. "Je ne peux cacher mon incertitude par rapport au fait que ces prévisions se maintiendront, concède Jean-Marc Vandenbergh. Si l'économie belge a bien rebondi par rapport à la crise Corona, elle est à l'heure actuelle plongée en plein doute."